La reprise des classes est imminente. Parents-d’élèves et apprenants s’affairent pour l’achat des fournitures scolaires et autres. Orphelin de père, Charles H, élève en classe de 3ème au CEG3 d’Abomey-Calavi, arpente les ruelles de l’arrondissement d’Abomey-Calavi pour proposer son service de sarcleur ou agent d’entretien en contrepartie de fournitures scolaires ou de l’argent.
Sa technique consiste à entrer dans les maisons, sa houe en main, présentant son offre. « Je suis élève en classe de 3éme. Je voudrais savoir s’il y a de mauvaises herbes à sarcler. Je le ferai et vous me donnerez de l’argent pour que je puisse acheter mes fournitures scolaires », laisse-t-il entendre. Par exemple, devant une maison dont le portail est fermé à clé, s’il y a des sonnettes, Charles, constant dans son objectif, les appuie toutes maximisant sa chance de voir quelqu’un lui ouvrir pour qu’il présente son service.
Ainsi, dans sa démarche, il y arrive que plusieurs personnes de la maisonnée viennent à la fois pour lui ouvrir et on est surpris de voir la fine silhouette d’un garçonnet de 14 ans à la croisée des sentiers battus de son destin. Souvent méprisé, pris parfois pour un voleur, il y arrive toutefois que Charles rencontre des personnes qui saluent sa démarche et lui tendent la main.
Dimanche 18 août 2024. Il est 14h. Charles est déjà à l’œuvre. Il avait pour devoir ce jour-là, de mettre au propre la devanture d’une maison. Venu quelques jours plus tôt, rendez-vous lui a été, en effet, donné de revenir ce dimanche-là. Ce que fit Charles H. Et, contrairement à la première fois où il était seul, ce dimanche, Charles était accompagné, pour l’aider dans son ouvrage, de son ami de quartier, Marc S, 11 ans, élève en classe de sixième. Les deux, chacun la houe à la main, très volontiers et habiles à la tâche, ont suscité la curiosité de gens qui n’ont pas taris de questions.
Orphelin de père mais pas orphelin dans la tête
« Mon père est mort. Nous sommes trois enfants pour maman. Mon aîné est coiffeur…La benjamine à six ans et va commencer l’école cette rentrée scolaire », confie Charles. Pourquoi, quand et comment est-il devenu sarcleur ambulant ? Charles H. répond : « Je le fais à chaque vacances pour aider ma maman revendeuse de la tomate à Dantokpa et parfois à Calavi dans l’achat de mes fournitures… ».
A l’entendre, il arrive à économiser 7000 F Cfa à la fin des vacances pour satisfaire son objectif. Par ailleurs, l’argent issu de son ouvrage sert aussi parfois à satisfaire d’autres besoins. « Ces vacances, j’ai déjà acheté un petit portable Techno avec les sous que j’ai eus », confie-t-il, le visage souriant et innocent. Aussi, à la tâche, les fers et métaux usés n’échappent pas à la vue de Charles. Il les amasse quitte à les vendre aux ‘’ Gankpo gbélégbélé’’ ou collecteurs de la ferraille. Histoire de se faire davantage de l’argent pour une année scolaire moins stressante sur le plan financier.
Et, ce dimanche, après son service rendu, c’est tout heureux que Charles est reparti avec une somme de 800 F Cfa et la promesse d’un parquet de cahiers de 200 pages, un parquet de cahiers de 300 pages et deux cahiers de Travaux pratiques (Tp).
Cyrience Fifonsi KOUGNANDE