Attaqué chaque fois, à chaque sortie, à chaque acte posé, l’ancien président a rarement répondu de façon aussi directe à ses détracteurs. Mais cette fois, oui. Au détour d’une sortie, samedi 4 novembre 2023 à Dassa Zoumé, Boni Yayi a répliqué à ceux qui ne cessent de critiquer sa récente désignation à la tête du parti d’opposition Les Démocrates. Et Boni Yayi n’y est pas allé de main morte.

 

« Je n’ai violé aucune loi. J’aime tellement le Bénin. J’aime tellement le peuple béninois. A tout moment, j’ai toujours envie de rester avec le peuple. J’ai toujours envie de boire de l’eau avec le peuple, de marcher, de chanter », a laissé entendre le prédécesseur de Patrice Talon. Quand on analyse, cette réponse est destinée à ceux qui estiment que Boni Yayi en fait trop, ceux qui le taxent d’être toujours nostalgique des 10 ans de populisme passés à la tête de l’Etat. Mais pourquoi revenir à la tête d’un parti politique, qui plus est de l’opposition, quand on a dit à la face du monde vouloir désormais se consacrer à prêcher la parole de Dieu ? « Je suis en train de les assister (Les Démocrates, Ndlr). Je suis un assistant. Si vous voulez réussir, il faut faire la politique pour la gloire de Dieu (…). En 2011, j’ai dit au Pape Benoît, qui est le Saint Père, au terme de ce quinquennat, c’est le deuxième et le dernier mandat. Mais, je n’ai pas dit que ma vie prend fin. Je n’ai pas dit ça », répond Boni Yayi.

Le coup de grâce, il l’a réservé pour la fin. C’est par rapport à la principale critique contre le régime de la Rupture depuis 2019, les élections non inclusives. On peut tout reprocher à Boni Yayi mais on ne peut l’accuser de ne pas, en son temps, laisser l’opposition s’exprimer, encore moins de ne pas ouvrir le jeu électoral. C’est sous Yayi qu’on a connu le mouvement « Les mercredis rouges ». Les acteurs, aujourd’hui soutiens inconditionnels du régime Talon, ne peuvent dire qu’ils ont été, en son temps, traqués, empêchés de s’exprimer ou pire, forcés à l’exil.  Aux législatives de 2011, l’Union fait la Nation, principal parti d’opposition au régime Yayi, a obtenu 31 sièges, 34 avec les partis alliés, contre 49 pour la Force cauris pour un Bénin émergent et ses partis alliés. Ceci dans une Assemblée nationale qui comptait 83 députés.

Avec 33 sièges aux législatives de 2015, le parti de Boni Yayi n’a pu prendre le contrôle du perchoir à l’Assemblée nationale. Cette histoire récente de la vie politique béninoise, l’ancien chef d’Etat l’a rappelé à la mémoire de ceux qui passent leur temps à énumérer les travers de sa gouvernance. « Je n’ai jamais cherché à empêcher un opposant de circuler dans notre pays. Je n’ai jamais cherché à empêcher un opposant ou des opposants à se réunir sur le territoire de notre pays. Je n’ai jamais fait cela. Je n’ai jamais exclu personne. Je n’ai jamais exclu aucun parti politique parce que, pour moi, c’est l’égalité des chances et accepter le dialogue.

Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse », a laissé entendre Boni Yayi, samedi 4 novembre dernier, alors qu’il était allé à Dasa Zoumé, soutenir l’ancien ambassadeur Ruffin Zomahoun. Qui cherche trouve, est-on tenté de dire. Par cette sortie, Boni Yayi fait d’une pierre, plusieurs coups. Il règle ses comptes politiques et attend celui qui a les arguments contraires pour démentir ses affirmations, comme c’est l’habitude depuis 2016.

M.M

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