L’espace culturel Le Centre, sis à Lobozounkpa, commune d’Abomey-Calavi, accueille depuis ce vendredi 14 mars et ce jusqu’au 14 juin 2025, l’exposition de l’artiste Bamouss. Le vernissage, qui fait suite à un mois de résidence à l’espace culturel Le Centre, a pour thème : « Kancícà » (Lien) en français. Usagers de Le Centre et amoureux de l’art étaient à l’ouverture.
Une quinzaine d’œuvres de l’artiste Bamouss, de son vrai nom Basile Mousougan, sont en exposition à l’espace culturel Le Centre pendant trois mois. De « Le Messager » à « L’unité » en passant par, » Les dignitaires, Réunion, Guerriers, Concertation, Ancêtres, Pureté… » les œuvres dégagent une certaine énergie qui, dans un lien, » Kancícà », unit le monde visible au monde spirituel. Faites, pour la plupart, à base de matériaux de récupération, les œuvres explorent l’interdépendance de l’être humain à son environnement, le monde physique et le monde spirituel, tout en questionnant la relation de l’homme à la nature et à l’histoire. L’exposition traite aussi de certaines pratiques socioculturelles, en mettant l’accent sur la dualité entre le profane et le sacré, le visible et l’invisible.
» Nous avons tous un univers commun que j’ai appelé le Lien. Devant cette œuvre que j’ai intitulée « Les ancêtres », cela fait partie d’un lien que toi et moi, nous tous, ensemble, nous avons un commun, qui est nos ancêtres, que nous commémorons chaque fois et tout le temps. Dès fois, il y a d’autres parents qui ne se connaissent pas, et un jour dans un village, on se réunira et on commémorera toujours un lien ensemble. Donc nous avons toujours un lien, mais moi je vous parle aujourd’hui des ancêtres que nous implorons à tout moment, afin que nous puissions avoir une pureté de vie » a déclaré l’artiste Bamouss.
Devant un autre tableau intitulé » L’unité « , l’artiste explique ce qu’il a voulu transmettre : » je vais vous parler de L’unité par exemple. En termes clairs, lorsqu’on parle de L’unité, est-ce que je suis seul ? Est-ce que je peux rester seul ? Non, au fait, je ne peux pas rester seul. Et vous non plus, et personne non plus. Donc, lorsque nous parlons d’unité, nous parlons de toute une communauté, c’est-à-dire tout un ensemble d’un foyer » explique Bamouss, aux amoureux de l’art venus nombreux partager avec lui ce grand moment.
Appréciant les œuvres, Enock Amen, l’un des usagers de l’espace culturel Le Centre, trouve que c’est tellement créatif. « Ça fait partie de mes histoires. Et ça attire encore beaucoup mon attention. Et découvrir encore des nouvelles choses, celui qui a créé, qui a exposé les images-là, l’a bien réussi. Ça m’épanouit » laisse-t-il entendre.
» Kancícà » révèle davantage notre identité culturelle
Revenant sur le contexte de cette exposition, le Directeur général de l’espace culturel Le Centre, Berthold Hinkati, laisse entendre que Bamouss fait partie des artistes que suit l’espace culturel Le Centre, depuis un bon moment. « Il s’était retranché et nous avons fait l’effort de le redécouvrir. Nous avons senti une évolution dans sa pratique artistique et nous nous sommes dits, il est temps qu’il se révèle à nouveau aux Béninois et au monde entier. Nous lui avons proposé de faire une résidence, carte blanche pour la thématique et au bout de quelques jours, il nous appelle pour nous parler du Lien parce qu’il a voulu être fidèle à lui-même en parlant de » Kancícà ». Comme ensemble, on a voulu révéler davantage notre identité culturelle, nous avons préféré que la thématique soit en fongbé et écrit en fongbé. » Kancícà » pour dire que dans la vie, tout est Lien, lien familial, social et lien spirituel » laisse entendre Berthold Hinkati. Appréciant personnellement les œuvres exposées, Berthold Hinkati trouve que chaque œuvre est un messager de l’histoire, de la nature, du patrimoine culturel matériel et immatériel. « Quand vous observez bien ses créations, vous retrouvez la tradition béninoise, les quatre éléments, eau, air, terre, feu, pour révéler davantage l’identité béninoise. Je vois que Bamouss a pris du temps pour observer et il a grandi artistiquement. Tous ceux qui sont venus le disent. Il a fait de très bonnes créations en étant fidèle à lui-même et à sa tradition » laisse-t-il entendre.
Bertrand HOUANHO
