La fumée blanche tant attendue et comme étant le corollaire direct de la réforme du gaz domestique semble visiblement loin d’en être une. La baisse des coûts qui devrait résulter de ladite réforme n’a quasiment pas suivi et les tarifs annoncés en fin de semaine écoulée laissent pantois. Le prix du gaz domestique au Bénin est quasiment le double du prix de cession dans les pays comme le Niger, le Burkina ou encore la Côte d’Ivoire.
De 4700FCFA, la bouteille de 06 kg passe à 4500FCFA soit une réduction de 200FCFA seulement. Le hic, le tarif de la bouteille de 12,5 kg reste inchangé. La réforme du gaz domestique a-t-elle un réel impact sur les populations ? Nenni ! En tout cas, c’est ce que l’on est tenté de déduire des dernières précisions apportées par le gouvernement béninois concernant le coût du gaz domestique. Et selon les propos rapportés du ministre du commerce, “il s’agit d’une opération de subvention du gaz domestique sur laquelle le gouvernement travaille depuis plusieurs années“. Qu’est-ce qui a réellement changé finalement ? Est tenté de s’interroger le béninois lambda. Une interrogation qui revêt pourtant tout son sens étant donné que s’il faut évaluer l’impact d’une réforme du gaz domestique au Bénin, l’aspect principal ne serait autre que l’accessibilité au regard du coût de cession jusqu’ici, jugé élevé dans l’opinion. La preuve, dès l’annonce de la réforme, même les plus sceptiques espéraient enfin une réelle mesure sociale en faveur des ménages. Seulement, à l’arrivée, les espoirs se sont estompés. En définitive, il n’y a pas eu grand changement si non aucun changement. Les coûts des bouteilles les plus utilisées notamment celles de 06 Kg et de 12,5 kg sont presque les mêmes. Comment peut-on comprendre que malgré l’opération de subvention annoncée, il n’a été annoncé qu’une réduction de 200FCFA seulement sur le prix de la bouteille de 06kg et celui de la bouteille de 12,5kg reste inchangé ? “L’objectif visé est d’accroître la disponibilité et l’accessibilité du gaz domestique, de promouvoir son utilisation en remplacement des sources d’énergie traditionnelle notamment le bois de chauffe. Cela participe de la protection des forêts et de l’amélioration des conditions de vie des populations, les plus vulnérables, particulièrement en zone rurale“ précise le compte rendu du Conseil des ministres. A quel prix facilite-t-on alors l’accessibilité du gaz domestique au Bénin ? Dans un contexte de morosité économique marqué par le faible pouvoir d’achat des populations, on s’attendait bien à mieux de la part du gouvernement de la Rupture. L’expression “croissance appauvrissante“ attribuée au régime de Talon semble bien se confirmer à travers une telle réforme sans réel impact sur le quotidien des béninois. Alors qu’à côté, plusieurs pays font beaucoup mieux.
Le Niger, le Burkina, la Côte d’Ivoire…font mieux que le Bénin
Au Burkina Faso, la bouteille de 06 kg est accessible à 2000Fcfa (contre 4500FCFA au Bénin) et la bouteille de 12kg est accessible à 5500FCFA (contre plus de 9000FCFA au Bénin). En Côte d’ivoire, la bouteille de 06 kg est accessible à 2500Fcfa et celle de 12kg à 5200Fcfa. Même dans les pays faisant face à des difficultés économiques comme le Niger, la bouteille de 06 kg est cédée à 1800Fcfa ou 2000Fcfa (selon la source d’approvisionnement) et celle de 12Kg est accessible à 3750 ou 4500FCFA, selon la source d’approvisionnement (revendeurs ou stations-services). Il est donc clair qu’il est question d’une réelle volonté politique pour faciliter l’accessibilité du gaz domestique aux béninois. Cela semble plus qu’un impératif dans un contexte de changement climatique nécessitant une protection de la nature. L’utilisation du bois de chauffe devra donc être proscrite mais comment y arriver si l’usage du gaz domestique n’est pas à la portée de tous. Le gouvernement Talon devrait repenser sa réforme pour solutionner le vrai problème et ce, durablement. En attendant, les klébés ou encore la machine de propagande ventilent la réduction de 200FCFA sur la bouteille de 06kg tel un fait inédit.
Les bouteilles de 1,5kg et de 03 kg : Le gouvernement peut mieux faire…
Le clou de la réforme du gaz domestique reste l’introduction d’une nouvelle capacité de bouteilles de 1,5kg plus adaptée aux besoins des ménages à faibles revenus, selon le gouvernement. La bouteille de 1,5kg sera donc vendue à 1000FCFA et celle de 3Kg sera vendue à 2000Fcfa. Si l’on peut estimer que les coûts à ce niveau sont plus ou moins accessibles, il convient toujours de préciser que le gouvernement peut mieux faire. Surtout que le prix d’achat de la bouteille de 03kg au Bénin est supérieur au prix de la bouteille de 06kg au Niger, vendue à 1800FCFA selon les prix règlementaires. Et plus important, il n’est pas exclu que les cibles visées à travers l’introduction de la bouteille de 1,5kg préfèrent toujours le bois de chauffe au gaz domestique. Car faut-il le souligner, les ménages pauvres se révèlent être ceux qui aiment bien faire la cuisson au regard de leurs faibles revenus. Le contenu de la bouteille de 1,5Kg sera-t-il assez suffisant pour dissuader les ménages pauvres de recourir au bois de chauffe qui, souvent est accessible gratuitement notamment en zone rurale ? Et débourser 1000FCFA en zone rurale, ce n’est pas comme s’offrir une baguette de pain à Cotonou. En témoigne la difficulté de certains parents à contribuer à hauteur de 25f ou 50F aux cantines scolaires. Il y a encore mieux à faire. Selon le compte rendu du Conseil des ministres, la réforme vise à instaurer l’interchangeabilité commerciale des bouteilles de gaz sur l’ensemble du territoire national ; faire uniformiser les bouteilles aux couleurs de la société Dépôts Pétroliers du Bénin (DPB) SA ; responsabiliser formellement les gestionnaires des centres d’emplissage en matière de sécurité et de qualité du service. Avec l’entrée en vigueur du décret, tout détenteur d’une bouteille vide de gaz domestique pourra l’échanger contre une bouteille pleine de même contenance auprès d’une station-service ou de tout autre distributeur habilité. Le Bénin doit bien aller à l’école du Niger, du Burkina ou encore de la Côte d’ivoire pour mieux combler les attentes des populations.
M.M