Communément appelés Relais communautaires, ils sont des hommes et femmes qui agissent en tant qu’intermédiaires de confiance entre le système de santé et la communauté. Ces jeunes, formés par le gouvernement dans le cadre de sa nouvelle Politique nationale de santé communautaire avec des partenaires techniques tels que l’Unicef, l’Usaid, Llf, le Fonds Mondial, les Fonds Fadec et appuyés financièrement entre autres par Kfw, Coreen, Japan, Fonds Muskoka, Canada, Gavi; permettent désormais d’adapter à Banikoara, une des communes d’intervention de ce projet, les services de santé aux besoins spécifiques de la population.
Depuis 2020, le gouvernement béninois adopte une nouvelle Politique de santé communautaire. Dans plusieurs communes du pays, les populations sont ainsi impliquées dans leur bien-être. Afin de faciliter le pont entre celles-ci et les autorités sanitaires, des jeunes hommes et femmes sont formés et bien outillés pour jouer ce rôle d’intermédiaires. Appelés relais communautaires, ils sont devenus un fil d’Ariane, quant aux maux qui minent plusieurs communes, sur le plan sanitaire. À Kegamarou, un arrondissement de la commune de Banikoara qui a abrité la phase pilote de ce projet, le quotidien du relais communautaire est fascinant. Issifou Moumouni, un des leurs, suit près de 200 ménages. Son rôle, chaque matin, à l’aide de son vélo et son kit bien équipé, est de parcourir chacun d’eux pour organiser des discussions avec l’assurance, d’identifier et d’aborder les problèmes de santé autrefois décelés. Autrement, ces visites à domicile lui permettent de vérifier si les conseils donnés sont suivis et d’assurer la santé des enfants, en orientant ceux qui souffrent de malnutrition vers les hôpitaux. En plus de l’éducation sanitaire, Issifou Moumouni collabore également avec des vétérinaires pour s’occuper de la santé animale dans la communauté. Il contribue à vacciner des chiens et autres animaux de compagnie, histoire d’aider à prévenir la transmission de maladies. Mieux, dans sa routine quotidienne, il encourage aussi les pratiques de salubrité et le stockage approprié des aliments pour éviter la contamination et d’autres maux y afférents.
Des causeries pour plus de sensibilisation
Après les séances de visites dans les ménages, le rôle du relais communautaire est par ailleurs de s’entretenir avec la population, à travers des causeries éducatives. Et, Issifou Moumouni s’y attelle trois fois par semaine, avec ses 200 ménages. « Comme vous venez de le voir, j’ai déjà planifié une séance de causerie éducative. Et moi, dans les 200 ménages à charge, je les ai subdivisés en trois. Ce qui veut dire que chaque semaine, j’ai trois causeries éducatives à faire. Au cours de ces causeries, on s’entretient avec la population en la sensibilisant sur des sujets d’intérêt public. Ceci, afin qu’elle puisse changer de mode de vie. Et c’est ainsi que nous avons l’harmonie dans notre communauté », a-t-il expliqué. À l’en croire, des thèmes précis sont abordés lors de ces causeries. Il s’agit de ceux liés à la santé ou à l’allaitement maternel, permettant de pallier tout risque de malnutrition et de cas graves de maladies, surtout pour les enfants.
Le suivi groupé avec les Ascq, un laboratoire de débriefing
Sano Afissou, un autre relais communautaire dans la localité de Poto, dans la même Commune, après ses séances de visite à domicile et de causerie éducative, tout comme Issifou Moumouni, a le devoir une fois par mois de participer au suivi groupé avec l’ensemble des relais communautaires de la zone. Au cours de cette séance, ces relais discutent de toutes les activités qu’ils ont eu à faire durant tout le mois. C’est-à-dire les séances de visites à domicile, les séances de causeries éducatives, les activités qui entrent dans le cadre de la nouvelle Politique de santé communautaire, dont la vaccination des enfants de 6 à 59 mois contre la rougeole et la rubéole, déroulées dans toute la commune de Banikoara et également dans tout le Bénin de façon générale. Dirigée par un Agent de santé communautaire qualifié (Ascq), qui représente l’œil des autorités sanitaires, cette séance est un tremplin pour faire un brainstorming sur les activités menées tout au long du mois par les relais communautaires. Il évoque les difficultés rencontrées lors des suivis groupés, telles que le manque de matériel de travail et les problèmes logistiques liés à la distance des ménages. Il souligne l’importance de la collaboration entre eux et l’aide apportée par les Ascq pour surmonter ces obstacles. Des moyens de transport comme les vélos facilitent leurs déplacements et des applications sur tablette aident à synchroniser les données collectées. Le disant, Sano Affissou n’oublie pas aussi de mentionner que l’aide fournie par les Ascq et la collaboration entre relais pour se rendre chez les ménages permettent de surmonter en partie ces difficultés. « Les moyens de transport tels que les vélos fonctionnent bien et facilitent leurs déplacements. Les applications installées sur les tablettes permettent également une bonne synchronisation des données collectées sur le terrain », rassure le relais. Dans les locaux de l’arrondissement de Sompérékou, Sabé Basé Ayou, Ascq et infirmier de base, supervisent cette séance de suivi. « Mon rôle principal consiste à veiller à ce que les relais effectuent correctement leurs visites à domicile pour détecter et prendre en charge des cas de maladies, principalement chez les enfants de moins de 5 ans. En cas de maladie nécessitant des soins plus poussés, les patients doivent être dirigés vers un centre de santé. Chaque mois, ces suivis groupés sont organisés pour faire le point sur les activités en santé communautaire en faisant participer divers relais concernés », explique ce Ascq qui gère un réseau de 46 relais et s’efforce de les superviser régulièrement, tout en planifiant des séances éducatives.
