Une délégation conjointe des organisations de la société civile Tournons la Page Bénin (TLP Bénin) et Tournons la Page Togo (TLP Togo) s’est rendue à Toviklin, dans le département du Couffo, pour présenter ses condoléances à la famille Agbo, frappée par la perte brutale de deux de ses fils, Hermann et Mathieu Agbo, tombés lors des événements violents survenus le 6 juin dernier au Togo. C’était ce samedi 30 août 2026.
Feus Mathieu et Hermann, les deux jeunes Béninois, âgés respectivement de 25 et 27 ans, ont été retrouvés morts dans la lagune de Bè à Lomé au Togo suite aux manifestations qui ont secoué Lomé à la suite de l’arrestation de l’artiste Aameron. Ces manifestations ont connu une intervention musclée des forces de sécurité togolaises, entrée dans plusieurs domiciles à l’aube, dans le but de d’empêcher de nouvelles.
Pourtant, selon leurs proches, ni Hermann , ni Mathieu ne participaient à ces manifestations.
« Il n’étaient membres d’aucune organisation politique ou militante au Togo. Ils ne manifestaient pas. Ils ont été tués sans raison » , a déclaré Elias Béhanzin, coordonnateur national de TLP Bénin, qui conduisait la délégation.
Un hommage sobre, une douleur vive
Sur place, les membres des deux organisations se sont recueillis sur les tombes creusées à quelques mètres de la maison familiale. Le moment a été particulièrement chargé d’émotion, notamment lorsque les délégués ont rencontré les parents des défunts, ainsi que l’épouse de Mathieu et ses trois enfants, désormais orphelins.
« C’est un moment poignant. Voir ces enfants sans leur père à cause d’une répression aveugle, c’est insoutenable », a confié David Dosset, coordonnateur de TLP Togo et porte-parole du Front Citoyen Togo Debout.
La délégation a tenu à exprimer sa solidarité concrète en remettant une contribution modeste pour soutenir les frais funéraires, et symboliser une fraternité au-delà des frontières. Le message était clair : la douleur de la famille Agbo est celle de tout un peuple.
Appel à la justice : « Trop, c’est trop »
Au nom de la famille, Komlan Agbo, oncle paternel des défunts a interpellé directement les autorités béninoises et togolaises :« Nous demandons au président Patrice Talon et à son homologue Faure Gnassingbé de s’unir pour faire la lumière sur ces meurtres. Ce n’est pas un acte isolé. Il faut identifier les coupables et que justice soit rendue », a-t-il insisté, la voix tremblante.
Les militants rappellent que cette tragédie n’est pas un cas isolé. Le jeune Jacques, un Togolais de 15 ans, a lui aussi trouvé la mort dans le contexte de ces manifestations. Son père et son oncle faisaient partie de la délégation venue de Lomé, unis dans le deuil avec la famille Agbo.
Une solidarité au-delà des frontières
Face au refus récurrent des autorités togolaises d’autoriser les commémorations publiques, les membres de la société civile dénoncent un climat de répression et d’impunité. « Nous voulons une Afrique solidaire, une Afrique où les droits humains sont respectés. Ce combat n’est pas politique, il est humain. Trop de sang a coulé. Il est temps que les responsables rendent des comptes », a martelé David Dosset.
TLP Bénin et TLP Togo demandent l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur ces exactions. Leur objectif : que les actes de violence étatique cessent, et que les citoyens, béninois comme togolais, puissent vivre libres et en sécurité, partout où ils se trouvent.
Thomas AZANMASSO