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Présidentielle 2026/ Développement inclusif: Le défi des politiques concrètes et ambitieuses pour mieux repositionner la femme

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Alors que le Bénin s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire politique en 2026, une question essentielle reste en marge des débats : quelle place réelle pour les femmes dans le développement national ? Elles représentent plus de la moitié de la population, pourtant elles restent sous-représentées là où les décisions se prennent, sous-financées là où les projets se construisent, sous-considérées là où l’avenir se planifie. Les discours sur l’égalité sont fréquents, mais ils peinent à se traduire en politiques concrètes et ambitieuses. Et pourtant, aucun programme de développement durable ne peut réussir sans intégrer pleinement les droits, les besoins et les talents des femmes béninoises.

 » Aucun pays ne peut se développer en laissant de côté la moitié de son potentiel humain. » Cette vérité simple mais puissante devrait guider toute politique de développement au Bénin. Pourtant, les femmes béninoises continuent de faire face à d’immenses obstacles pour accéder à leurs droits fondamentaux, à l’égalité des chances, à la sécurité et à la reconnaissance.

Elles sont entrepreneures, mères, travailleuses, militantes, élèves, leaders, mais leur rôle est encore minimisé, marginalisé, voire ignoré dans trop de sphères de la société. À l’approche des prochaines élections, la question des droits des femmes et de leur inclusion totale doit figurer parmi les priorités absolues de chaque programme politique.

Mettre fin aux violences : un impératif national

Les violences faites aux femmes– physiques, psychologiques, économiques ou sexuelles – restent trop fréquentes, souvent banalisées ou tues. Ces violences détruisent des vies, brisent des familles, et freinent l’émancipation des femmes à tous les niveaux.

Le Bénin doit adopter une lutte plus ferme et structurée contre toutes les formes de violences sexistes : renforcement des lois, formation des forces de sécurité et de justice, protection des victimes, campagnes nationales de sensibilisation. Aucune femme ne devrait avoir peur d’être femme dans son propre pays.

 Accès égal à l’éducation et à l’emploi : la base de l’égalité

L’éducation est la clé de l’émancipation. Mais dans de nombreuses régions du Bénin, les filles quittent encore l’école trop tôt, faute de moyens, de sécurité ou sous l’effet des mariages précoces. Résultat : elles sont moins présentes dans les universités, sous-représentées dans les secteurs porteurs, et largement défavorisées sur le marché du travail.

Il faut garantir une égalité réelle d’accès à l’éducation et à l’emploi, en soutenant la scolarisation des filles, en luttant contre les stéréotypes de genre et en ouvrant aux femmes toutes les carrières, y compris les plus techniques. Une société qui éduque ses filles, c’est une société qui prépare son avenir.

Autonomisation économique : pour une indépendance durable

L’autonomie économique des femmes est un levier puissant de développement social et familial. Pourtant, elles rencontrent plus d’obstacles à l’accès au crédit, à la terre, aux formations ou aux marchés. Dans les zones rurales notamment, les femmes restent les grandes oubliées des politiques économiques.

Il est temps de mettre en place des programmes ambitieux d’autonomisation économique des femmes, en renforçant les financements adaptés, les accompagnements à l’entrepreneuriat féminin, et la reconnaissance du travail informel, secteur dans lequel elles sont largement majoritaires.

Une vraie place en politique : les femmes aussi décident

Au Bénin, le pouvoir politique reste encore largement dominé par les hommes, malgré quelques avancées notables sur le plan législatif. Pourtant, une démocratie équilibrée et représentative ne peut se construire sans une pleine participation des femmes à tous les niveaux de décision : au gouvernement, à l’Assemblée nationale, dans les conseils municipaux et au sein des partis politiques.

Conscients de cette nécessité, les législateurs béninois ont introduit des réformes importantes pour renforcer la présence des femmes en politique. La révision constitutionnelle de 2019 (loi n° 2019-40), combinée à la loi n° 2019-43 portant Code électoral, a instauré un quota de représentation féminine obligatoire. Désormais, chaque circonscription électorale aux législatives doit élire au moins une femme. Les partis politiques sont tenus d’inclure, dans leurs listes, une candidate titulaire et une suppléante, faute de quoi leur participation aux élections dans la circonscription concernée n’est pas validée.

Ces mesures représentent une avancée significative vers une meilleure inclusion des femmes dans la sphère politique. Toutefois, pour que ces dispositions portent pleinement leurs fruits, elles doivent être accompagnées d’un engagement politique sincère en faveur de l’égalité, ainsi que d’un changement profond des mentalités au sein de la société béninoise.

Des mesures volontaristes – quotas, formations, soutien aux candidatures féminines – sont nécessaires pour que la voix des femmes ne soit plus l’exception, mais la règle dans la gouvernance du pays.

Chers candidats, chères candidates, parler d’égalité femmes-hommes ne suffit plus : il faut agir, maintenant. Ce combat n’est pas seulement une affaire de justice sociale, il est une condition essentielle du progrès, de la paix et du développement du Bénin. Investir dans les femmes, ce n’est pas faire de l’humanitaire, c’est faire de la stratégie. Parce que chaque femme autonome, instruite, protégée et impliquée est une actrice de changement pour toute la nation. Investir dans les femmes, c’est investir dans toute la société. Car aucune nation ne peut se permettre de tourner le dos à la moitié de son génie, de son courage, de sa force.

Thomas AZANMASSO

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