Ancien président de la Communauté d’Agglomération de l’Espace Sud en Martinique et actuel Maire de la commune de Les Anses d’Arlet, Eugène Larcher est l’un des précurseurs de la coopération décentralisée entre les villes de la Martinique et l’Afrique. Une vision qu’il porte avec enthousiasme et qui s’appuie sur la quête d’une identité culturelle, la promotion de la réconciliation, du vivre ensemble et l’atteinte d’un réel développement des communautés martiniquaises, et dont l’organisation des Journées des Mémoires et de la Réconciliation en est une des retombées. L’invité nous parle de cette manifestation très attendue en Martinique.

 

Matin Libre : Présentez-nous la ville qui accueille les activités principales des Journées des Mémoires et de la Réconciliation ?

 

Eugène Larcher : C’est la commune de Les Anses d’Arlet située au Sud-Ouest de la Martinique qui accueille les Journées des Mémoires et de la Réconciliation (JMR) 2024. Composée de 3869 habitants, cette commune offre à la France sa deuxième plus belle ville avec une superficie de 2750 Hectares, ses 18 km de littoral, ses mornes et plaines, ses végétations et les espèces endémiques qui sillonnent ses côtes maritimes ; les Anses d’Arlet est une ville historique, incarnant la culture créole. Elles représentent une terre hautement touristique. Je vous dis avec un sentiment de fierté que la ville que j’ai l’honneur de diriger en tant que Maire sert de refuge où l’on vient se régénérer, vivre la paix intérieure, prendre la chaleur humaine, jouir de la convivialité et des plaisirs que seuls l’art gastronomique créole et les émotions fortes balnéaires concèdent.

Quels sont les motifs qui ont milité pour l’organisation de cet événement ?

Trois raisons principales : L’hommage rendu aux communautés amérindiennes et africaines, autochtones de la Martinique pour les premiers et pères fondateurs de la libération d’un Peuple du joug du système esclavagiste pour les seconds ; La connexion avec l’Afrique, à travers la culture et dans une démarche de quête des origines et de l’identité perdue ou dissoute dans les rebuts de l’histoire et de la raison dominante d’une période donnée ; La promotion de la paix et de la réconciliation avec et pour nous-mêmes martiniquais pour ne pas dire arlésiens. Les JMR 2024 se font défenseurs d’une cause qui aspire au rétablissement de cette vérité souvent mal cernée par les Peuples antillais : l’abolition de l’esclavage a été d’abord et surtout, le fruit du sacrifice, de la résistance et de la résilience des antillais qui méritent de se réconcilier avec eux-mêmes afin d’espérer l’atteinte d’un réel développement.

Pouvez-vous nous faire le point de la préparation de cette manifestation prévue pour mai 2024 ?

Les JMR 2024, se tiennent en mai. Je rappelle que le 22 mai est la fête nationale martiniquaise, célébrée pour commémorer l’abolition de l’esclavage. Donc, c’est autour de cette date que se développent les activités de la manifestation dont nous parlons. Elle déploie une programmation riche et excitante qui se résume à des activités scientifiques, artistiques, gastronomiques, touristiques et communautaires. Notre impatience d’accueillir cette manifestation trouve son stimulant non seulement dans la qualité des scientifiques et universitaires attendus du Bénin, de la Martinique et de Nantes (Les Anneaux de la Mémoire), mais aussi dans l’intensité des actions de médiation culturelle prévues pour assurer au sein de la jeunesse arlésienne et martiniquaise, la découverte et l’appropriation des faits de l’histoire de l’esclavage. A ce menu exceptionnel, s’ajoute la richesse artistique du spectacle que la troupe béninoise Les Frères Gnaguè et Hwendo Na Bua nous a concocté. Cette troupe est invitée spécialement pour nous accompagner sur le chemin de la connexion à l’Afrique, et de la plus belle des manières, à travers la diffusion du spectacle intitulé « Racines et réconciliation ». Permettez-moi de vous confier que l’équipe en charge de l’organisation des JMR 2024 et moi-même sommes dans les derniers réglages. Tout est fait pour accueillir en éclat les activités de cet événement. La cerise sur le gâteau, nous avons eu l’honneur de bénéficier de la mobilisation de plusieurs Maires des villes martiniquaises (Saint-Esprit, Sainte Anne, Le François, Saint-Pierre, Basse Pointe) pour faire vivre le spectacle et la médiation culturelle des JMR à leurs populations.

Quel message avez-vous à partager avec nos lecteurs et internautes ?

Longtemps pensée, l’organisation des JRM 2024 qui constituent l’un des fruits de la coopération décentralisée entre Les Anses d’Arlet et Ouidah est à notre porte. Du 18 au 29 Mai, nous avons voulu que toute la Martinique soit sous les feux de la rampe de la liberté, de la réconciliation et de l’éveille de conscience. Le devenir de notre commun héritage qui est la culture créole est en jeu. Notre rêve est déjà une réalité. C’est donc avec une grande émotion que j’invite les filles et fils de la Martinique à profiter de ces moments inédits. Je ne finirai pas mes propos sans remercier le Maire de Ouidah, Christian Houétchénou, les maires des villes martiniquaises engagés à nos côtés, les équipes des mairies et surtout mes collaborateurs proches qui ont cru à ce rêve et en sont les porte-flambeaux.

TG

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