Home Bénin Cinématographie ‘’Disco Afrika’’: l’entonnoir aux oreilles des dirigeants Africains

Cinématographie ‘’Disco Afrika’’: l’entonnoir aux oreilles des dirigeants Africains

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 (Un vrai décibel qui ne manque pas d’écho…)

L’avant première du film ‘’Disco Afrika’’, du réalisateur Luck Razanajaona, est donné à Canal Olympia de Cotonou, dimanche 02 mars 2025. C’était en présence de la communauté Malgache résidant au Bénin et une bonne frange de cinéphiles venus de tous les coins de la capitale économique du Bénin. Un long métrage qui offre une vue panoramique sur les misères de l’Afrique après les indépendances. 

Ce qu’il faut savoir sur le film…

‘’Disco Afrika’’ est une histoire malgache, puisque tout se passe dans les rues de Tamatav et d’Antananarivo au cœur donc de Madagascar. Un palpitant récit influencé par l’état d’esprit et la mode des années 70 où tout respire encore le vent frais des indépendances et ses corollaires. Un long métrage d’environ 1 heure trente qui retrace, à travers une saisissante trame, le véritable chaos engendré par le mauvais concert de la dictature généralisée teintée d’une bonne dose de corruption où la marginalisation du bas peuple et de la couche vulnérable, par ricochet, prend place et semble devenir la norme standard   sur le continent africain. Au cœur de l’action, un jeune acteur malgache au regard passif et furtif, au front scintillant de révolution et de la soif de redonner un nouvel élan à tout un pays voire tout un continent. Et son nom en dit long, Kwamé, en référence à l’autre, connu pour être le père de l’indépendance dès l’aube sur le continent noir, Kwame Nkrumah, l’ancien président du Ghana pour ne pas le nommer. Dans le film, Kwamé est un jeune homme rempli de vie, né dans la chaleur émotionnelle malgache, qui conjugue curiosité et courage, force, détermination et défense face la vie hostile de sa terre natale. Partagé entre l’envie de rester ou partir il finit par faire preuve de résilience en déclarant symboliquement son amour pour sa patrie malgré tout.

Une poignante œuvre cinématographique… 

Elle correspond à un éveil artistique, musical et patrimonial qui présente Madagascar et toute sa vibration avec en arrière-plan la vie très peu commode qui y règne en maître et l’écho de la misère africaine malgré l’indépendance. Un prolongement des veines luttes indépendantistes. En vraie, à scruter de près l’intrigue du film ‘’Disco Afrika’’, tout suggère que ce n’est pas Madagascar qui constitue, en effet, le point d’ancrage de cette réalisation et de la thématique développée. Mais c’est plutôt tout le continent africain qui est visé et pour réussir à donner un bel écho, le réalisateur s’est contenté de créer juste la connexion. Puisque tout le malaise que traverse l’Afrique en général, depuis l’après indépendance, retrouve parfaitement son écho à travers la vie quotidienne au Madagascar. La faim, la pauvreté ambiante, la dictature, l’injustice et la politique du verrou et de la main basse avec à la clé la musicalité macabre des assassinats, les abus à peine voilés et le développement sans cesse croissant des vices sous toutes les formes font le plat de résistance de ce film. Et tout parallélisme fait, le choix des rues de Tamatav et d’Antananarivo pour la réalisation du ce long métrage ne reste qu’un choix. Sinon, c’est la dénonciation cinglante de l’amertume généralisée sur le continent africain qui retrouve ses racines dans ce film. Et le réalisateur à eu le style et le goût qu’il faut pour proposer aux cinéphiles un récit très accrochant en utilisant les arts vivants tels que la musique, la danse de la marionnette pour replonger les amoureux du 7ème art dans une sphère émouvante cousue du quotidien de l’Africain dans les mains de ses dirigeants trempés dans la baignoire de la corruption, de l’injustice sociale, de la dictature et ses ramifications. Bien que ce soit un film dont le reflet est intrigant et touchant à cause du sujet qui y est développé, Luck Razanajaona a eu l’ingénieuse idée d’adoucir le cinéphile en le promenant dans les belles villes de Madagascar qui reste aussi délabrée par endroits avec pour objet de distraction de très belles notes musicales dont le contenu en termes de parole reste très expressif sur la thématique. Une manière peut être pour le réalisateur de tenir en liesse ses cinéphiles pour leur inoculer en douceur la dose de leur traitement quotidien choquant, rabaissant, dégradant et avilissant qu’ils ne réussissent pas à voir tout de suite parce que distrait par leurs bourreaux sur l’extrade de la politique. ‘’ Disco Afrika’’ est un bel enchevêtrement artistique qui offre un goût exquis à travers une pâleur techniquement bien réglée. Ce qui défile et déploie au pied du cinéphile une véritable œuvre d’art sectionné en une multitude de tableaux riches en couleurs, en son et en images.

Même si dans le déroulé de film, le choix de donner la mort au jeune trafiquant ‘’Idi’’ dans un cafouillage de manifestation populaire sans que celui qui a opéré ne soit perceptible, laisse encore des interrogations en suspens et que ceci se laisse passer pour un choix esthétique, ce film ‘’Disco Afrika’’ est belle et bien le meilleur bruit qu’on peut avoir dans le discothèque Afrique déchirée par la politique assassine avec une jeunesse en quête permanente de repère, croupissant sous le poids suffocant la misère et tous les fléaux synonymes.

Qui est le réalisateur Luck Razanajaona ?

Luck Razanajaona est originaire de Madagascar et a étudié à l’École supérieure des arts visuels de Marrakech, au Maroc. Il a participé et développé ses projets à la Berlinale Talents, au Rotterdam Lab et à la Fabrique des Cinémas du Monde à Cannes. Ses courts et longs métrages documentaires ont été présentés dans de nombreux festivals à travers le monde. Disco Afrika : une histoire malgache est son premier long métrage de fiction.

Teddy GANDIGBE

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