A Cobly, un militaire est décédé des suites de ses blessures après avoir été lynché par les populations venues à la rescousse d’un sojaculteur, traqué par un agent de la douane. Un autre serait entre la vie et la mort.  Ce drame remet sur le tapis le problème de la vente « libre » du soja et montre les limites des dernières mesures prises par le gouvernement, et pourtant saluées de tous. 

 

Dans un communiqué N°04/PR/SGG/SP en date du 16 novembre 2023, le Secrétaire Général du Gouvernement a annoncé les nouvelles mesures qui accompagnent la campagne de commercialisation du soja grain au titre de l’exercice 2023- 2024. « Le commerce du soja grain est libre sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, les opérations d’achat, de vente, de transport, les prix, les dates de démarrage et de fin des opérations, sont librement fixées par les acteurs. L’exportation du soja est libre, sans agrément et se fait exclusivement par le port de Cotonou. La contribution à la recherche et à la promotion agricole (CRA) perçue au cordon douanier, à la charge exclusive des exportateurs, est désormais fixée à 30 F CFA par kilogramme de soja grain au lieu de 140 FCFA au titre de la campagne écoulée ».

Ces nouvelles mesures étaient alors saluées par les partis politiques, en l’occurrence l’Union progressiste le Renouveau (Up-R) et le Bloc républicain (Br) qui s’attribuaient la paternité de cette décision censée soulager les sojaculteurs, traqués de partout dans leur désir de vendre leurs produits dans la sous-région. Très peu de personnes avaient mis le doigt sur les limites de ces mesures. En effet, combien de producteurs peuvent exporter le soja par le port de Cotonou ? En quête d’un prix juste, les producteurs de soja traversent la frontière et vont vendre leurs produits au Togo voisin. Pour empêcher cela, le gouvernement a fait creuser des tranchées, mettre de grosses pierres de granite sur les voies. C’est en respectant cette décision que des agents de douane se livrent à la traque contre les sojaculteurs.

Ce mardi 05 décembre 2023 à Cobly, département de l’Atacora, un militaire a perdu la vie, lynché par les paysans dans le village de Datori, au cours d’une opération de douane qui a dégénéré. Selon les informations, la mort du militaire fait suite à un affrontement entre forces de l’ordre et paysans. Ce dernier, de retour de son champ à la lisière de la frontière avec le Togo, a été pourchassé jusqu’à son domicile par un douanier. C’est alors que le paysan pourchassé a alerté l’entourage.

Le douanier pourchasseur est pris à partie par les populations. Il a dû se sauver, laissant derrière lui son véhicule endommagé. Mais il est revenu peu après, accompagné de militaires pour essayer de récupérer son véhicule. « Les populations se sont jetées sur les militaires qu’ils ont battus. Emmenés à l’hôpital, l’un d’eux est décédé, rapporte Banouto. « Ils ont tapé un militaire jusqu’à ce qu’il soit grièvement blessé. L’autre aussi sérieusement blessé, ils ont été tous transportés et évacués à l’hôpital Saint-Jean de Dieu. Le premier a rendu l’âme autour de 11 heures », confirme le maire de Cobly, Séraphin Nambima, au micro de Bip Radio.

Ce drame vient montrer combien les dernières mesures prises par le gouvernement ne résolvent pas le problème de la grande majorité des sojaculteurs. Tant que les producteurs seront empêchés de traverser les frontières avec leurs produits, tant qu’ils continueront d’être traqués par les agents de douane, le problème reste entier. Les dernières mesures prises par le gouvernement profitent certainement à ceux qui rachètent le soja chez les producteurs et qui peuvent l’exporter via bateau. Quand on analyse bien les choses, le monopole est toujours détenu quelque part. la libéralisation tant saluée n’est en réalité qu’un leurre. Le drame de Cobly en donne la preuve. Le gouvernement doit aller plus loin afin d’éviter des drames du genre.

 

M.M 

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