À Sikècodji, quartier animé de Cotonou, le métier de bottier prend tout son sens à l’atelier de Honorat Fassinou. Cet artisan, qui cumule plus de trois décennies d’expérience, incarne la réussite discrète, celle qui se construit à force de labeur, de cuir et de patience.
L’histoire de Honorat Fassinou est celle d’une vocation solide. Après une formation rigoureuse qui a duré pas moins de quinze années, il a obtenu son diplôme et s’est lancé à son propre compte. Depuis plus de 30 ans, il manie les formes, les aiguilles et les machines, transformant des matériaux bruts en objets d’usage quotidien : chaussures, sacs et ceintures. Ce qui frappe le plus dans le parcours de cet homme, c’est la concrétisation de son rêve : grâce aux revenus générés par son artisanat, il a pu acquérir une parcelle et y construire sa propre maison. Un accomplissement qui témoigne de la dignité et de la rentabilité de son métier. L’héritage ne s’arrête pas là. Père de trois enfants, Honorat Fassinou a la fierté de voir chacun d’eux voler de ses propres ailes, étant tous «à leur propre compte». Une transmission de valeurs d’autonomie et de travail acharné, plus forte que n’importe quel diplôme.
Un atelier polyvalent
Dans son atelier, on découvre un véritable temple du cuir. Des chaussures de toutes sortes, prêtes à être vendues ou réparées, côtoient divers appareils et matériels essentiels à son ouvrage. Sa polyvalence est sa force : il ne fait pas qu’uniquement fabriquer des chaussures. Le raccordement, la réparation de sacs et de ceintures font partie intégrante de ses services, fidélisant une clientèle régulière. Financièrement, l’atelier est une petite entreprise florissante. Le bottier affirme réaliser parfois une recette journalière pouvant atteindre 10 000 F Cfa. Avec un prix minimum de dépense fixé à seulement 500 F Cfa, son seuil est accessible à toutes les bourses, assurant un flux constant de clients pour les petites réparations comme pour les créations sur mesure.
L’histoire de Honorat Fassinou à Sikècodji est une belle leçon d’artisanat, de persévérance et de réussite personnelle. Une preuve que, même dans l’ombre des grandes industries, le savoir-faire manuel et la détermination peuvent mener de l’établi à la propriété. Le maître-bottier de Sikècodji est ainsi bien plus qu’un simple artisan ; il est la preuve vivante qu’avec un métier maîtrisé, une longue persévérance et un sens aigu du service, on peut se forger une vie stable, bâtir un foyer et laisser à ses enfants l’héritage le plus précieux : l’autonomie par le travail. Son histoire résonne comme un hymne à l’artisanat africain, source de fierté et de développement local.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE
