- Plus de 1500 journalistes d’investigation mobilisés en Malaisie
La Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) laisse des empreintes indélébiles de sa participation à la Conférence mondiale sur le Journalisme d’investigation (GIJC 2025) en Malaisie précisément à Kuala Lumpur, du 20 au 24 novembre 2025. Un rendez-vous planétaire qui a mobilisé plus 1500 journalistes d’investigation venus de tous les coins du monde entier, autour des défis liés à la pratique du journalisme d’investigation dans un contexte davantage difficile.
Outre la forte délégation d’une dizaine de journalistes d’investigation représentant la Cenozo à ce rendez-vous de co-working et de networking, l’organisation peut bien se targuer du mérite d’avoir animé des sessions sur des thématiques à fort intérêt pour les journalistes d’investigation. Coordonnateur de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, Arnaud Ouédraogo a, à travers deux différents panels, exposé les réalités liées à la pratique du journalisme d’investigation dans la sous-région ouest-africaine ainsi que les efforts et initiatives de la Cenozo pour maintenir la flamme dans un contexte difficile et un environnement hostile. Dans son intervention, il a évoqué la sécurité et la protection des journalistes, des lanceurs d’alerte et des sources lors d’enquêtes sensibles. « Nous avons évoqué les difficultés auxquelles sont confrontés les journalistes d’Afrique de l’Ouest lorsqu’ils traitent des sujets sensibles, notamment en matière de sécurité. Cela inclut les menaces, les surveillances, les filatures et les campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux. Il s’agissait d’expliquer ces réalités à l’audience et de partager les solutions que nous proposons pour y faire face…nous les mettons en relation avec certains de nos partenaires qui peuvent les aider à échapper à des situations dangereuses, par exemple en quittant le pays lorsqu’ils sont réellement en danger », a-t-il confié à mosaïqueguinee.com. Évoquant l’importance des enquêtes collaboratives transfrontalières, Arnaud Ouédraogo a partagé l’expérience de la Cenozo en la matière. « Nous avons insisté sur l’importance d’avoir une vision holistique du problème. Un même problème peut exister dans plusieurs pays : nous réunissons donc des journalistes qui posent la problématique de manière cohérente, identifient les mêmes types de sources et reconnaissent les nuances liées aux contextes juridiques et sécuritaires. Une fois ces risques évalués, nous proposons des solutions sur mesure pour chaque membre de l’équipe, selon son contexte. Chacun réalise un reportage local, qui sera ensuite combiné en une histoire globale et cohérente », a-t-il confié au média guinéen.
Journalistes exilés : David Dembélé partage son expérience
Président du Conseil d’administration de la Cenozo, David Dembélé a, au cours d’un panel sur les stratégies pour les journalistes exilés dans les territoires censurés, partagé son expérience avec les participants. « …J’ai été contraint à l’exil depuis plus d’une année à cause de mon travail…Il s’agissait de replonger dans ma façon de faire parce que l’une des raisons pour lesquelles je suis parti, c’était de pouvoir continuer à couvrir ces questions sensibles…comment faire à partir de l’extérieur, c’est du fil à retordre parce qu’il va falloir utiliser de nouvelles stratégies, être patient et aussi dealer avec les sources qui sont sur le terrain. Il s’agit clairement pour un journaliste en exil de parler de comment il arrive à retravailler sur les questions de son pays » a précisé David Dembélé. Des réalités liées au défaut d’indépendance de la justice, aux menaces sur la liberté de la presse et d’expression, il a fait part du background dans les pays sous gouvernance militaire en Afrique de l’Ouest. Face à une telle situation, le datajournalisme se positionne comme une meilleure alternative avec le recours aux sources ouvertes (open sources), a-t-il reconnu tout en insistant également sur le fact-checking. « Il y a un autre point qui traite de la sécurité physique…Même pour le journaliste qui est en exil, il se doit de faire très attention parce qu’on peut vous traquer…il faut adopter des approches de sécurité physique notamment comment se déplacer, comment vérifier que l’on n’est pas surveillé…Les déplacements doivent être limités même quand on est en exil…La sécurité physique est une norme absolue ainsi que la sécurité digitale. Il faut penser à la sécurité de ceux qui vous donnent les informations. Il faut utiliser des canaux plus ou moins sécurisés qui sortent un peu des approches classiques que nous utilison » a clarifié David Dembélé, journaliste malien en exil et Président du Conseil d’administration de la Cenozo. Les participants au panel ont été donc édifiés sur les approches pour couvrir les questions sensibles depuis l’exil.
Plus de 1500 journalistes d’investigation mobilisés en Malaisie
La Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation (GIJC 2025) a mobilisé plus de 1500 journalistes d’investigation venus de 135 pays en Malaisie précisément à Kuala Lumpur. Outre l’appel de Global Investigate Journalism Network (GIJN), initiateur de la Conférence depuis 2001, et du Comité pour la protection des journalistes, à libérer immédiatement les journalistes emprisonnés ou détenus arbitrairement et à mettre fin à l’impunité pour les attaques contre la presse, plusieurs sessions ont permis aux journalistes de s’approprier les techniques récentes d’investigation et de débattre des enjeux et défis actuels du journalisme d’investigation dans le monde. La Conférence offre également une opportunité inédite de réseautage et de collaboration transfrontalière. Les rideaux sont tombés sur l’édition 2025 qui se veut une réussite. Les regards sont désormais tournés vers les Pays-Bas pour l’édition 2027.
Aziz BADAROU
