Dans le 9 ème Arrondissement de Cotonou, les habitants du quartier Fifadji Chabigon qui étaient déjà en difficulté, parce que impuissantes face à l’écoulement des eaux de pluie, vivent désormais le calvaire. En effet, depuis que des personnes inconnues des riverains ont érigé des clôtures en matériaux définitifs sur la principale voie publique, c’est la désolation totale au sein des populations qui, en novembre 2023, ont émis en vain, une vive protestation. Désormais, tous leurs regards sont tournés vers l’autorité municipale et le Ministère du cadre de vie.
La journée du mercredi 22 novembre 2023 est désormais gravée dans le subconscient des populations de Fifadji Chabigon comme un jour de deuil ou de triste souvenir. En effet, c’est ce fameux jour que l’Église » Tabernacle la voix de la résurrection », comme un cheveu sur la soupe, est venue s’installer sans crier gare dans le lot 1841 du lotissement de Cotonou. En clair, l’église a occupé la voie publique appelée « Chabi » ou « Sika + » et oblige les riverains à faire un grand détour avant de sortir ou de rentrer chez eux. Informé de cette « occupation illégale » d’une place publique par une Eglise et de surcroît chrétienne, votre quotidien a dû faire des investigations qui ont conduit à la conclusion que seule la Mairie de Cotonou, soutenue par le Ministère chargé du cadre de vie, peut sortir les paisibles populations de Fifadji Chabigon de cet imbroglio. Et pour cause.
L’église fondée à s’installer
Le droit est du côté de l’Église « Tabernacle la Voix de la Résurrection » malgré les vives protestations des populations. Deux décisions de justice confortent l’installation de ladite Église. La première est l’ordonnance No 009/2018 4ème ch-Réf civil du 14 juin 2018 du Tpi de première classe de Cotonou dans le dossier No COTO/2018/RG/00734 Église « Tabernacle la Voix de la Résurrection » contre M Nicodème Assogba, les héritiers de feu Alphonse AKAKPOVI, M Alexis TCHAOU. En substance, l’ordonnance autorise l’expulsion (de la parcelle « b » du lot 1841: Ndlr ) de Alexis TCHAOU et des héritiers de feu Alphonse AKAKPOVI de la portion empiétée de la parcelle « b », corps et biens ainsi que de tous occupants de leur chef, sous astreintes comminatoires de cent mille ( 100 000) FCFA par jour de résistance.
La deuxième est l’Arrêt du 08 juillet 2004 : No 73/ CA du Répertoire ; No 94-25/CA du Greffe dans l’Affaire MIDOHOUNGBÉ Raoul Innocent représenté par MIDOHOUNGBÉ Pascal contre le Préfet de l’Atlantique. Ici, la Chambre Administrative de la Cour suprême a annulé avec toutes les conséquences de droit, l’Arrêté No 2/268/DEP-ATL/SG/SAD du 04 mai 1994 portant Retrait puis Attribution de parcelles. Les dépens sont mis à la charge du Trésor public.
À la lumière de ces deux décisions de justice, on peut soutenir que l’Église » Tabernacle la Voix de la Résurrection » qui a acquis à titre onéreux ladite parcelle auprès de Monsieur Raoul Innocent MIDOHOUNGBÉ a le droit de propriété sur la parcelle « b » du lot 1841. Toutefois, l’espoir est permis
La Mairie de Cotonou doit sortir le grand jeu
Loin de nous une quelconque rébellion contre des décisions de justice. Nous pensons qu’actuellement, c’est désormais la Mairie de Cotonou qui doit prouver à ses administrés de Fifadji qu’elle est soucieuse de leur situation en mettant fin sans délai à leur calvaire. L’arrêt de la haute juridiction qui parle » de toutes les conséquences de droit » et qui met » les dépens à la charge du Trésor public » a déjà réglé en partie le problème. La balle est désormais dans le camp de la Mairie de Cotonou qui a l’impérieux devoir de venir au secours des populations de Fifadji Chabigon en procédant à la réouverture de la voie Chabi. La raison est toute simple, c’est un exutoire naturel de l’eau d’écoulement et un passage qui va faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Il suffit simplement à l’autorité municipale d’exproprier pour cause d’utilité publique la parcelle « b » du lot 1841 dans la stricte application de la loi. C’est-à-dire contre juste et préalable dédommagement. A cet effet, le Chef quartier, Monsieur Désiré Faladé, Administrateur des finances à la Retraite, a soutenu qu’il a déjà anticipé en identifiant et en notifiant à sa hiérarchie que des parcelles sont disponibles et qu’on peut y installer ladite Église qui serait désormais considérée comme sinistrée. Avec le soutien du Ministère chargé du Cadre de vie, des travaux de voirie vont définitivement assainir le milieu de vie des populations de Fifadji Chabigon. Les Ministères de l’Intérieur et de la Décentralisation doivent venir en soutien à l’autorité municipale aux fins de réussir cette mission citoyenne de salubrité publique.
