Partis nés au lendemain de la Conférence nationale des forces vives, le Parti du renouveau démocratique (Prd) et la Renaissance du Bénin ont connu leur période de gloire entre 1991 et 2006, notamment dans la partie méridionale du Bénin. Minés à l’interne par des guerres de leadership, ces partis, ayant pour leaders Me Adrien Houngbédji et Feue Rosine Vieyra Soglo, ont perdu des plumes entre 2006 et 2016, pour finir par être emportés dans la réforme du système partisan, qui oblige les partis au regroupement, à l’avènement du régime Talon.
Divisée en deux, aile Soglo et aile Bada, la Rb va se fondre dans le parti Union progressiste (Up), aux premières heures de la réforme du système partisan. Ce n’est qu’en 2022 que le Prd, après une tentative infructueuse aux Législatives de 2019 et une fusion manquée avec le Bloc républicain, le 2e parti né de la réforme du système partisan, va se résoudre à fusionner avec l’Up, pour donner naissance à l’Union progressiste le Renouveau (Up-R). Mais cette année, juin 2025, Me Adrien Houngbédji annonce que la fusion n’est pas une fusion absorption et que le Prd existe toujours. En un mot, le leader des Tchoco-tchoco veut reprendre l’autonomie de son parti. Avec des arguments de droit à l’appui, il martèle que pour que le Prd ou l’Up disparaisse, il faut passer par un congrès au cours duquel, cette dissolution sera prononcée. En défiant toute personne pouvant lui prouver l’organisation d’un tel congrès au profit de l’une ou de l’autre formation politique, le numéro 1 du Prd conclut qu’au regard de la charte des partis politiques, le Prd existe toujours et ne peut disparaître aussi facilement. Il n’en est rien, rétorquent les responsables de l’Up-R et le Ministère de l’intérieur pour qui, la fusion opérée en 2022 a entrainé la dissolution du Prd.
Le débat n’est encore tranché quand l’ancien ministre Ganiou Soglo annonce sa volonté de ressusciter la Renaissance du Bénin. Il s’agit, aux dires du fils de Rosine et Nicéphore Soglo, d’une promesse faite à sa mère sur son lit de mort. Rosine Vieyra Soglo aurait, comme dernière volonté, fait promettre à Ganiou Soglo de ressusciter le parti qu’elle a créé, la Renaissance du Bénin. Et ce dernier compte bien honorer son engagement. « Cela prendra le temps qu’il faudra, mais je tiendrai mon engagement vis-à-vis de ma mère, quel qu’en soit le prix » a déclaré Ganiou Soglo.
Le système partisan : un malaise qui perdure
Alors que la classe politique, dans son entièreté, a trouvé qu’aller au regroupement était la seule issue au multipartisme débridé (plus de 278 enregistrés en 2018) né de la Conférence nationale, son opérationnalisation par le régime de Patrice Talon continue de faire grincer des dents. A l’analyse, il serait trop facile de lier ces velléités de résurrection à une simple nostalgie. Les lois actuelles suffisent pour dissuader ceux qui n’ont toujours pas compris que ces temps sont révolus. C’est peut-être le signe d’un malaise lié à l’exploitation faite par ces grands regroupements des ressources humaines qu’ils disposent. La fusion ne doit pas signifier la mort politique pour les anciens leaders des partis qui sont allés en fusion. Ceux-ci peuvent toujours être utiles aux grands regroupements dans leurs zones d’influence respectives. Quand c’est le président du grand regroupement, avec son bureau politique, qui se déplace au nom du parti dans les fiefs où ils sont moins connus, cela ne peut qu’engendrer la frustration. Ces anciens leaders pensent qu’ils ont encore beaucoup à donner. Dès lors, il doit avoir une manière de les mettre plus en valeur afin qu’ils se sentent utiles au parti. La retraite forcée est certainement une cause, parmi d’autres, de ces velléités de résurrection d’anciens partis.
Bertrand HOUANHO
