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Silence des rues: La disparition du crieur public, dernier témoin d’un monde vivant

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(Parfois, une voix dans la rue vaut mieux qu’une centaine de messages sur un téléphone)

Autrefois figure incontournable de la vie communautaire, le crieur public portait la voix du peuple et annonçait nouvelles, décisions et alertes. Aujourd’hui, cette silhouette familière a disparu de nos rues, emportant avec elle un pan entier de notre culture sociale.

Dans nos villes et nos villages, le crieur public était bien plus qu’un simple messager. C’était un lien, un pont entre les autorités et la population, un visage connu de tous, reconnaissable à sa cloche ou à son tambour, et à sa voix qui résonnait dans les ruelles au lever du jour. Il annonçait les marchés, les mariages, les dangers, les décisions royales ou communales. Il était l’âme vivante de l’information.

Aujourd’hui, cette fonction s’est effacée, engloutie par les réseaux sociaux, les chaînes d’information en continu, les smartphones et les notifications instantanées. Le progrès technologique, s’il a facilité la circulation de l’information, a aussi fait disparaître l’humain qui la portait. Le crieur public, autrefois symbole de proximité, a laissé place à un flux numérique impersonnel, souvent bruyant mais étrangement silencieux dans son manque de chaleur.

Pourtant, son absence se fait sentir. Car plus qu’un métier, le crieur public incarnait une forme de cohésion sociale. Il rassemblait les habitants, créait une communauté d’écoute et d’échange, offrait un espace où l’information avait un visage et une voix. Sa disparition marque peut-être l’un des symptômes les plus discrets, mais les plus forts, d’un monde où chacun s’informe seul, isolé dans son écran.

Alors que nos sociétés cherchent à réinventer le lien social, certains villages et quartiers tentent timidement de ressusciter cette tradition. Une façon, peut-être, de rappeler que le progrès ne doit pas effacer la chaleur humaine, et que parfois, une voix dans la rue vaut mieux qu’une centaine de messages sur un téléphone.

Fifonsi Cyrience KOUGNANDE

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