Elle s’appelle Leyla Claire Rabih, la directrice de L’École de théâtre en France dénommée »Ensatt » entendez l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques de théâtre. C’est une école qui forme à tous les métiers du théâtre à savoir des comédiens, des metteurs en scène, des scénographes, des costumiers pour ne citer que ces métiers. Approchée dans la matinée du vendredi 7 novembre 2025 à l’Eitb, elle dévoile la raison de sa présence au Bénin.
Matin Libre: Vous êtes actuellement au Bénin plus précisément à l’Ecole internationale de théâtre du Bénin. Quel est le mobile de votre présence ?
Leyla Claire Rabih : Alors nous avons avec l’Eitb un partenariat qui est très ancien avec des projets en commun. Et cette fois-ci, on a un projet qui est en deux temps. Je suis ici pour un séjour de qui va durer trois semaines avec quatre étudiants de l’Ensatt et des étudiants et étudiantes de l’Eitb. Nous travaillons sur un texte d’un auteur togolais qui s’appelle Gustave Akakpo. Le texte s’intitule »A petite pierre ». L’idée est qu’à la fin des travaux ici au Bénin que les étudiants de l’Eitb viennent faire trois semaines à l’Ensatt en France au mois de juin, afin qu’ils repartent clairement avec un spectacle qu’ils pourront jouer ici au Bénin. Donc, je suis là pour l’élaboration d’un produits théâtral en deux temps. Et tout ça est rendu possible parce que nous avons reçu le soutien de l’Union Européenne via le programme Erasmus + qui finance la mobilité étudiante entre nos deux pays.
Et donc la finalité de cette rencontre, c’est de faire des interactions professionnelles?
Il y a plusieurs finalités. Il y a une finalité objective, celle de créer un spectacle et après la finalité réelle est que les gens se rencontrent. Que les étudiants de la France et du Bénin en viennent à faire un brassage, une sensibilisation à d’autres réalités, à d’autres manières de penser afin de trouver des façons de collaborer ensemble.
Et depuis que le travail à commencer entre vous, est-ce que vous avez le sentiment que les étudiants assimilent vite les notes et que vous avez de la facilité dans ce que vous faites ?
Il y a une chose qui est sûre, nous sommes très bien accueillis, c’est un point essentiel. Je suis venue pour découvrir le Bénin que je ne connais pas du tout. Mais j’ai constaté qu’il y a une très grande dynamique de développement en ce qui concerne les industries culturelles et créatives. Et dans cette dynamique, c’est tout à fait possible de faire en sorte de trouver de la place pour qu’un tel projet existe. Oui il y a de la facilité à plusieurs égards. Hier, par exemple nous étions à l’Institut de la femme où on était très bien accueilli. Et je trouve qu’il est très important que les jeunes générations travaillent ensemble et comprennent à quel moment leur situation diffère et à quel moment elles présentent des similitudes. Puisque le texte de Gustave Akakpo sur lequel nous travaillons focalise l’attention sur le conflit entre la tradition et les questions de l’émancipation. La question du mariage arrangé entre un jeune Binguiste qui vient entreprendre une jeune femme du village sans se rendre compte des conséquences que cela pourrait entraîner. Et d’après ce que j’ai appris du Bénin sur cette question, que ce soit auprès de l’Institut national de la femme ou auprès des étudiants de l’Eitb, cette question d’égalité de place entre homme et femme n’est pas propre à une culture. Elle traverse toutes les cultures, tous les pays ainsi que tous les contextes socio-culturels. Et il me semble important que ces jeunes générations se confrontent à ces questions citoyennes dans l’exercice de leur art ou à travers leur médium de travail.
Parlant de contexte socio-culturel, vu que vous, vous n’êtes pas de cette culture et que cette tradition n’est pas transversale à tous les pays, est-ce que vous avez l’assurance que votre adaptation de ce texte pourra convaincre ceux qui sont sur le territoire ?
Alors c’est exactement cela qu’on essaye de questionner en ce moment. Le texte de Gustave est non seulement écrit avec beaucoup d’intelligence mais avec beaucoup de particularités aussi, de sorte qu’il ne se situe pas que dans un seul contexte. On ne parle pas que de l’anthropologie. C’est aussi de la fiction dans une village africain. Et donc que ce soit au Bénin, au Mali, ou au Sénégal ou au Cameroun, je ne sais pas trop, ce texte a toujours son pesant d’or. Mais c’est pour bien creuser la question que nous avons voulu prendre notre temps pour bien fouiller. Nous sommes allés vers les ONG, vers l’Inf, avec des camarades béninois afin de savoir à quel endroit on peut raconter cette histoire sans qu’elle ne montre du doigt.
Alors lorsque les travaux seront parachevés chez vous en France est-ce que les étudiants de la France vont suivre ceux d’ici pour venir jouer avec eux sur le territoire?
Non, parce que souvent quand on mélange les étudiants de la France et du Bénin sur des projets comme celui-ci par exemple, le projet s’arrête tout de suite. Puisqu’ après, il est très difficile de réunir ces équipes à nouveau. Et là je vous disais qu’on a bénéficié d’un programme, ce qui ne sera pas forcément le cas quand les étudiants sortiront de l’école. C’est pour ça qu’on a constitué les équipes de sorte que les étudiants de la France travaillent sur le son, la lumière et les costumes pour finir leur travail sur le projet mais que les étudiants béninois jouent. Une manière de laisser la chance de perpétuation au projet.
Quelle serait la suite à donner à ce projet ?
Nous avons prévu une formation en critique. Et puis il y aura une étudiante de l’Eitb qui viendra à Ensatt pour six mois pour un séjour d’étude plus prolongé. Et on espère pouvoir continuer cette collaboration dans les années à venir.
Réalisé par Teddy GANDIGBE
