L’affaire opposant le militant du Bloc Républicain, Sessi Didier, au député Nathanaël Sokpoékpé, candidat BR de la 6ème circonscription électorale aux législatives de 2026 prend une dimension institutionnelle. Après avoir affirmé être victime d’escroquerie foncière de la part du parlementaire, il dit subir depuis plusieurs jours des menaces de mort, ce qui l’a conduit à saisir officiellement la justice. Les documents transmis au Procureur de la République et à la Brigade Criminelle confirment qu’il a suivi les instructions du Garde des Sceaux, qui lui avait recommandé de procéder par les voies légales.
Une réaction rapide du ministre de la Justice
La réaction du Ministre de la justice aura été des plus promptes. Avant d’aller vers les autorités judiciaires, Sessi Sessi Didier avait d’abord écrit aux plus hautes personnalités du pays. Dans ses correspondances, il dénonce ce qu’il considère comme une opération frauduleuse : l’achat d’un domaine auprès du député Nathanaël Sokpoékpé, domaine qu’il affirme ne pas lui appartenir. Ces préoccupations ont été adressées au Président de la République, au Président de l’Assemblée nationale, au Président du parti Bloc Républicain ainsi qu’au Garde des Sceaux.
Dans sa réponse, contenue dans la lettre officielle N°1428 MJL/SP-C, le Ministre de la Justice, Yvon Detchénou, accuse réception du dossier et invite formellement le plaignant à saisir la police ou le Procureur de la République. Cette réaction, rapide et claire, marque la volonté de l’autorité judiciaire de voir l’affaire traitée dans la stricte légalité. En suivant cette recommandation, Sessi Sessi Didier a déposé une plainte auprès du Procureur de la République, puis une autre auprès du Chef de la Brigade Criminelle, exprimant sa volonté d’obtenir protection et justice.
Menaces de mort et appels anonymes : ce que dit le plaignant
Dans les courriers adressés à la justice, Sessi Sessi Didier affirme que depuis sa conférence de presse du 24 novembre 2025, au cours de laquelle il a publiquement exposé les faits qu’il reproche au député, il reçoit des appels provenant de numéros inconnus. Selon lui, ces interlocuteurs lui profèrent des menaces de mort répétées, mettant en péril non seulement sa sécurité personnelle mais également celle des membres de sa famille.
Il décrit une situation inquiétante qui, selon ses propos, constitue une atteinte grave à la liberté d’expression et à la sécurité des citoyens. Il appelle les autorités à diligenter une enquête, à assurer sa protection et à établir les responsabilités. Les pièces jointes à sa plainte, dont une copie d’un procès-verbal datant de 2022 relatif à une précédente affaire de menaces de mort, viennent renforcer son argumentaire.
Une affaire qui rappelle le précédent Houngbandan
L’affaire Sokpoékpé comporte des similitudes frappantes avec le dossier Alphonse Houngbandan présenté comme candidat de LD pour les législatives du 11 janvier 2026. Il figure en 5ᵉ position sur la liste du parti pour la circonscription qui regroupe Allada, Kpomassè, Toffo, Ouidah et Tori-Bossito. Visé lui aussi par des plaintes, l’interessé présumé impliqué dans un scandale avait fini confronté à des procédures judiciaires puis interpellé et gardé à vue. Les deux cas présentent des points communs marquants : tous deux candidats aux élections législatives.
Pour certains observateurs, le parallèle est évident. Ils estiment que le député Nathanaël Sokpoékpé, candidat sur la liste du Bloc Républicain, pourrait se retrouver dans une situation politique délicate comparable à celle qu’e connaît Alphonse Houngbandan. Cette comparaison alimente déjà les débats au sein du parti, où certains cadres s’interrogent sur l’opportunité de maintenir en compétition un candidat sous le coup d’une accusation aussi grave, même si la présomption d’innocence demeure.
Une affaire désormais entre les mains de la justice
Désormais, les plaintes déposées par Sessi Didier ouvrent une phase judiciaire déterminante. Les autorités devront examiner les accusations d’escroquerie foncière, de menaces de mort et de pressions. L’enjeu dépasse le simple cadre personnel du plaignant et touche à la crédibilité des institutions ainsi qu’à la responsabilité des élus. À l’approche des élections, ce dossier pourrait devenir l’un des symboles du rapport entre justice, politique et éthique publique au Bénin.
M.M.
