A la faveur d’une conférence de presse donnée vendredi 7 février 2025, les responsables de l’institut Louis Even proposent au public un nouveau concept économique capable d’assurer l’autonomie financière à l’individu. Il s’agit en effet de la démocratie économique. « Avant de soigner un malade, le médecin doit d’abord trouver de quelle maladie le patient souffre, afin d’appliquer le bon remède. Il en est de même en économie : avant de concevoir la solution de la Démocratie économique, l’ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas a tout d’abord correctement diagnostiqué les défauts de base du système financier actuel : l’argent créé sous forme de dette, entraînant des dettes impayables, et le manque chronique de pouvoir d’achat, les consommateurs n’ayant jamais assez d’argent pour acheter les produits qui leur sont offerts.
Une des premières questions à se poser est : d’où vient l’argent ? On pourrait répondre : si tu veux de l’argent, tu n’as qu’à travailler. Mais ton employeur, ton patron, où a-t-il pris son argent ? D’autres répondront : c’est le gouvernement qui fait l’argent, puisqu’on a des billets de banque, émis par la banque centrale du pays (au Canada, la Banque du Canada, par exemple). Mais la réalité est que le papier-monnaie, qu’on appelle numéraire ou monnaie fiduciaire (ou « cash » en anglais), représente moins de 5 pour cent de tout l’argent dans le pays. L’autre sorte de monnaie, c’est le crédit prêté par les banques commerciales. C’est de l’argent scriptural, électronique, digital, numérique, qui n’existe que sous forme d’écritures comptables dans les ordinateurs des banques et sur la puce de votre carte bancaire, mais qui est accepté et circule partout comme si c’était du papier-monnaie. Et remarquez que même pour obtenir le papier-monnaie, il faut l’emprunter à la banque, à intérêt. On peut donc dire que tout l’argent qui existe provient d’un prêt bancaire, qui doit être remboursé à intérêt. Et chaque fois qu’un prêt est remboursé, cette somme d’argent cesse d’exister, est retirée de la circulation » fait savoir conjointement Gilberte Côté-Mercier et Baglimana Philbert au sujet de la démocratie économique. A en croire les détails qu’ils ont donné lors de la conférence il y a de véritables problèmes à résoudre pour assoir cette formule d’économie qui avantagerait chacun et tout le monde. « Le prix de vente du produit doit inclure tous les coûts : les salaires (A) et les autres paiements (B). Le prix de vente du produit sera donc A + B. Alors, il est évident que les salaires (A) ne peuvent acheter la somme de tous les coûts (A + B). Il y a donc un manque chronique de pouvoir d’achat dans le système. Même si on essaie d’augmenter les salaires pour rattraper les prix, la hausse des salaires sera incluse automatiquement dans les prix, et rien ne sera réglé. (C’est comme l’âne qui court après le navet sur la caricature). Pour pouvoir acheter toute la production, il faut donc un revenu supplémentaire en dehors des salaires, au moins égal à B. Autre problème : la production ne distribue de pouvoir d’achat qu’à ceux qui sont employés par elle. Et de nos jours, la production provient de plus en plus des machines, de l’automation, des robots, et de moins en moins du travail humain. (Et la récente arrivée de l’intelligence artificielle va éliminer encore davantage d’emplois,). La production augmente alors même que l’emploi nécessaire diminue. Il y a donc conflit entre le progrès qui supprime le besoin de labeur, et le règlement qui ne distribue de pouvoir d’achat qu’à l’emploi. Pourtant, tout le monde a le droit de vivre. Et tout le monde a droit aux nécessités de la vie. Les biens de la terre ont été créés pour tous les hommes, pas seulement pour les employables. Il faut donc un revenu supplémentaire en dehors des salaires. C’est ce que ferait la Démocratie économique, comme nous le verrons dans l’article en page suivante » soulignent les conférenciers pour faire toucher du doigt les réalités qui ne favorisent pas l’épanouissement des uns et des autres et la nécessité d’implanter ce modèle d’économie qu’est la démocratie économique.
Teddy GANDIGBE