À New York, William Ruto tape du poing sur la table. Lors d’une réunion de haut niveau sur Haïti, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le président kényan a dénoncé le manque d’engagement de la communauté internationale pour résoudre cette crise. Depuis plus d’un an, le Kenya dirige la Mission multinationale d’appui à la sécurité, une force non-onusienne, mais déployée avec l’aval de l’organisation, destinée à combattre les gangs. Son mandat arrive à terme début octobre, et le président Ruto en a dressé un bilan très mitigé.
Pour William Ruto, les 700 policiers kényans et leurs partenaires déployés en Haïti ont accompli un travail remarquable. En quinze mois, ils ont sécurisé l’aéroport, le palais présidentiel et plusieurs routes majeures. Un miracle, compte tenu de leurs conditions opérationnelles. La MMS n’est qu’à 40% de ses capacités.
« Il était prévu que d’autres personnels de sécurité soient envoyés, que nous aurions des véhicules blindés, un support logistique suffisant afin que cette mission soit un succès, a exposé William Ruto. Les États-Unis ont bien fourni des véhicules, mais malheureusement, la plupart étaient de seconde main et beaucoup sont tombés en panne, mettant nos policiers en danger. La crise en Haïti peut être résolue. Mais si nous envoyons une nouvelle mission là-bas, son mandat doit être clair et ses financements garantis. C’est une condition sine qua non si nous voulons prendre la crise haïtienne au sérieux. Et je ne comprends pas pourquoi nous ne le pouvons pas. »
Deux mille cinq cents policiers devaient être envoyés en Haïti par les pays partenaires de la MMS. Aujourd’hui, moins de 1 000 ont été déployés. Les États-Unis plaident désormais pour transformer la mission en une force de répression des gangs, qui serait dotée de 5 500 hommes et sous mandat de l’ONU. Aujourd’hui, les groupes armés contrôlent toujours 85% du territoire haïtien.