Certaines études suggèrent que les dimensions culturelles sont très dynamiques dans la société, mais les principes religieux forment généralement un pilier stable et statique de la société. Bien qu’il existe une littérature limitée sur les effets du Ramadan sur variables économiques, la littérature révèle certaines études qui étudient les effets de diverses croyances religieuses telles que le Ramadan, le christianisme et le judaïsme, en notamment les habitudes de consommation.
La consommation de produits religieux peut également être affectée par la consommation culturelle. De plus, le Ramadan, en tant que mois le plus sacré de l’année, influence société et facteurs associés à la consommation alimentaire.
La consommation pendant le mois du Ramadan peut avoir un impact significatif sur l’économie du Bénin, tout comme dans de nombreux autres pays. Pendant le Ramadan, les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil, et le repas de rupture du jeûne, appelé iftar, est souvent un moment de rassemblement familial et social important. Cette période est également marquée par une augmentation des dépenses dans de nombreux secteurs économiques. Cependant, malgré le jeûne, les ventes augmentent au cours du mois en raison de l’iftar. De même, la consommation d’électricité augmenterait à mesure d’une augmentation des activités socioreligieuses et des achats nocturnes. La dévotion religieuse accrue pendant le Ramadan renforce le potentiel de profit plus élevé obtenu grâce à la vente de ces biens liés au Ramadan.
Qu’arrive-t-il à l’économie lorsque que tous les croyants musulmans (hypothèse) se tournent vers des activités spirituelles ? On distingue deux phénomènes majeurs.
Le premier phénomène porte sur la diminution de l’offre de travail. Nous pouvons imaginer au niveau microéconomique que les croyants choisissent de travailler moins pendant le Ramadan. À l’échelle nationale, cela se traduit par une baisse notable de l’offre sur le marché du travail. Par conséquent, la quantité produite sera inférieure pendant ce mois sacré. Il est raisonnable de penser que si moins de personnes produisent, la création de richesse sera également moindre. Le deuxième phénomène concerne la consommation : nous avons avancé l’hypothèse selon laquelle les croyants optent pour une consommation moindre pendant le Ramadan. D’un point de vue macroéconomique, cela se traduit par une diminution de la consommation finale des ménages (les croyants étant considérés comme des ménages). En travaillant moins, les croyants génèrent moins de revenus. Cette diminution du pouvoir d’achat peut entraîner une baisse de la consommation si les croyants décident de ne pas recourir à l’emprunt. Pour l’économie nationale, cela équivaut à un choc de demande négatif. Tout étant égal par ailleurs, les entreprises produisent moins car elles sont moins sollicitées par les ménages. En anticipation du Ramadan, les entreprises réduisent leur production pour éviter la surproduction. Le choc de demande négatif est ainsi combiné à un choc d’offre négatif. Ces deux scenarios entraînent donc une baisse de la production.
Cependant, cette affirmation selon laquelle la consommation est plus faible pendant le ramadan est erronée : dans beaucoup de pays musulmans, on touche une inflation conséquente dans le secteur alimentaire. Les dépenses alimentaires augmentent pendant le Ramadan, car les familles achètent souvent des produits spéciaux pour le repas de rupture du jeûne. Cela peut stimuler les ventes dans les marchés. De plus, les restaurants, cafés et autres établissements de restauration peuvent bénéficier d’une augmentation de la fréquentation pendant le Ramadan, en raison de la demande accrue pour les repas d’iftar et de suhur (le repas avant le lever du soleil).
Cependant, il convient de noter que l’impact exact sur l’économie béninoise dépendra de divers facteurs, notamment la taille de la population musulmane, le niveau de revenu, la structure commerciale du pays et d’autres considérations socio-économiques.
Dr. Mohamed Kayal
Chercheur en économie du tourisme et changement climatique