Lors d’une récente rencontre publique, Jean-Baptiste Elias, figure de proue de la société civile béninoise, a livré un discours appuyé visant à éclairer plusieurs enjeux majeurs de la vie politique nationale. De la création d’un Sénat à la question du parrainage pour la présidentielle, il a plaidé pour un meilleur respect des lois et une plus grande transparence électorale.
Abordant l’instauration d’un Sénat au Bénin, Jean-Baptiste Elias a expliqué que la dénomination choisie ne correspond pas à la définition généralement admise au niveau international. Il affirme avoir passé en revue 188 pays, parmi lesquels 107 ne disposent pas d’un Sénat, citant le Cap-Vert, l’île Maurice, le Botswana, le Maroc ou encore la Tunisie.
Selon lui, si le Bénin souhaite créer une institution nouvelle, il serait préférable de lui attribuer une appellation propre, cohérente avec ses fonctions réelles, plutôt que d’adopter un terme associé à des modèles étrangers.
« Donnons-lui le nom que nous pouvons donner pour qu’on puisse nous comprendre », a-t-il insisté.
Parrainage présidentiel : une mécanique jugée restrictive
Le volet le plus sensible de son intervention a porté sur le mécanisme du parrainage exigé pour se présenter à l’élection présidentielle. Jean-Baptiste Elias a rappelé que le Bénin a longtemps été, selon lui, le seul pays au monde à imposer un seuil de 15 % de parrainages, un niveau qu’il considère comme excessif et exclusif.
En se basant sur les 186 parrains disponibles, il a expliqué que 15 % correspondent à environ 28 parrainages par candidat, ce qui limite mécaniquement le nombre de candidats à six au maximum. Il souligne pourtant que le pays compte entre 13 et 15 partis politiques légalement reconnus, tous tenus par la loi de participer aux scrutins sous peine de dissolution.
Pour lui, ce dispositif, présenté comme sélectif, constitue en réalité une barrière à la participation politique.
« Quand on dit que c’est exclusif, ce n’est pas méchant. C’est pour permettre aux autorités de prendre conscience», a-t-il déclaré.
Transparence électorale : un impératif avant 2026
Jean-Baptiste Elias a également appelé les citoyens comme les institutions à un strict respect des lois en vigueur. Il a rappelé que la société civile demeurait légaliste et se conformait aux décisions de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême.
À l’approche des élections de 2026, il a insisté sur la nécessité de renforcer la transparence du processus électoral. Selon les prévisions, 17 084 postes de vote seront ouverts à travers le pays. Elias recommande que les résultats soient proclamés bureau par bureau, plutôt que présentés sous forme de totaux globaux, afin de garantir une meilleure traçabilité et d’accroître la confiance du public dans le scrutin.
Thomas AZANMASSO



