C’est désormais officiel : l’interdiction d’exportation par voie terrestre de certains produits vivriers du Bénin est levée. L’annonce a été faite ce vendredi 4 juillet par le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, au cours d’une rencontre avec la presse. Une décision qui marque un retour à la normale pour les commerçants, exportateurs agricoles et producteurs de vivriers béninois, mais qui éveille des soupçons quant à son timing en rapport avec les élections générales de 2026.
Nous voulons que nos producteurs s’enrichissent », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji, justifiant ainsi la levée de cette mesure instaurée il y a six mois par arrêté interministériel. Selon lui, les producteurs, qui peinent à nourrir la population, doivent pouvoir tirer profit de leurs efforts, notamment lorsqu’ils produisent au-delà des besoins de consommation nationale.
Une mesure pour équilibrer intérêts économiques et souveraineté alimentaire
La levée de l’interdiction intervient alors que les besoins du marché local et des industries agroalimentaires sont, d’après le gouvernement, désormais couverts. « La question de la satisfaction du marché national ne se pose pas actuellement, pas plus que celle de la fourniture des intrants aux usines », a affirmé le secrétaire général adjoint du gouvernement. Il précise qu’à la fin de chaque campagne agricole, les premières récoltes doivent en priorité alimenter les usines locales et le marché intérieur avant toute exportation.
Jusqu’ici, une grande partie de la production vivrière était exportée de manière informelle, souvent par des circuits détournés. Avec cette nouvelle approche, l’exécutif entend mieux encadrer l’exportation tout en évitant que les producteurs ne soient privés de débouchés à l’international.
Une décision saluée mais des motivations questionnées
Si cette mesure est saluée par de nombreux acteurs du monde agricole, son timing interroge. À moins d’un an des élections générales prévues en 2026, certains observateurs soupçonnent le gouvernement de vouloir désamorcer une bombe sociale et politique. Car l’interdiction, depuis son instauration, a suscité de vives critiques au sein des populations, notamment lors des descentes sur le terrain des représentants de l’État.
La grogne populaire, relayée dans de nombreuses localités, a mis en lumière les difficultés rencontrées par les producteurs pour écouler leurs marchandises, provoquant une accumulation de stocks et des pertes économiques importantes. Pour plusieurs Béninois, cette levée aurait pu intervenir plus tôt, si le souci réel du gouvernement était d’alléger les souffrances des populations.
Un soulagement tardif, mais nécessaire
Quelles que soient les motivations profondes de cette levée de l’interdiction, elle reste un soulagement pour les producteurs et commerçants, qui peuvent désormais écouler leurs surplus vers les pays voisins, conformément aux textes réglementant l’exportation. C’est également une occasion pour le gouvernement de redorer son image auprès d’une frange importante de la population, particulièrement sensible aux questions de subsistance.
Mais les interrogations demeurent. Était-ce une décision purement économique ou une manœuvre politique ? L’avenir proche, et surtout la campagne électorale à venir, permettra peut-être d’éclaircir les intentions réelles de l’exécutif.
M.M.