« Je rêve qu’au bout de ce mandat de cinq ans, je sois porté en triomphe par les Béninois. On m’a connu comme roi du coton. Aujourd’hui, je veux devenir celui qui a réussi à transformer son pays, politiquement, administrativement, économiquement ». Ainsi s’exprimait Patrice Talon dans les colonnes du journal Le Monde en 2016.

Alors que le chef de l’Etat béninois égrène ses deux dernières années à la tête de l’Etat, on se demande comment il compte réaliser son vœu d’être porté en triomphe, tant le mal-vivre se généralise.

Objectivement, on peut dire que le successeur de Boni Yayi a plus ou moins réussi la transformation administrative du pays, un peu moins celle économique. Mais en politique, c’est un flop. Le premier exemple de l’échec au plan politique, c’est qu’il n’a pu quitter le pouvoir au bout de 5 ans, comme il l’avait annoncé. La réforme constitutionnelle, qui devrait lui permettre de le faire, a échoué.

Mais quand de 2019 à 2023, tous les députés à l’Assemblée nationale étaient acquis à sa cause, le mandat unique a été rangé, jeté aux oubliettes. Aujourd’hui, 2 ans avant la fin de son second et dernier mandat, ce sont les échecs économiques et politiques qui noircissent son bilan et qui dressent le lit à une insatisfaction populaire que le pouvoir essaie, par tous les moyens, d’étouffer. Mais jusqu’à quand ?

Une marche pacifique de 4 Confédérations et Centrales syndicales contre la vie chère est réprimée le samedi 27 avril, avec arrestation de 3 Secrétaires généraux et une vingtaine de manifestants. Une première au Bénin depuis l’avènement du Renouveau démocratique. Ils seront libérés un peu tard dans la nuit, le même jour.

Le 1er mai, jour de la fête du travail où, de coutume, les travailleurs descendent dans la rue pour exprimer leur mécontentement et leurs besoins, une autre marche pacifique, organisée cette fois par la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), a été empêchée, des manifestants placés en garde-à-vue. Une quarantaine a été libérée, une vingtaine environ est toujours gardée et sera présentée au Procureur, apprend-t-on. Une autre marche est annoncée pour le 11 mai, mais déjà on doute de la faisabilité.

Ces manifestations qu’on enregistre à 2 ans de la fin du mandat de Patrice Talon ne sont pas juste des mouvements d’humeur de travailleurs qui veulent se dégourdir les jambes, après les avoir croisés pendant 8 ans. Elles sont le signe d’un malaise général avec en toile de fond, la hausse des prix des produits de première nécessité. Le maïs, le riz, l’essence, qui font partie du quotidien du Béninois, ont augmenté de prix. A cela s’ajoutent les tracasseries liées au contrôle du port de casque, les expulsions… Autant d’éléments qui compliquent l’existence des Béninois. Face à cela, la gouvernance de la Rupture est pointée du doigt.

Les populations estiment que le seul capable d’amoindrir les souffrances qu’engendrent ces augmentations des prix, c’est le chef de l’Etat. Seulement, à leur cri de détresse, pour toute réponse, le pouvoir oppose la force, la répression de tout mouvement d’humeur. Pour le béninois, c’est « frapper l’enfant et l’empêcher de pleurer ». Cela déteint forcément sur la cote de popularité déjà très bas du régime Talon. Voilà que le chef de l’Etat a pour vœu d’être porté en triomphe à la fin de son quinquennat, devenu décennat. Avec sa cote de popularité actuelle, comment compte-t-il s’y prendre ? Est-t-il toujours sur cette trajectoire ou il y a longtemps, il n’en fait plus une préoccupation ?

M.M

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