Longtemps répandue, l’idée d’un financement et d’un soutien logistique et stratégique de l’Occident au terrorisme au Sahel s’est fortement enracinée dans la mémoire collective. Pourtant, ce narratif présente assez d’insuffisances lorsqu’on scrute en détail l’évolution du péril terroriste. Analyse.
Dans une dernière déclaration en date de novembre 2025, Abdoulaye Maïga, Premier Ministre malien, accuse à nouveau la France d’être un soutien invisible des terroristes qui sèment la terreur au Mali. Le premier ministre reprend un narratif connu et propre à tous les leaders militaires du Sahel et à la grande famille des panafricanistes et souverainistes qui ont de plus en plus pion sur rue en Afrique. Avec l’avènement des militaires au pouvoir au Mali, au Burkina et au Niger, la revendication de la souveraineté militaire est devenue le point nodal de la lutte anti-impérialiste en cours aujourd’hui en Afrique. Depuis 2020 où le putsch est intervenu au Mali, les militaires qui se sont installés à la tête des Etats du Sahel ont construit leurs discours autour de la dénonciation de la France prise comme pays allié et parrain du terrorisme qui menace le Sahel. Elle serait donc l’Etat qui fournit armes et munitions, renseignements et moyens financiers aux organisations terroristes actives dans le Sahel. Les auteurs de ces accusations fortement amplifiées sur les réseaux sociaux expliquent la dépendance de la France des minerais stratégiques (uranium, or, lithium, manganèse, nickel, phosphate, pétrole, fer….) extraits de son sous-sol.
Un argumentaire déglingué
La faillite sécuritaire a été le principal mobile des coups d’Etats intervenus dans le Sahel. Du Mali au Niger en passant par le Burkina Faso, les discours de prise de pouvoir ont mis l’accent la restauration de la sécurité et de la stabilité de ces Etats. Cinq ans après, les éléments factuels amènent plusieurs observateurs et spécialistes à affirmer que la situation s’est dégradée au fil des ans. Pourtant, ce sont les sécurocrates et les militaires qui sont au pouvoir. Est-ce toujours la faute de la France pourtant chassée depuis l’arrivée des militaires ? Quel crédit accordé à leurs accusations alors que pendant plusieurs années, ces militaires ont acheté des équipements militaires et de surveillance de leurs territoires ? Doit-on continuer à croire qu’après avoir acquis tous ces équipements, leurs pays sont toujours à la merci des Français qui continuent d’y manipuler et d’armer des terroristes contre eux ? Ce sont là les vraies questions à se poser afin de rechercher les vrais bailleurs du terrorisme dans le Sahel. Si les terroristes continuent d’être opérationnels et même plus efficaces qu’avant, doit-on continuer à accuser les français qui sont chassés? Quel rôle jouent alors les Russes qui sont présents sur le terrain et qui ont des contrats de sécurité avec le Mali ? Les réponses à ces questions devraient nous amener à chercher les auteurs et complices dans les rangs de ceux qui sont militairement présents dans ces pays ou qui tirent actuellement profit des minérais exploités dans ces pays. Dans l’un ou l’autre des cas, la France ne s’y retrouve pas. Au finish, on se demande si le discours officiel ne vise pas à détourner l’attention des populations des vrais auteurs du péril terroriste dans le Sahel.
M.M







