Home Bénin Présidentielle 2026 Industrialisation au Bénin : Transformer pour s’émanciper

Présidentielle 2026 Industrialisation au Bénin : Transformer pour s’émanciper

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Au Bénin, l’industrialisation demeure l’un des défis majeurs à relever pour impulser une transformation structurelle de l’économie nationale. Longtemps dépendante de l’agriculture, du commerce informel et des importations, l’économie béninoise peine encore à faire émerger un secteur industriel solide, compétitif et créateur de valeur ajoutée. Pourtant, dans un contexte mondial incertain, marqué par la volatilité des marchés, les crises sanitaires et climatiques, ainsi que la quête d’une souveraineté économique accrue, le développement industriel apparaît comme une nécessité absolue. Il constitue la clé d’une croissance inclusive, d’une diversification durable et d’une meilleure insertion du pays dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.

Aujourd’hui, l’industrie contribue à moins de 15 % du PIB du Bénin. Elle reste concentrée dans quelques domaines tels que l’agroalimentaire, le textile traditionnel, la cimenterie et les matériaux de construction. Le tissu industriel est principalement composé de petites et moyennes entreprises, souvent sous-capitalisées, peu mécanisées et largement informelles. Ces entreprises dépendent fortement des importations de matières premières et d’équipements.

Le pays exporte encore majoritairement des produits bruts comme le coton, la noix de cajou ou le soja, et importe en retour des produits finis issus parfois de ses propres ressources. Ce déséquilibre structurel pèse lourdement sur l’économie nationale, freine la création d’emplois qualifiés et fragilise la souveraineté économique du pays.

Des atouts considérables à valoriser

Le Bénin dispose cependant d’atouts remarquables. Sa position géographique stratégique, ouverte sur l’océan Atlantique, en fait une porte d’entrée naturelle vers la sous-région. Son dynamisme agricole constitue une base solide pour le développement d’une agro-industrie performante. À cela s’ajoutent une population jeune et entreprenante, ainsi qu’une stabilité politique relative, qui renforcent l’attractivité du pays.

Les projets structurants tels que la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé, les parcs industriels agricoles et les partenariats public-privé témoignent d’une volonté politique d’inverser la tendance et de poser les bases d’une véritable industrialisation.

Produire localement, durablement et intelligemment

Le véritable défi pour le prochain président du Bénin consistera à faire de l’industrie un pilier central du développement économique et social. Il ne s’agira plus simplement de produire davantage, mais de produire localement, durablement et de manière compétitive. Cette transformation doit être fondée sur une industrialisation endogène, résiliente et innovante, axée sur la valorisation locale des ressources, le renforcement de l’entrepreneuriat et la promotion des technologies modernes.

Développer des filières industrielles intégrées

La première priorité devra porter sur le développement de filières industrielles intégrées autour des produits agricoles stratégiques. Le coton, par exemple, ne doit plus quitter le territoire sous forme de fibre brute. Il doit être filé, tissé, teint et confectionné localement afin de nourrir une industrie textile moderne, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée.

De même, la noix de cajou, le soja, le manioc, l’ananas, la mangue et le karité offrent d’immenses opportunités de transformation agroalimentaire. Ces filières doivent être soutenues par des investissements ciblés dans les infrastructures, les unités de transformation, les centres de conditionnement et la logistique, afin de renforcer leur compétitivité et leur durabilité.

Un environnement des affaires propice à la compétitivité

L’amélioration de l’environnement des affaires constitue un levier essentiel pour stimuler l’industrialisation. Il est indispensable de simplifier les démarches administratives, de sécuriser l’accès au foncier industriel, de lutter contre la corruption et d’assurer une stabilité fiscale à long terme.

L’accès à l’énergie, encore trop coûteux et instable, représente un autre défi majeur. Il devra être amélioré grâce au développement des énergies renouvelables, à la modernisation des réseaux électriques et à la mise en place de tarifs préférentiels pour les entreprises industrielles. Ces réformes contribueront à rendre le Bénin plus compétitif et attractif pour les investisseurs.

Former les compétences de demain

L’industrialisation ne pourra réussir sans une main-d’œuvre qualifiée. La formation technique et professionnelle doit donc être repensée pour répondre aux besoins réels des industries. Les curricula des lycées techniques, des centres de formation et des universités doivent être adaptés aux métiers industriels d’avenir.

Le renforcement de l’apprentissage en entreprise, la promotion des start-up industrielles et des incubateurs d’innovation permettront d’attirer les jeunes vers les métiers de la transformation et d’encourager la production locale d’équipements et de solutions technologiques.

 Financer l’industrialisation

La structuration des chaînes de valeur industrielles exige un accompagnement financier adapté et accessible. Le financement des PME industrielles devra être soutenu par des mécanismes innovants tels que le crédit à taux préférentiel, le leasing industriel, le capital-risque et les garanties d’investissement.

Les banques de développement, les fonds souverains et les partenariats internationaux devront être mobilisés pour lever les capitaux nécessaires et soutenir la montée en puissance du secteur manufacturier béninois.

Une gouvernance industrielle ambitieuse et coordonnée

La réussite de l’industrialisation repose sur une gouvernance claire, coordonnée et ambitieuse. L’État doit assurer une planification stratégique multisectorielle, renforcer le dialogue public-privé et garantir une coordination efficace entre les ministères concernés, notamment ceux de l’Industrie, du Commerce, de l’Agriculture, de l’Énergie et de la Formation professionnelle.

Le gouvernement doit jouer pleinement son rôle de régulateur, d’investisseur catalyseur et de protecteur des industries naissantes. Cela passe par des politiques d’achats publics favorisant les produits locaux, la mise en place de mesures de sauvegarde contre les importations massives et l’adoption d’incitations fiscales ciblées.

Des retombées économiques et sociales majeures

Une industrialisation maîtrisée produira de nombreux effets positifs. Le Bénin pourra réduire significativement ses importations de produits manufacturés, créer des dizaines de milliers d’emplois stables, valoriser ses ressources naturelles et renforcer sa résilience économique. Cette dynamique favorisera également l’émergence d’une culture de qualité, d’innovation et d’organisation au sein du tissu économique national.

L’enjeu de la ZLECAf et l’appel à l’audace politique

La mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente à la fois une opportunité et un défi pour le Bénin. Elle ouvrira de nouveaux marchés, mais exigera aussi davantage de compétitivité et d’innovation. Dans ce contexte, l’industrialisation ne peut plus être un simple slogan électoral. Elle doit devenir une priorité nationale, inscrite dans une vision cohérente de développement durable, inclusive et souveraine.

Un engagement présidentiel fort

À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, les candidats sont appelés à faire preuve d’audace, de réalisme et de vision. Ils doivent prendre des engagements concrets et mesurables en faveur de la transformation industrielle du pays.

« Si je suis élu Président de la République, je m’engage à faire de l’industrialisation une priorité stratégique, en portant la part du secteur industriel à 25 % du PIB d’ici 2030, en soutenant la création de 100 000 emplois manufacturiers, et en assurant la transformation locale de 70% de nos matières premières agricoles. »

Thomas AZANMASSO

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