L’Azalaï Hôtel de Cotonou a accueilli, le vendredi 28 novembre 2025, un atelier pour le lancement officiel de la Coalition Bancaire Nationale contre la Mortalité Maternelle au Bénin. Cette initiative, portée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa), a pour but de rassembler des ressources et d’établir des mécanismes innovants afin de lutter contre cette crise sanitaire persistante.
Chaque année, environ 2 000 femmes perdent la vie au Bénin lors de l’accouchement, maintenant ainsi un taux de mortalité maternelle élevé de 397 pour 100 000 naissances vivantes. Pour inverser cette tendance, une alliance tripartite entre l’Unfpa, le gouvernement et le secteur financier a été conçue. Appelée Coalition Bancaire Nationale contre la Mortalité Maternelle au Bénin, son objectif principal est d’atteindre zéro décès maternel évitable d’ici 2030, conformément aux Objectifs de Développement Durable (Odd). Lors de l’atelier de lancement de cette initiative, l’accent a été mis sur le rôle essentiel du secteur financier dans le développement humain. Le Docteur Richmond Tiemoko, Représentant Résident de l’Unfpa, a exprimé cette nouvelle vision en affirmant que l’argent, traditionnellement considéré comme le « nerf de la guerre », doit devenir le « nerf de la santé » au Bénin. Il a souligné l’urgence de former une « coalition » pour « réduire la mortalité maternelle évitable à zéro » et a exhorté les banques à faire preuve d’un fort « engagement personnel » et de « responsabilité sociale ». Cette initiative vise à établir une approche multisectorielle et à « co-créer des initiatives innovantes » pour soutenir le programme de santé communautaire du gouvernement. Adam Affo-Dendé, Directeur Général du secteur financier, a fortement soutenu cette vision, mettant en avant le potentiel des banques pour catalyser des financements innovants. Il a encouragé le développement de « produits financiers socialement responsables », tels que l’épargne santé, les solutions de micro-assistance et les mécanismes hybrides. Il a également souligné l’importance d’intégrer la micro-finance dans cette coalition, la considérant essentielle pour atteindre les femmes dans les zones rurales, où les taux de mortalité maternelle sont souvent les plus élevés. « Ne vous limitez pas aux banques. Les micro-finances sont beaucoup plus proches du terrain », a-t-il ajouté. Le gouvernement béninois a réaffirmé son engagement malgré les contraintes budgétaires. Imorou Ali Bachabi, Représentant du Ministre de la Santé, a rappelé les efforts considérables du gouvernement, notant que le budget national de la santé a été triplé au cours des dix dernières années. Cependant, il a souligné un défi majeur : la baisse de 70 % de l’aide publique au développement dans des secteurs sensibles entre 2020 et 2025. « La santé ne doit pas être un privilège, mais un droit. La coalition est un pilier de la stratégie nationale visant à renforcer la bonne gouvernance et à intensifier la mobilisation de financements innovants », a-t-il déclaré. Il a également mentionné des progrès concrets, tels que le doublement du taux de couverture en personnel de santé qualifié et l’amélioration de l’accès aux avortements sécurisés dans les établissements publics, une action qui permet d’éviter « 20 % des causes évitables de la mortalité maternelle ». L’atelier a permis d’explorer plusieurs pistes d’action pour la coalition, qui doivent être intégrées à la stratégie de RSE des banques. Ces pistes incluent le financement d’infrastructures et d’équipements essentiels pour les maternités, la création de mécanismes de transfert et de paiement mobile pour assurer la fluidité des fonds, ainsi que l’instauration de programmes de transfert conditionnels pour inciter les femmes à utiliser les services prénataux et à accoucher dans des établissements médicaux.