Des résultats probants avec l’Unicef à l’affût
Le système de prévention des maladies à Banikoara s’est nettement amélioré grâce au Programme national de santé communautaire (Pnsc) avec comme point d’ogre, les relais. Les barrières entre les Centres de Santé et les zones reculées ont été levées, facilitant l’accès aux soins. L’Unicef joue un rôle essentiel dans le soutien de ce programme, en collaboration avec divers donateurs et partenaires techniques, annonce Noélie Guézo, en charge de la santé communautaire à l’Unicef Parakou. En précisant que l’organisation participe à la formation et à l’équipement des relais communautaires, elle indique que ceci constitue un apport crucial pour la prévention des maladies. « Ces relais communautaires identifiés au sein de la population se concentrent sur la protection des droits des enfants et luttent contre les mariages précoces à travers ces sensibilisations et des causeries éducatives », a-t-elle souligné. En effet, les maladies courantes que rencontraient ces populations incluent le paludisme, les infections respiratoires aiguës et les conjonctivites, malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre. « Grâce aux sensibilisations et à l’éducation sur l’hygiène, nous avons réussi à obtenir des résultats positifs dans la gestion de ces problèmes de santé. En effet, l’engagement de l’Unicef dans la mise en œuvre de la Politique nationale de santé communautaire, validée par le gouvernement béninois en 2020, a permis à l’organisme de soutenir six Communes pilotes et a depuis étendu son action à dix-huit Communes, incluant le Borgou et l’Alibori. Ce soutien, qui se fait en collaboration avec d’autres partenaires, vise à améliorer la coordination des interventions et l’élaboration de documents stratégiques. L’Unicef a également contribué à l’identification et au renforcement des capacités des relais communautaires, qui sont formés par leurs propres communautés. Ces relais sont équipés de matériel essentiel pour leur travail, tel que des vélos, des tablettes et des kits de dépistage de la malnutrition. Au-dessus des relais, les Agents de santé communautaire qualifiés supervisent leur travail et assurent leur formation continue », révèle Noélie Guézo. Laquelle explique que le projet a un impact significatif sur les communautés, en favorisant la prévention des maladies et en sensibilisant la population sur divers aspects de la santé, comme l’hygiène et la santé environnementale. Les relais et les Agents de santé communautaire jouent, d’après elle, un rôle crucial dans la promotion de la santé, bien qu’ils ne soient pas autorisés à distribuer des médicaments. « Leur mission se concentre sur l’éducation et la prévention, tandis que les soins médicaux sont assurés par des professionnels qualifiés », poursuit-elle. En abondant dans le même sens, Dr Mohamed Orou Yari, Coordonateur de la zone sanitaire de Banikoara, a partagé des résultats encourageants concernant la mise en œuvre depuis 2023 de la nouvelle Politique nationale de santé communautaire. Cette initiative a conduit, d’après ses propos, à une baisse significative des cas de paludisme et à une hausse des consultations prénatales ainsi que de la couverture vaccinale, avec des résultats notables tels qu’une diminution de 21 000 cas de paludisme en six mois et un passage du paludisme à la troisième cause de consultation en 2024. « Le modèle, lancé dans six Communes pilotes, repose sur l’engagement des communautés et l’intervention de relais communautaires pour la promotion de la santé », a-t-il affirmé. Malgré les progrès, Dr Yari n’a pas manqué de souligner des défis persistants, notamment le besoin de motivations pour les relais, un financement durable et l’appropriation par les populations. La collaboration avec les élus locaux et une coordination efficace avec les politiques de santé intégrées sont essentielles, dit-il. Bien que des améliorations aient été observées, la pleine réussite de cette politique dépendra, pour lui, de l’engagement continu et d’une évaluation régulière pour garantir des services de santé accessibles et efficaces.
Janvier GBEDO, avec le soutien de l’Unicef