Dix-huit (18) individus ont été interpellés en fragrant délit, jeudi 11 septembre 2025, par les éléments du commissariat du 5ème arrondissement de Cotonou alors qu’ils faisaient leurs déjections à ciel ouvert, sans se soucier de l’hygiène publique…
Ces interpellations peu ordinaires entrent dans «une campagne de lutte contre l’insalubrité et l’incivisme dans les grandes agglomérations du pays lancée par la Police Républicaine», lit-on sur sa page Facebook. Les 18 personnes interpellées ont été conduites et mises à la disposition de la Brigade de protection du Littoral et de la lutte contre la pollution (Bplp) pour la suite de la procédure judiciaire. Si cette campagne de la Police Républicaine est à saluer, la sagesse voudrait toutefois qu’on ne mette pas la charrue avant les bœufs. On ne peut pas demander aux gens de cesser une pratique si on ne leur offre pas d’alternative viable.
De la nécessité d’institutionnaliser les toilettes publiques
La défécation en plein air est une pratique qui, malgré les efforts de sensibilisation et les campagnes de propreté, persiste dans de nombreuses zones urbaines et rurales. Cette habitude, au-delà de l’aspect inesthétique, présente des risques sanitaires majeurs et porte atteinte à la dignité humaine. Pour y remédier de manière efficace, il est impératif d’adopter une approche institutionnelle forte, en mettant en place des infrastructures publiques de toilettes. Sans cela, toute autre initiative est vouée à l’échec.
En effet, la sensibilisation est essentielle, mais elle ne suffit pas. L’absence de toilettes publiques propres, sûres et accessibles est la cause principale de ce problème. On ne peut pas espérer résoudre la situation par des amendes ou des interdictions strictes. Une telle approche punit les individus sans s’attaquer à la racine du problème. En d’autres termes, on ne peut pas interdire quelque chose que l’on ne remplace pas. Pour une lutte efficace et durable, il est indispensable de faire des toilettes publiques une priorité.
L’institutionnalisation signifie que les gouvernements et les municipalités reconnaissent l’accès à des installations sanitaires comme un droit fondamental. La lutte contre la défécation en plein air est une bataille perdue d’avance tant que l’alternative ne sera pas institutionnalisée. Offrir des toilettes publiques est une solution concrète, durable et respectueuse. C’est la seule voie pour garantir l’hygiène, la santé publique et la dignité de chacun.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE