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La Zone de libre-échange continentale africaine: Enjeux et perspectives de la ZLECAf

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Un vent d’intégration souffle sur l’Afrique. Officiellement lancée en janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) incarne l’un des projets les plus ambitieux de l’Union africaine depuis sa création. Avec pour objectif de stimuler les échanges commerciaux intra-africains, cette initiative pourrait bien redessiner le paysage économique du continent. Mais entre promesses d’un avenir prospère et défis structurels, l’équation reste complexe.

 La ZLECAf vise à créer un marché unique regroupant 54 des 55 pays africains, représentant un PIB combiné de plus de 3 400 milliards de dollars. En supprimant progressivement les droits de douane sur 90 % des produits et en facilitant la libre circulation des biens, des services et des personnes, l’accord entend renforcer le commerce intra-africain, qui ne représente actuellement qu’environ 15 % des échanges totaux du continent. Selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la ZLECAf pourrait augmenter de 52 % les échanges commerciaux entre pays africains d’ici 2035, tout en favorisant la diversification économique, la montée en gamme des produits et la création de millions d’emplois.

Des bénéfices attendus pour les PME et l’industrialisation

L’un des principaux enjeux de la ZLECAf réside dans sa capacité à soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent plus de 80 % des entreprises en Afrique. Bien des experts avancent qu’en leur ouvrant de nouveaux marchés et en réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires, la zone pourrait dynamiser leur croissance et renforcer leur compétitivité. En parallèle, l’accord offre une opportunité unique pour stimuler l’industrialisation du continent. Moins dépendantes des exportations de matières premières, les économies africaines pourraient développer des chaînes de valeur régionales et des industries de transformation.

Des obstacles structurels persistants

Mais les défis sont nombreux. Selon certains observateurs, les infrastructures de transport et de logistique restent insuffisantes dans de nombreuses régions, rendant les échanges difficiles et coûteux. Les différences réglementaires, la lenteur des réformes douanières et la faiblesse des systèmes numériques constituent également des freins majeurs à une mise en œuvre fluide de l’accord. « Le plus grand ennemi de l’Afrique, c’est comment le faire et non quoi faire », souligne le professeur Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), mettant en évidence les défis de mise en œuvre des initiatives d’intégration régionale, notamment la ZLECAf.

Vers une souveraineté économique africaine ?

Au-delà des aspects économiques, la ZLECAf porte en elle une vision politique forte : celle d’un continent plus autonome, solidaire et influent sur la scène mondiale. En renforçant la coopération sud-sud et en réduisant la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, elle pourrait jouer un rôle clé dans la redéfinition des relations économiques internationales.

Un pari à long terme

La ZLECAf est sans doute l’un des projets les plus porteurs d’espoir pour le développement économique de l’Afrique. Si sa mise en œuvre effective nécessitera du temps, des réformes structurelles et des investissements massifs, elle constitue un pas décisif vers l’émergence d’un marché africain intégré, capable de répondre aux défis du XXIe siècle.

Thomas AZANMASSO

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