Sans candidat à la Présidentielle, sans candidats aux communales et avec le doute qui plane sur les Législatives, le principal parti d’opposition au régime Talon joue son existence sur la scène politique béninoise à partir de 2026. A y voir de près, l’idée de trêve politique introduite dans la nouvelle proposition de révision de la Constitution et défendue par le chef de l’Etat pourrait bien se réaliser à parti de 2026, la Constitution révisée ou non.
Le parti Les Démocrates n’est pas le seul parti d’opposition au Bénin. Mais c’est le seul qui, jusque-là, arrive à véritablement s’ériger en rempart contre certains abus, même si des fois, il n’a pas suffisamment de voix pour bloquer les lois liberticides. Des autres partis d’opposition, il y en a de modérée mais aussi de radicale sans aucun moyen d’agir. Dès lors, il n’y a de vraie opposition qu’une opposition en mesure de faire entendre sa voix, en bloquant ou en votant contre certaines lois de la majorité au pouvoir qu’elle juge non indispensable pour l’intérêt du plus grand nombre. Et c’est en cela que le parti Les Démocrates gêne, au point où le pouvoir envisage de restreindre par la loi son champs d’action. On en veut pour preuve que la dernière sortie de Patrice Talon, sortie au cours de laquelle, il a regretté que le parti d’opposition Les Démocrates ait voté contre le budget de l’Etat, gestion 2025, malgré le fait que toutes les propositions et recommandations du parti aient été prises en compte. Le chef de l’Etat aurait donc aimé que, même si c’est pour une fois, tous à l’unisson, mouvance et opposition, applaudissent le projet de budget 2025. C’est un secret de Polichinelle que le pouvoir de la Rupture ne veut plus d’une opposition radicale. Pour Patrice Talon, c’est un luxe que peuvent s’offrir seulement les pays déjà développés. Ici, il y a tout à construire, et tous les fils du Bénin devraient accompagner le gouvernement dans sa politique de développement. Mais Boni Yayi, le président du principal parti d’opposition ne conçoit pas la chose de cette manière. Il y a donc problème.
Et c’est ce que veut régler la proposition de révision de la Constitution, déposée par les présidents des groupes parlementaires des partis au pouvoir, Aké Natondé et Assan Séibou, proposition qui sera en étude en plénière, vendredi 14 novembre 2025. Mais si ce n’est pas qu’elle propose aussi un Sénat, composé de membres non élus mais aux supers pouvoirs, on n’aurait peut-être pas besoin d’aller à la révision de la Constitution avant d’avoir la trêve politique tant souhaitée. Avec les difficultés actuelles du parti Les Démocrates, cette trêve se met déjà en place d’elle-même. Absent de la Présidentielle, des Communales et peut-être bientôt des Législatives, à en croire les propos de la députée LD démissionnaire, Chantal Adjovi, le parti Les Démocrates aura encore quelle marge de manœuvre en 2026 ? Sans élus communaux et parlementaires, le parti de Boni Yayi va rejoindre le rang d’un autre parti d’opposition radicale dont les sorties de son leader sont considérées comme une voix qui crie dans le désert. Beaucoup, ceux qui ne peuvent faire la politique sans compter sur un salaire politique, vont déserter le parti et il restera quelques radicaux qui crieront dans le désert. Et ça, c’est dans le meilleur des cas, quand la Constitution ne serait pas révisée. Sinon, ils ne pourront même pas le faire. Avec un LD aussi affaibli, ce n’est pas la trêve politique qui est là ?
M.M
