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Abdoulaye Bio Tchané,Pascal Koukpaki et Antonin Dossou : quand la compétence et l’efficacité épousent  la discrétion et  l’humilité

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Il existe dans l’État béninois une catégorie rare d’hommes publics dont la discrétion impose le respect plus encore que leurs paroles. Abdoulaye Bio Tchané, Pascal Iréné Koupaki et Antonin Dossou appartiennent à cette école singulière. Tous trois sont des enfants de la prestigieuse Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), institution réputée pour sa rigueur, son exigence, son sens aigu du devoir et sa tradition de modestie. Et l’on peut se demander, à juste titre, si la BCEAO ne possède pas un secret bien gardé : celui de façonner une élite dont l’exemplarité administrative se confond avec l’élégance morale.

 La BCEAO n’a jamais été seulement un temple de la monnaie. Elle est aussi une grande école de caractère. Ceux qui y ont fait leurs armes apprennent la discipline avant la parole, la méthode avant la posture, le résultat avant le bruit. Le passage par cette institution forge une empreinte indélébile : l’humilité comme vêtement, la rigueur comme boussole.

Bio Tchané, Koupaki et Dossou en sont des incarnations presque parfaites. Tous se caractérisent par le même sens du détail, la même fidélité à la loi, la même approche technique de la décision publique. Aucun d’eux n’a jamais cultivé l’art du scandale ou de la polémique facile. Tous ont préféré la parole rare, utilisée comme un outil précis, jamais comme un instrument de spectacle.

On pourrait croire qu’avec leur expérience, leur poids intellectuel et leur maîtrise des grands dossiers économiques, les trois hommes se seraient laissés séduire par les lumières du pouvoir. Ils auraient pu multiplier les conférences, orchestrer des opérations médiatiques, se mettre en scène en réformateurs visionnaires. Rien de cela.

Ils ont assumé le pouvoir comme un service, non comme un tremplin. Comme des artisans silencieux, ils ont travaillé davantage qu’ils n’ont parlé, privilégiant l’action sobre plutôt que l’agitation bruyante. Dans un contexte politique où le verbe tient parfois lieu d’action, cette attitude est en elle-même une leçon.

À l’ère des réseaux sociaux, où la visibilité semble prévaloir sur l’efficacité, ces hommes ont continué d’incarner l’autre modèle : celui du serviteur, du technicien, du patriote silencieux.

Ce qui frappe dans leurs parcours respectifs, c’est leur capacité à traverser différentes phases politiques sans perdre leur identité professionnelle. Sous Thomas Boni Yayi, la technostructure a été fortement sollicitée. Sous Patrice Talon, l’exigence de performance, de résultats et de sobriété a encore davantage mis en valeur les profils techniquement solides et moralement stables.

Homme de synthèse, modéré, structuré, Abdoulaye Bio Tchané est de ceux qui parlent quand l’essentiel doit être dit. Son leadership n’est pas expansif : il est stratégique. Sous les deux régimes, il a incarné un pilier économique stable, une référence technique capable d’arbitrer avec calme, sans jamais verser dans les polémiques. Sa gouvernance se lit dans sa capacité à rassurer et à fédérer.

Pascal Iréné Koupaki, Inflexible sur la rigueur, intransigeant sur l’éthique publique, l’homme est une sorte de moine de la République. Son style : la hauteur. Son credo : l’ordre et la méthode. Sous Yayi comme sous Talon, il a incarné un idéal rare dans la fonction publique : l’excellence sans arrogance, la fermeté sans brutalité. Beaucoup de citoyens voient en lui une figure morale, presque un gardien de la vertu administrative.

Antonin Dossou parmi les trois, est sans doute le plus discret. Une discrétion telle qu’elle en devient presque une signature. Antonin Dossou est de ceux dont on oublie la présence tant ils fuient le tumulte, mais dont on ressent fortement l’action. Homme de dossiers, homme d’analyse, il a toujours laissé parler le travail plutôt que les mots. Sa présence dans l’architecture de l’État sous Yayi résume la définition même du serviteur public : loyal, efficace, invisible quand il doit l’être.

Il existe des ministres d’un jour ; ceux dont on retient la phrase, la photo, le geste tapageur.Et il existe ceux dont les nations se souviennent pour une raison plus profonde : parce qu’ils ont servi, avec constance, avec discrétion, avec dignité.

Bio Tchané, Koupaki et Dossou appartiennent à cette seconde catégorie. Ils ont fait du pouvoir non un spectacle, mais une responsabilité quotidienne. Leur influence n’a pas besoin de bruit, car elle s’exprime dans l’efficacité des politiques publiques, dans la qualité des réformes, dans la stabilité qu’ils ont apportée aux gouvernements successifs.

Les trois hommes illustrent ce que le Bénin produit de meilleur quand il conjugue compétence et humilité. Leur parcours confirme que la BCEAO n’est pas seulement une institution monétaire, mais aussi une école d’hommes d’État au sens noble du terme.

Dans un pays où l’on remarque souvent ceux qui font du bruit, il est salutaire de rendre hommage à ceux qui font du bien.

Et parmi eux, s’il fallait hiérarchiser la discrétion, il est vrai que Antonin Dossou occuperait la première place. Dans un silence presque ascétique, il a servi l’État avec une constance et une modestie qui forcent l’admiration.

Jérôme Bibilary

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