L’université d’Abomey-Calavi (UAC) accueille l’exposition « Patrimoine 2.0 » du 26 mars au 4 avril, une exposition créée par les étudiants et étudiantes pour mettre en relief l’enjeu de la préservation et de la valorisation du patrimoine béninois à l’ère de la généralisation de l’économie digitale des savoirs.
Comment mettre en valeur et rendre accessible les patrimoines matériels, immatériels et naturels du Bénin à l’heure de la digitalisation de notre relation au monde ? C’est la question qui a incité les jeunes universitaires à penser la mise en place d’un tel programme. Et pour y parvenir, l’ambassade de France au Bénin, en partenariat avec l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) et l’agence de développement des arts et de la culture (ADAC), a l’honneur d’annoncer le lancement de l’exposition Patrimoine 2.0 dans le Jardin Botanique de l’UAC. A cet effet, l’ambassade de France au Bénin s’est engagée, depuis plus de deux ans, aux côtés du Ministère du tourisme, de la culture et des arts, avec le projet « Patrimoine 2.0 », dans un programme d’équipements institutionnels et de soutien à des initiatives innovantes de valorisation du patrimoine dans les domaines touristique et éducatif. Pour rendre compte de tout le travail réalisé et des résultats obtenus, l’exposition présentera des peintures, vidéos, récits, œuvres d’art, applications numériques, réalité augmentée, sites internet, jeux de société, maquettes, documents d’archives et autres artefacts matériels ou digitaux. Ces ensembles ont été réalisés ou mis à disposition par une vingtaine de partenaires béninois institutionnels, associations, ONG ou start-ups, répartis sur l’ensemble du territoire et engagés dans la conservation du patrimoine, sa valorisation touristique ou sa transmission aux jeunes générations comme aux publics diversifiés.
Le jardin botanique de l’UAC transformé en musée digital gratuit confié à une équipe d’étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi, encadrée par un ancien élève de l’INMAAC et placée sous la responsabilité scientifique de l’UAC et de l’ADAC, le commissariat de l’exposition exploite les singularités du jardin botanique pour mettre en relief les enjeux de la préservation et de la valorisation du patrimoine à l’ère de la généralisation de l’économie digitale des savoirs. « Musée végétal », le jardin botanique offrira un cadre exceptionnel permettant de prolonger la réflexion sur la médiation numérique appliquée à la conservation des patrimoines et leur exposition, entre nature et culture, matériel et immatériel, vivant et non vivant. L’emploi de matériaux végétaux, sourcés localement, l’intégration dans le paysage et le recyclage de matériaux scénographiques attestent d’une inscription du projet et de ses enjeux dans une perspective de développement durable.
La spiritualité comme fil rouge de l’exposition
Ces projets révèlent non seulement la richesse du patrimoine béninois, mais également les liens spirituels qui traversent le pays, constituant ainsi un élément fondamental de l’identité nationale. Aussi l’exposition se structure-t-elle autour de la spiritualité comprise comme une fusion dynamique entre le visible et l’invisible, où se conjuguent croyances endogènes et religions importées. Partant, le parcours se déploie sur plusieurs axes combinant les différentes strates historiques et aires géographiques et culturelles du pays. Parmi les projets phares de l’exposition, la maquette de la Mosquée centrale de Porto-Novo, prêtée à titre exceptionnel par l’Ecole du Patrimoine Africain, dialogue avec sa version numérisée en 3D réalisée par la Société ICONEM à partir d’une importante campagne d’orthophotographies. Cette architecture qui interroge l’héritage afro-brésilien fait écho au travail d’inventaire exhaustif du patrimoine afro-brésilien du Bénin réalisé par le professeur Didier Houénoudé. Dans le prolongement de l’histoire des afro-brésiliens, la Direction des Archives Nationales met à disposition du projet un important fonds d’archives sur la traite négrière récemment numérisées et révélé pour la première fois au public. Un lot remarquable d’objets issus de la culture Otammari de l’Atacora est présenté, associé à un ensemble interprétatif de films et d’enquêtes montrant que ce qui fait patrimoine ne repose pas tant sur les objets que les processus culturels et les gestes qui ont conduit à leur élaboration. Dans le même esprit, un ensemble de films documentant l’usage traditionnel des végétaux a été produit dans le cadre de la réhabilitation du Jardin des Plantes et de la Nature de Porto-Novo, dont une sélection d’espèces est présentée dans un parcours d’interprétation faisant le lien avec le Jardin botanique. Une soixantaine de récits livrés par des spécialistes de l’histoire du Danxome, consultables sur place inviteront les visiteurs à interroger toutes les dimensions culturelles, cultuelles, historiques et sociales du Danxome. Le jeu de carte Dokun Miton autour des 26 trésors restitués par la France en 2021 en offre un pendant ludique en réalité augmentée alors que les films produits par la Web TV Culture Vodoun font entrer les pratiques Vodoun dans l’ère 2.0.
Une exposition ouverte à tous…
A ce riche parcours, s’ajoute un programme d’activités diversifié à l’attention des publics étudiants, scolaires, scientifiques, aux enfants mais également à leurs familles : conférence, tournoi de jeu de cartes, théâtre, projections de films, etc… A l’occasion de l’exposition, l’Ecole 229 et le Blolab organisent en synergie avec l’exposition Patrimoine 2.0 son BloChallenge du 31 mars au 4 avril, un hackaton autour des questions de patrimoine et numérique réunissant une centaine d’étudiants de l’Ecole 229, l’Africa Design School et l’INMAAC, dont les lauréats seront distingués le vendredi 4 avril dans le cadre de la cérémonie de clôture de l’exposition. Accès libre et gratuit au jardin botanique de l’UAC durant toute la durée de l’exposition.
Teddy GANDIGBE
