Au cœur des montagnes verdoyantes de l’Atacora, au nord-ouest du Bénin, se dressent les Tata Somba, d’impressionnantes habitations traditionnelles façonnées en terre et pierre qui semblent sorties d’un conte ancestral. Ces constructions uniques, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, incarnent l’ingéniosité et la résilience du peuple Batammariba, littéralement “ceux qui construisent la terre”.
Les Tata Somba ne sont pas de simples maisons : ce sont de véritables forteresses familiales. Construites en banco (terre crue), avec des murs épais et des toits plats, elles s’élèvent sur plusieurs étages et comportent des cours intérieures, des greniers et des espaces pour animaux. Leur fonction est multiple : protéger la famille des attaques extérieures, résister aux intempéries, et stocker nourriture et biens.
Chaque Tata est le fruit d’un savoir-faire transmis de génération en génération. La forme de la maison, avec ses tours et ses créneaux, est pensée pour repousser les ennemis et préserver l’intimité des habitants. L’accès aux étages supérieurs se fait par des échelles amovibles, un moyen de sécurité supplémentaire.
Une culture profondément liée à la terre
Le peuple Batammariba, fier de son identité, vit selon un modèle social communautaire ancré dans des croyances animistes. La terre est sacrée, considérée comme la mère nourricière et protectrice. Les Tata symbolisent ce lien sacré entre l’homme et son environnement, intégrant des espaces pour les cultes des ancêtres et des esprits.
Le village est organisé autour de ces habitations, avec des zones agricoles environnantes où les habitants cultivent mil, sorgho, et autres céréales. Les cérémonies traditionnelles rythment la vie, et l’on peut assister à des danses et chants qui perpétuent la mémoire et les valeurs ancestrales.
Un tourisme culturel responsable
La région de Natitingou, porte d’entrée vers le pays Somba, accueille de plus en plus de visiteurs curieux. Plusieurs villages ont ouvert leurs portes pour des visites guidées permettant de découvrir l’architecture, la vie quotidienne, et les légendes locales. Des artisans vendent aussi des poteries, tissus et objets traditionnels.
Cependant, la préservation de ces habitats et la valorisation de cette culture nécessitent un équilibre délicat. Le tourisme de masse est à éviter pour ne pas dénaturer ces patrimoines fragiles. Des projets de développement durable et de participation communautaire sont en cours, avec l’appui d’organisations internationales.
Thomas AZANMASSO

