Dix jours après la tentative de coup d’État, Patrice Talon a choisi de s’adresser aux médias, abordant le sujet sans détour. Cependant, en analysant ses déclarations, on peut penser que, malgré les enquêtes, les autorités béninoises peinent encore à comprendre tous les aspects de ce projet malheureux qui a été déjoué.
Le Bénin a vécu des moments de chaos le dimanche 7 décembre 2025. Cotonou s’est réveillée dans l’étonnement, plongée au cœur d’un coup d’État qui a brusquement interrompu la tranquillité du dimanche. Ce n’est qu’au fil des heures que la nation a pris conscience de la gravité de la situation. Des unités militaires avaient investi des lieux stratégiques, tentant de renverser l’ordre constitutionnel et de déstabiliser les institutions républicaines. Cette tentative de coup d’État était dirigée par le Lieutenant-Colonel Pascal Tigri, un ancien membre de la Garde nationale. Heureusement pour la démocratie béninoise, ce projet a échoué de manière retentissante. En effet, la majorité des forces de défense et de sécurité est restée fidèle au gouvernement en place. Grâce à une collaboration étroite avec des alliés stratégiques du Nigéria, l’armée béninoise a réussi à mettre les mutins en déroute. Le professionnalisme des forces loyalistes a permis de reprendre le contrôle des points stratégiques de l’État, évitant ainsi une catastrophe. Suite à cet incident malheureux, le système judiciaire a immédiatement été activé. Le moment est venu de faire des comptes. La justice s’est mise à la recherche de toutes les personnes supposées impliquées, de près ou de loin, dans cette aventure risquée. Dans ce cadre, une vaste opération d’arrestations a eu lieu à travers le pays. Des civils, des militaires de différents grades et des personnalités politiques influentes ont été interpellés.
Des zones d’ombre persistent
Alors que de nombreux citoyens se montrent optimistes, espérant que la vérité sera révélée, des doutes demeurent. Il y a effectivement plusieurs raisons de penser que le pays n’a pas encore rassemblé tous les éléments nécessaires concernant ce dossier complexe. Les preuves tardent à être présentées de manière exhaustive pour éclairer les Béninois. Dans ce contexte, un phénomène attire l’attention : le flou qui entoure le profil des accusés. Il est à noter que certains citoyens et figures politiques, qui ont été arrêtés avec beaucoup de publicité, ont depuis été libérés et placés sous convocation. De plus, le Chef de l’État lui-même a laissé l’opinion publique sur sa faim. Lors de sa rencontre avec les médias le jeudi 18 décembre, Patrice Talon a semblé particulièrement évasif dans ses explications. Selon ses déclarations, il désigne comme instigateurs des « acteurs politiques marginaux » et une quinzaine de militaires. Cette communication minimaliste ne permet pas de saisir les véritables ramifications du complot. En d’autres termes, personne ne sait exactement de qui parle le Chef de l’État. S’agit-il d’opposants en exil, de figures locales ou d’une main invisible ? L’absence de noms précis engendre un climat de suspicion généralisée. À ce jour, aucune accusation formelle, publique et détaillée n’a été portée contre les prétendus auteurs intellectuels de ce coup d’État manqué. Il semble donc que les autorités aient encore des difficultés à cerner les véritables contours de cette initiative douteuse. Entre le silence des enquêteurs et les déclarations évasives du président, le tableau reste incomplet. Le peuple béninois, encore sous le choc, attend toujours de comprendre comment un acte aussi indigne a pu être planifié. La vérité semble, pour l’instant, enfermée dans les couloirs du secret d’État, en attendant peut-être le procès.
M.M
