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Les prix des matières premières en chute: Une aubaine ou un danger pour les économies en développement ?

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Les prix mondiaux des matières premières amorcent une chute historique, atteignant d’ici 2026 leur plus bas niveau depuis six ans, selon les dernières Perspectives des marchés des matières premières publiées par la Banque mondiale. Une baisse de 12 % est attendue en 2025, suivie d’un recul supplémentaire de 5 % l’année suivante. Si cette tendance pourrait soulager les pressions inflationnistes mondiales, elle menace aussi les perspectives économiques de nombreuses économies en développement, en particulier celles fortement dépendantes des exportations de matières premières.

Cette chute des prix résulte de plusieurs facteurs. Le ralentissement de la croissance mondiale s’accompagne d’une offre excédentaire, notamment en pétrole. En 2025, la production mondiale de pétrole devrait dépasser la demande de 0,7 million de barils par jour. Par ailleurs, l’essor rapide des véhicules électriques, surtout en Chine où ils représentent désormais plus de 40 % des ventes de voitures neuves, contribue à affaiblir durablement la demande en pétrole.

Une inflation en recul, mais des risques persistants

Les prix de l’énergie devraient ainsi chuter de 17 % en 2025, après une baisse déjà marquée en 2023 et 2024. Le pétrole brut Brent devrait s’échanger à environ 64 dollars le baril en 2025, soit 17 dollars de moins qu’en 2024. Cette baisse générale des prix énergétiques, qui inclut également un recul de 27 % des prix du charbon, contribue à atténuer l’inflation mondiale, dont le pic avait été atteint en 2022.

Toutefois, cette bonne nouvelle pour les pays importateurs d’énergie contraste avec les difficultés croissantes des pays exportateurs de matières premières. Deux tiers des économies en développement relèvent de cette catégorie. Pour Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale, ces pays doivent impérativement renforcer leur résilience économique en rétablissant la discipline budgétaire, en créant un climat propice aux investissements privés et en libéralisant leurs échanges.

L’instabilité structurelle des marchés comme nouvelle norme

En parallèle, les prix des denrées alimentaires sont également orientés à la baisse, avec un recul prévu de 7 % en 2025 et de 1 % en 2026. Néanmoins, l’ONU alerte sur une aggravation de l’insécurité alimentaire aiguë, qui pourrait toucher 170 millions de personnes dans 22 pays en crise. La baisse des prix pourrait soutenir les efforts humanitaires, mais ne suffira pas à résoudre les causes profondes de la faim, notamment les conflits armés.

Sur les marchés financiers, l’or continue de jouer son rôle de valeur refuge. Son prix devrait atteindre un nouveau sommet historique en 2025 avant de se stabiliser, porté par l’incertitude géopolitique persistante. En revanche, les métaux industriels voient leurs cours chuter, en lien avec la faiblesse du secteur immobilier chinois et les tensions commerciales.

Enfin, le rapport souligne une volatilité inédite des marchés des matières premières au cours des années 2020. Les cycles d’expansion et de récession se succèdent à un rythme accéléré, mettant à mal la stabilité économique des pays exportateurs. Pour Ayhan Kose, directeur des perspectives économiques à la Banque mondiale, ces fluctuations pourraient devenir la norme à l’ère des crises multiples -conflits, chocs climatiques, rivalités géopolitiques- et nécessitent des politiques économiques plus robustes et adaptatives.

Thomas AZANMASSO

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