Le Bénin a une nouvelle Constitution depuis ce samedi 15 novembre 2025. Au nombre des dispositions nouvelles, tout député ou élu communal ou municipal qui démissionne du parti sous la bannière de laquelle il a été élu, perd d’office son siège. Pourtant, cette révision a été acquise grâce à 9 députés du principal parti d’opposition, Les Démocrates, dont 6 démissionnaires.

Après leur démission du parti d’opposition Les Démocrates, les six députés ont gardé leur statut. La loi le leur permettait. C’est fort de cela, qu’ils se sont associés aux députés des partis soutenant le régime de la Rupture pour voter la révision de la Constitution. Mais à l’avenir, aucun député, démissionnaire de son parti, ne pourra garder son siège de député. Il ne pourra donc plus prêter mains fortes aux députés d’un autre camp politique pour voter une loi. Tout député devra donc réfléchir par deux fois avant de démissionner. C’est carrément un frein à la transhumance politique d’élu, puisque sa démission, quelles que soient les raisons, n’aura pas d’impact majeur sur l’action politique du parti sous les couleurs de qui il a été élu. Pour les députés démissionnaires LD, c’est une façon de leur dire, « une fois avec nous, vous ne pouvez pas faire ce que vous avez fait à LD ». Une curieuse façon de les remercier, après les avoir utilisés. C’est dire que les auteurs de cette proposition de révision constitutionnelle sont tous conscients du mal que les démissionnaires LD ont infligé à leur parti. Il aurait fallu insérer cette disposition, qui met un frein à la transhumance politique d’élu dans la révision constitutionnelle de 2019, opérée par le Parlement monocolore, qu’on n’aurait pas à vivre ce scénario. La Constitution ne pourrait certainement pas être révisée aujourd’hui. Est-ce que cela a été fait exprès ? On ne saurait le dire. Toujours est-il que cette brèche laissée profite aujourd’hui aux partis siamois soutenant le chef de l’Etat, au détriment du principal parti d’opposition.
Le chemin maintenant balisé pour neutraliser l’opposition et pour revenir au Parlement le nombre de fois qu’ils seront positionnés sur les listes de leurs partis, les députés révisionnistes ferment la voie qui leur a permis d’atteindre leur objectif. Craignent-ils qu’un groupe de députés se rebellent après pour essayer de modifier la Constitution et de leur retirer les avantages qu’ils sont octroyés ? C’est la peur du retournement de situation, le paradoxe du « méchant » qui ne veut pas subir le sort qu’il inflige aux autres.
M.M