Les riverains ont joué leur partition
Les populations de Fifadji Chabigon, respectueuses de l’autorité et l’esprit citoyen chevillé au corps ne sont pas restées impassibles face à la déplorable situation. Elles ont pris leur destin en main en informant par des courriers avec accusé de réception toutes les institutions de la République qui devraient les aider. Ainsi, depuis qu’elles ont senti et voulu de l’ouverture de cette voie publique principale à Chabigon, le Maire de Fifadji avait écrit au Préfet de l’Atlantique et avait sollicité l’expertise de l’Expert Géomètre Gaston Kokossou en août 1993. Avec la bénédiction de l’autorité préfectorale, la voie est ouverte. Malheureusement, en novembre 2023, le ciel est tombé sur leurs têtes suite à l’occupation et la fermeture de cette voie par l’Église citée supra. De guerre las, les populations riveraines, après les vives protestations infructueuses, ont envoyé des courriers au Commissaire du 9ème Arrondissement de Cotonou, aux Ministres de l’intérieur et de la sécurité publique, du Cadre de vie et des transports, chargé du développement durable, de la Décentralisation, au Maire de Cotonou, au Préfet du Littoral, au Président du Tpi de première classe de Cotonou et même au Président de la République. Dans ces différents courriers, il est fait l’historique de la fermeture de la voie publique principale de Fifadji Chabigon. En clair, toutes les autorités politico-administratives sont au fait du calvaire de leurs administrés de Fifadji Chabigon.
La Mairie de Cotonou a la solution
Pour preuve, le Directeur des affaires domaniales et environnementales de Cotonou a attiré l’attention du Secrétaire exécutif (SE) de la Mairie dans une note soumise à son appréciation le 21 novembre 2023 sur les conséquences environnementales désastreuses de la fermeture de cette voie. Ladite note fait suite à l’autorisation d’exécution de mains fortes du Préfet, en date du 27 mars 2023, aux fins de dégager les héritiers occupant les lieux pour faire place à l’Église Tabernacle la Voix de la Résurrection. On pouvait lire : » … c’est une voie publique et un couloir naturel d’écoulement des eaux pluviales… L’administration communale avait déjà libéré ce couloir des occupants pour faciliter l’écoulement des eaux pluviales vers l’exutoire naturel. Autoriser aujourd’hui l’occupation de ce couloir portera atteinte aux actions du gouvernement pour l’assainissement du cadre de vie, gage d’un impact durable sur les leviers de développement ». Le plus haut responsable municipal en matière environnementale propose au SE et par conséquent au Maire de Cotonou ce qui suit : » je voudrais vous suggérer d’appeler à l’attention de l’autorité du caractère naturel du site (versant) d’une part, d’inviter les requérants à envoyer leurs dossiers à la Mairie pour des vérifications afin de leur octroyer si possible d’autres parcelles ou les dédommager conformément à la loi. Car l’emplacement géographique de leur parcelle ne saurait être habitable d’autre part ».
On constate que les propositions de la municipalité de Cotonou sont techniquement pertinentes et humainement sensibles. Ajoutées à la détermination du Chef quartier d’assainir le cadre de vie de ses administrés, il ne manque que la célérité de l’administration municipale afin que la joie revienne au sein des populations de Chabigon. Ainsi, l’Église « Tabernacle la Voix de la Résurrection » pourra accomplir sa mission d’évangélisation dans la paix et la concorde.
M.T