La récente rencontre du président de la République, Patrice Talon, avec la presse nationale et internationale continue de susciter de nombreuses réactions. Sur les plateaux de Matin Libre Télévision, l’analyste politique Me Bastien Salami a livré une lecture approfondie de cette sortie médiatique qu’il qualifie de « plus qu’opportune », tant par son timing que par la portée de ses révélations.
Selon Me Bastien Salami, cette prise de parole présidentielle est intervenue dans un contexte marqué par de fortes spéculations et une circulation massive de fausses informations, notamment après les événements sécuritaires du 7 décembre 2025. Malgré les premières communications du ministre de l’Intérieur et du porte-parole du gouvernement, certaines rumeurs continuaient d’alimenter l’inquiétude, aussi bien au niveau national qu’international.
Une intervention rassurante face à l’intoxication
Pour l’intervenant, la parole du chef de l’État a permis de mettre un terme aux supputations et de rassurer les populations. « Le président Talon a parlé avec calme, sans langue de bois, en donnant des détails que le grand public ignorait », souligne Bastien Salami. Il estime que cette démarche a renforcé la confiance des Béninois, qui ont pu continuer leurs activités quotidiennes sans sentiment de panique.
Il met particulièrement en avant la transparence du chef de l’État, qui n’a pas hésité à revenir sur des éléments sensibles de l’opération sécuritaire, notamment les raisons pour lesquelles certains individus impliqués n’ont pas été abattus sur-le-champ. « Le président a rappelé un principe fondamental : ce n’est pas parce qu’un individu a commis un acte grave qu’il doit automatiquement être exécuté », a-t-il insisté.
Clarification sur la nature des événements
Me Bastien Salami relève également l’importance du choix sémantique du président, qui a parlé d’« attaque » plutôt que de « coup d’État ». Selon lui, cette précision est essentielle pour éviter toute confusion dans l’opinion publique et à l’international. « Il s’agissait de quelques individus manipulés, et non de l’armée dans son ensemble. Cela ne remet nullement en cause le caractère républicain et discipliné des Forces armées béninoises », a-t-il affirmé.
Il rappelle par ailleurs que l’appel à la coopération régionale, notamment avec le Nigeria, est intervenu après que la situation a été largement maîtrisée, écartant ainsi l’idée d’une dépendance immédiate à une intervention extérieure.
Une parole qui crédibilise le Bénin sur la scène internationale
Pour l’analyste politique, cette sortie médiatique dépasse le cadre national. Elle constitue un message fort à l’endroit des partenaires internationaux, souvent attentifs aux signaux politiques et sécuritaires. « Le président est venu crédibiliser le système mis en place depuis 2016. Le Nouveau Départ a atteint un âge de maturité », estime Me Bastien Salami.
Il souligne que, près de dix ans après le lancement des grandes réformes, le pays n’a pas connu d’essoufflement institutionnel, mais au contraire une consolidation des acquis, notamment en matière de gouvernance, de sécurité et de stabilité.
Réformes politiques : pédagogie et cohérence
Abordant la question des révisions constitutionnelles, Bastien Salami reconnaît avoir été particulièrement marqué par la démarche pédagogique du chef de l’État. À travers des exemples concrets, comme celui de la réglementation de la pêche, Patrice Talon a, selon lui, illustré la nécessité de réformes structurelles, notamment la mise en place du Sénat et l’allongement du mandat présidentiel de cinq à sept ans. « Ces réformes ne relèvent pas de l’improvisation. Elles s’inscrivent dans une logique de cohérence et de recherche permanente du mieux-être des Béninois », a-t-il expliqué, ajoutant que la notion de trêve politique, au-delà du terme employé, vise avant tout à offrir au gouvernement un cadre stable pour agir efficacement.
Un acte de responsabilité politique
Bastien Salami considère cette intervention comme un acte fort de responsabilité et d’autorité politique. « Lorsqu’un tel incident survient, il est normal que le chef de l’État s’adresse directement au peuple pour expliquer, rassurer et projeter l’avenir », affirme-t-il.
Pour l’ancien Conseiller à Haac, le message est clair : le Bénin est dirigé par des responsables soucieux de la paix sociale, de la cohésion nationale et du développement. « Sans paix ni sécurité, aucune richesse n’a de valeur. Aujourd’hui, les Béninois peuvent envisager l’avenir avec sérénité », conclut-il, se montrant confiant quant à une fin d’année apaisée et une année à venir prometteuse pour le pays.
Thomas AZANMASSO
