Après 4 ans d’exil en Occident, c’est un Guillaume Soro affaibli, fatigué qui a été reçu le 11 novembre dernier par le chef de la junte au pouvoir au Niger, le général Abdouramane Tiani. Paradoxalement, quelques jours seulement après, il était aperçu un peu plus frais, un plus requinqué quand il a été reçu, mardi 21 novembre, en audience par le président de la transition militaire au Burkina-Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Les quelques jours passés au Niger ont-ils fait plus de bien à Guillaume Soro, que toutes ces années d’exil ? Du coup, on se demande si à défaut de rentrer dans son propre pays, vivre dans un pays limitrophe pourrait être la solution pour les exilés béninois ?

 

« Comme je me plais à le dire, c’est saisissant de voir que je peux fouler à nouveau le sol du Burkina-Faso grâce à un gouvernement militaire. Là où des gouvernements prétendument démocratiques ont refusé de me reconnaitre les droits du citoyen que je suis », a laissé entendre Guillaume Soro. Pour lui, le contexte s’y prêtre. Les rapports difficiles entre les juntes au pouvoir au Niger et au Burkina-Faso ont favorisé son retour en Afrique, dans ces pays proches de la Côte d’Ivoire.

Tout comme la Côte d’Ivoire, le Bénin n’entretient pas de bon rapport avec la junte au pouvoir au Niger. Quand au Togo et au Burkina-Faso, même si officiellement les rapports sont normaux, l’opinion publique pense que les relations sont plutôt froides. Si Soro a profité du contexte pour faire le tour des pays qui sont en froid avec le régime Ouatarra, avec la possibilité de s’installer dans l’un de ces pays, les exilés béninois, opposants au régime de Talon, peuvent faire de même. D’ailleurs Léhady Soglo a déjà été aperçu au moins une fois au Togo, depuis qu’il est en exil. Sébastien Ajavon a été annoncé au Ghana, lors des obsèques de Rosine Soglo. Il se serait aussi rendu quelques fois au Togo voisin. Cela dit, malgré leur condamnation dans leur pays d’origine à de lourdes peines, les opposants en exil peuvent circuler librement dans la sous-région. Ils peuvent même s’installer dans l’un des pays limitrophes. La preuve l’ancien député Amissétou Affo Djobo se serait réfugiée à Lomé, sentant venir son arrestation. Avec le cas Soro, on se rend compte que les opposants au régime de Cotonou en exil, Léhady Soglo, Sébastien Ajavon, Valentin Djènontin, Komi Koputché, Fatouma Amadou Djibril et autres peuvent aussi profiter du contexte pour se rapprocher de leur pays.

Plus ils sont près, plus ils constituent une menace pour le pouvoir

Comme on l’a constaté avec Guillaume Soro, le séjour forcé en Occident peut paraître très difficile, voire très esquintant pour les opposants béninois, et ceci sur plusieurs plans. S’installer dans l’un des pays limitrophes du Bénin leur sera certainement plus bénéfique à maints égards. D’abord, ils vont renouer avec le climat tropical auquel ils étaient habitués. Ils seront plus proches de leurs parents et amis et pourront peser plus sur la politique intérieure de leur pays, notamment dans le cadre des élections générales de 2026. Leurs parents et amis même leurs sympathisants peuvent facilement se déplacer vers eux pour recevoir directement des consignes de vote. Côté financier, la vie coûte forcément moins chère en Afrique qu’en Europe. Ils pourront bénéficier d’un souffle financier. Pour leur moral, ce sera toujours mieux. Ils constitueraient alors une menace beaucoup plus directe pour le régime si les choses restaient en l’état jusqu’en 2026.

Patrice Talon devrait anticiper sur cette probabilité, faire table rase du passé, accepter le retour des exilés pour éviter qu’ils ne trouvent finalement refuge dans les pays limitrophes dont les dirigeant ne sont peut-être pas en très bon terme avec lui. En fin de mandat, il faut arrondir les bords, créer les conditions pour une retraite paisible.

 

M.M

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