L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a publié mardi 23 septembre dernier, son deuxième rapport sur l’hypertension dans le monde. Il en ressort que 1,4 milliard de personnes vivaient avec une hypertension en 2024, mais qu’un peu plus d’une personne sur cinq maîtrise l’affection, soit par des médicaments, soit par le traitement de risques modifiables pour la santé.
L’Oms définit l’hypertension clinique chez l’adulte comme une tension systolique ≥140 mmHg et/ou tension diastolique ≥90 mmHg enregistrés sur deux jours différents. En revanche, l’hypertension artérielle peut augmenter le risque de cardiopathies et de maladies rénales, y compris à des niveaux inférieurs à ce seuil. Par exemple, une tension systolique inférieure à 130 mmHg, bien qu’elle ne soit pas classée comme de l’hypertension, augmente toujours des risques pour la santé.
L’hypertension est l’une des principales causes d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral, de maladie rénale chronique et de démence. Elle est évitable et traitable, toutefois sans action urgente, des millions de personnes continueront de décéder prématurément et les pays seront confrontés à des pertes économiques croissantes. De 2011 à 2025, selon l’Oms, les maladies cardiovasculaires, y compris l’hypertension, devraient coûter aux pays à revenu faible ou intermédiaire environ 3700 milliards de dollars des États-Unis (USD), soit environ 2 % de leur PIB combiné.
« Chaque heure, plus de 1000 personnes perdent la vie suite à un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde dû à l’hypertension artérielle, et la plupart de ces décès sont évitables », va déclarer le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Oms. Pour lui, les pays possèdent les outils pour changer cette situation. Avec une volonté politique, une couverture sanitaire universelle pour tous, des investissements continus et des réformes visant à intégrer la lutte contre l’hypertension dans les services de santé, des millions de personnes peuvent être sauvées et assurer. Aux dires du Dre Kelly Henning, qui dirige le programme de santé publique de Bloomberg Philanthropies, des politiques solides qui sensibilisent et élargissent l’accès au traitement sont essentielles pour réduire les maladies cardiovasculaires et les décès évitables.
D’après ses observations, « Les pays qui intègrent les soins contre l’hypertension dans les services de couverture sanitaire universelle et de soins primaires font de réels progrès, toutefois, trop de pays à revenu faible ou intermédiaire sont encore laissés de côté ». En effet, l’analyse des données provenant de 195 pays et territoires montre que dans 99 pays, les taux nationaux de contrôle de l’hypertension sont inférieurs à 20 %. La majorité des personnes touchées vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où les systèmes de santé font face à des contraintes en matière de ressources.
Du Rapport
Le rapport met en évidence les principales lacunes en matière de prévention, de diagnostic, de traitement et de soins de longue durée de l’hypertension. Parmi les principaux obstacles figurent notamment la faiblesse des politiques de promotion de la santé (sur les facteurs de risque tels que l’alcool, le tabagisme, l’inactivité physique, le sel et les acides gras trans), l’accès limité à des tensiomètres validés, l’absence de protocoles de traitement normalisés et d’équipes de soins primaires formées, des chaînes d’approvisionnement peu fiables et des médicaments coûteux, une protection financière insuffisante pour les patients et des systèmes d’information insuffisants pour suivre les tendances.
Par ailleurs, l’accès aux médicaments contre la tension artérielle qui représentent l’un des outils de santé publique les plus rentables pose problème. Seuls 7 pays à faible revenu sur 25 (28 %) déclarent que l’ensemble des médicaments recommandés par l’Oms sont généralement disponibles, contre 93 % des pays à revenu élevé. Le rapport passe en revue les obstacles et les stratégies visant à renforcer l’accès aux médicaments contre l’hypertension moyennant l’amélioration des systèmes de réglementation, de la tarification et du remboursement, des achats et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ainsi qu’à l’amélioration de la prescription et de la délivrance de ces médicaments. « Bien qu’il existe des médicaments sûrs, efficaces et peu coûteux permettant de maîtriser la pression artérielle, beaucoup trop de personnes ne peuvent pas les obtenir », a déclaré le Dr Tom Frieden, Président-Directeur général de Resolve to Save Lives. Et, pour lui, le fait de combler cet écart permettra de sauver des vies et d’économiser des milliards d’USD chaque année. Car, malgré les obstacles, il est possible d’accomplir des progrès. Le Bangladesh, les Philippines et la Corée du Sud en sont des exemples. L’Oms appelle tous les pays à intégrer la lutte contre l’hypertension dans les réformes de la CSU. La mise en œuvre des mesures recommandées dans le rapport pourrait prévenir des millions de décès prématurés et alléger le lourd tribut social et économique de l’hypertension artérielle non maîtrisée.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE