À quelques semaines des législatives du 11 janvier 2026, le paysage politique béninois se cristallise autour d’un duel attendu entre la mouvance présidentielle et une opposition en quête d’équilibre. La Commission électorale nationale autonome (Cena) a validé plusieurs formations, dont l’Union progressiste le Renouveau (Upr), le Bloc républicain (Br), Les Démocrates (LD), la Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et le Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin). Ces confirmations ouvrent une campagne stratégique, marquée par les exigences du nouveau code électoral et les enjeux de coalition.

Dans le processus, la mouvance présidentielle semble se trouver en position de force. L’Union progressiste le Renouveau aborde le scrutin avec une avance structurelle. Le parti présente une liste complète de candidats et s’appuie sur un réseau consolidé d’élus expérimentés cherchant un nouveau mandat. Sous l’impulsion de son président, Joseph Djogbénou, l’Upr dispose d’une organisation robuste et d’un ancrage institutionnel qui la placent au cœur de la stratégie de la mouvance. Le principal défi du parti reste toutefois la gestion de ses propres équilibres internes.

Le Bloc Républicain, autre pilier de la majorité, bénéficie lui aussi de l’élan institutionnel et de sa position historique au parlement. Son poids électoral réel dépend pourtant de sa capacité à se distinguer de l’Upr, tout en préservant la cohésion nécessaire au maintien de la majorité présidentielle. Le risque pour le Br est d’être perçu comme une force d’appoint, plutôt qu’un acteur autonome.

Dans un contexte où la loi impose un seuil de 20 % des suffrages pour siéger, la mouvance a renforcé sa logique de coalition. L’Upr, le Br et certaines formations alliées avancent en bloc, misant sur une couverture territoriale optimale et une mutualisation des ressources. Cette stratégie leur confère un avantage clair, même si elle nourrit les critiques d’une opposition qui voit dans cette alliance une « machine » électorale difficile à concurrencer.

L’opposition face au défi de l’organisation

Les Démocrates, principale force d’opposition, ont été confirmés pour le scrutin et espèrent capitaliser sur leur retour à l’Assemblée en 2023. Leur refus affiché de s’allier aux partis de la mouvance renforce leur posture de contre-pouvoir crédible, élément susceptible de mobiliser un électorat désireux de pluralisme.

Mais le parti traîne d’importantes fragilités structurelles. Sa logistique demeure limitée, son implantation inégale et sa capacité financière inférieure à celle des partis de la majorité. À cela s’ajoutent les exigences du cadre électoral, qui pénalisent les partis isolés. Sans alliances, LD risque d’affronter un rapport de force disproportionné, malgré sa légitimité politique retrouvée.

Les critiques récurrentes du parti concernant les conditions politiques -de l’inégalité des moyens à la pression administrative- traduisent un climat de méfiance qui pourrait influencer la campagne. La question est de savoir si LD parviendra à transformer ce discours en force mobilisatrice, ou si ces tensions pèseront sur sa dynamique électorale.

Les formations intermédiaires dans un paysage verrouillé

Parmi les autres partis validés, Fcbe et Moele-Bénin tentent de maintenir un espace politique autonome. Leur visibilité reste cependant limitée face au duel mouvance-opposition. Ces formations peinent à exister dans un contexte où la règle du seuil favorise les regroupements massifs. À défaut de percée, elles pourraient jouer un rôle secondaire, mais stratégique, en devenant réservoirs d’alliances locales ou relais d’influence régionale.

Des élections sous le signe des règles et des équilibres

Le cadre institutionnel est l’un des enjeux majeurs de ce scrutin. Les contraintes du code électoral poussent quasiment tous les partis vers la logique de coalition, créant une compétition asymétrique entre une mouvance regroupée et une opposition plus fragmentée. La participation électorale, historiquement faible lors de certains scrutins récents, constitue un autre indicateur à surveiller. La capacité des partis à mobiliser au-delà de leurs bastions conditionnera le niveau de légitimité du futur Parlement

Un scrutin décisif pour l’équilibre politique

Sauf retournement inattendu, la mouvance présidentielle aborde les législatives de 2026 avec une nette avance stratégique. Toutefois, la présence d’une opposition structurée, même affaiblie, garantit un minimum de pluralisme dans un paysage politique souvent critiqué pour son manque de compétitivité.

L’enjeu de ce scrutin dépasse ainsi la simple répartition des sièges. Il touche à la crédibilité du jeu politique, à la vitalité du pluralisme et à la capacité du pays à maintenir un équilibre institutionnel dans un contexte où les rapports de force semblent se figer. La campagne qui s’ouvre dira si les dynamiques actuelles se confirment ou si de nouvelles voix parviendront à émerger.

M.M.

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