L’art de la cuisine béninoise est réputé pour sa richesse et ses saveurs authentiques. Pourtant, une pratique culinaire émergente, consistant à incorporer du sucre de table dans les plats salés, soulève de sérieuses préoccupations pour la santé publique…

Prendre un bon plat de salade à Cotonou est de plus en plus risqué. Les motivations derrière l’ajout de sucre sont principalement d’ordre pratique et sensoriel : attendrissement et rapidité de cuisson de la viande ; surcharge d’exhausteurs de goût. En effet, le sucre est ajouté en plus de l’utilisation quasi-systématique du cube d’assaisonnement (bouillon concentré). Les vendeuses cherchent ainsi à maximiser le goût et à masquer le manque la quantité insuffisante d’ingrédients frais, créant une saveur artificielle et hyper-stimulante. Cette méthode vise aussi à rehausser le goût en sublimant la saveur globale du plat, rendant l’expérience gustative plus agréable pour le consommateur. Mais si l’objectif est d’améliorer la texture et le goût, l’impact sur la santé, lui, est loin d’être bénéfique.
Les conséquences cachées sur la santé
Le problème majeur réside dans la consommation excessive et involontaire de sucres et d’additifs. Contrairement aux desserts, le consommateur n’est pas conscient de l’apport en sucre lorsqu’il mange de la viande ou une salade. Par ailleurs, l’ajout de sucre s’ajoute à un autre problème de santé publique : la surconsommation de sodium (sel) et d’exhausteurs de goût souvent contenus en grande quantité dans les cubes d’assaisonnement. Le cube apporte une forte dose de sodium, lié à l’hypertension et aux maladies cardiovasculaires. Le sucre ajouté renforce le risque de diabète et d’obésité. Cette combinaison crée un cocktail métabolique dangereux, augmentant drastiquement les risques de maladies chroniques chez les consommateurs béninois.
Le cercle vicieux de l’appétence
En « éduquant » inconsciemment les palais à rechercher la saveur sucrée, y compris dans le salé, cette pratique renforce une dépendance au goût sucré, compliquant les efforts pour adopter une alimentation plus saine et naturelle. Pourtant, des alternatives saines existent. Des méthodes naturelles, souvent issues de la tradition culinaire africaine, permettent d’atteindre les mêmes objectifs sans compromettre la qualité nutritionnelle. Pour attendrir la viande, par exemple, il est conseillé de préférer les marinades acides (citron, vinaigre). Pour rehausser le goût, remplacer les cubes d’assaisonnement et le sucre par une utilisation généreuse d’aromates frais (ail, gingembre, piment, oignon) et d’ingrédients locaux comme l’Afiti. La longue cuisson permet également de concentrer les saveurs naturellement.
La protection de la santé publique passe par la sensibilisation et la formation des vendeuses aux techniques de cuisson saines, ainsi que par l’information des consommateurs sur ces sucres et additifs cachés afin qu’ils exigent une cuisine plus naturelle et plus respectueuse de leur santé. Il n’est pas nécessaire de sacrifier la santé au nom du goût et de la rapidité.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE