Un des principaux médiateurs entre Macky Sall et Ousmane Sonko, l’influent sénégalais Alioune Tine, expert indépendant des Nations Unies, ancien Directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a appelé à nouveau à la libération immédiate et sans conditions des opposants béninois Reckya Madougou et Joël Aïvo.

 

Dans une déclaration ce vendredi 29 mars 2024, Alioune Tine a exigé la libération immédiate de Reckya Madougou et Joël Aïvo. « Le PR Patrice Talon doit libérer immédiatement et sans condition les opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo, leurs crimes, d’être opposants et candidats à la présidence de la République », a écrit Alioune Tine. « On ne doit plus tolérer sur le continent que l’opposition ou la dissidence politique soit un crime », ajoute le fondateur de l’Afrikajom Center.

Alioune Tine développe davantage son idée en faisant un parallèle avec le Sénégal, qui vient d’éviter le pire dans le dialogue et la Concorde, passé les moments de tensions. « Macky Sall a quand même fini par dialoguer avec Sonko et Diomaye, c’est ce qui explique le succès de la démocratie sénégalaise. Le PR Patrice Talon ne dialogue pas avec les opposants en prison ».

L’ancien dirigeant du double bureau régional d’Amnesty International n’est pas non plus resté en marge de l’actualité béninoise et déclare : « Le Bénin, avec la Conférence Nationale, avait inventé les transitions démocratiques. Le PR Patrice Talon doit faire libérer les détenus politiques et promouvoir le retour des réfugiés politiques ».

Les deux célèbres prisonniers du Bénin avaient été arrêtés en mars et avril 2021 puis condamnées par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Malgré les nombreux appels lancés au président Patrice Talon localement et au plan international, le Chef de l’Etat n’entend pas encore y consentir, du moins selon ses dires.

L’ONU a exigé la libération de Reckya Madougou

Selon le Groupe de travail des Nations Unies, « la privation de liberté de Reckya Madougou est arbitraire ». Elle a donc exigé du gouvernement béninois de « libérer immédiatement et dédommager » l’opposante béninoise dont les avocats avaient saisi l’instance onusienne qui a engagé une procédure contradictoire entre les deux parties et constaté une absence de preuves du côté du gouvernement.

 

À propos de Alioune Tine

Alioune Tine est une personnalité emblématique bien connue au plan international, qui comme l’a révélé le magazine panafricain Jeune Afrique le 13 février 2024 dans un article intitulé « Entre Macky Sall et Ousmane Sonko, Coulisses d’une discrète médiation », était à la manœuvre récemment pour le sauvetage de la démocratie au Sénégal. L’article révèle : « L’architecte Pierre Goudiaby Atepa et le militant des droits de l’homme Alioune Tine sont au cœur de ces négociations officieuses entre le président et l’opposant sénégalais ».

Avons-nous une personnalité de tels patriotisme, poigne et courage au Bénin ? Non ici c’est l’individualisme, le ventre et la peur qui ont droit de cité.

COMMUNIQUÉ

Le 29 mars 2024, en réaction au tollé et à l’indignation de l’opinion publique suite à l’interdiction de visite de Madame Reckya MADOUGOU par un groupe de députés du parti Les Démocrates dont elle est la candidate empêchée de participer à l’élection présidentielle de 2021, le Procureur spécial près la CRIET et à sa suite, le Directeur de l’Agence Pénitentiaire du Bénin (APB) ont cru devoir, respectivement, donner les raisons qui ont justifié ce refus.

À la lecture desdits communiqués, il s’y relève les insuffisances juridiques et contradictions notoires suivantes :

1ère insuffisance :  Sur la question du covid 19

Aux termes du compte rendu du conseil des ministres du 16 mars 2022, le gouvernement béninois a levé les mesures d’interdiction de regroupement concernant le covid 19 au Bénin.

Il ressort de la lecture des éléments détaillés du compte rendu du conseil des ministres que le motif concernant le respect des mesures liées à la covid 19 invoqué par le Procureur special près la CRIET est totalement infondé.

2ème insuffisance :  sur le permis de visite

Se fondant sur les dispositions de l’article 113 du règlement intérieur type des établissements pénitentiaires, le directeur de l’APB a indiqué dans son communiqué que :  <<nul ne peut être admis a visiter un détenu s’il n’est porteur d’un permis de visite>>.

L’analyse de cette affirmation suppose que toutes les visites des détenus dans n’importe quel établissement pénitentiaire du Bénin sont assujetties à la détention d’un permis de visite. Si tel est le cas, nous invitons le directeur de l’Agence Pénitentiaire du Bénin à nous indiquer, preuves à l’appui, le nombre de permis de visite qui ont été délivrés aux visiteurs des établissements pénitentiaires du Bénin au cours de l’année civile 2023 et sur les trois (03) premiers mois de l’année 2024. Il en sera malheureusement incapable.

Mieux, dans sa décision DCC 23-165 du 04 mai 2023, la cour constitutionnelle a déclaré ce qui suit :  « Dit que le décret n°73-293 du 15 septembre 1973 portant régime pénitentiaire en République du Bénin est contraire à la Constitution ».

Enfin, nous avons communiqué cette décision de la cour constitutionnelle à l’actuel Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, par courrier quelques semaines après sa prise de fonction courant le mois de juillet 2023, l’invitant à instruire ses services compétents (l’APB et le parquet spécial de la CRIET) à se conformer à cette décision.

A notre suite, le président du groupe parlementaire Nourenou ATCHADE ainsi que l’honorable député Kamel WASANGARI ont également saisi le garde des Sceaux à l’effet de rendre visite à madame Reckya MADOUGOU sans aucune suite depuis plus de trois (03) mois.

Ce silence est symptomatique du mépris du gouvernement et de toute la chaîne judiciaire vis à vis des droits fondamentaux de madame Reckya MADOUGOU pourtant ex-ministre de la Justice, de la Législation et des droits de l’homme qui s’est acquittée de ses fonctions de manière républicaine et juste.

Sur cette base de discrimination avérée, nous condamnons fermement le limogeage du régisseur de la prison civile de Cotonou qui n’a été utilisé dans cette affaire que tel un fusible, comme à l’accoutumée, pour masquer un arbitraire flagrant.

Nous invitons le Ministre de la Justice à mettre tout en œuvre afin qu’il soit rétabli dans ses fonctions et à prendre plutôt des mesures disciplinaires contre ceux qui ne respectent pas les droits des détenus.

En tout état de cause, nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale que dans les prochains jours, les députés du parti Les Démocrates iront individuellement et séparément rendre visite à madame Reckya MADOUGOU, tout comme certains d’entre eux ont déjà eu à rencontrer plusieurs jeunes étudiants détenus politiques dans diverses prisons du Bénin, y compris à Missérété et sans qu’il ne leur soit opposé la production d’un quelconque permis de visite.

Nous invitons en conséquence, le ministre de la Justice, le Directeur de l’Agence pénitentiaire, le Procureur spécial près la CRIET et le régisseur de la prison civile d’Akpro Missrété, pris individuellement, à ne pas faire obstacle une fois de plus à ces visites.

  Fait à Cotonou, le samedi 30 mars 2024.

Maitre Renaud V. AGBODJO,

Avocat au Barreau du Bénin

Maître Mario STASI

Avocat au Barreau de Paris

Conseils de Madame Reckya MADOUGOU

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici