Souvent ignorée, la vie du sol recèle pourtant des trésors indispensables à la survie de nos écosystèmes. Bactéries, champignons, collemboles ou nématodes… ce monde invisible œuvre chaque jour à la fertilité des terres et à la régénération naturelle des forêts. C’est pour redonner toute son importance à cette biodiversité méconnue que l’Université Agricole K-D.K de Parakou et l’ONG Avenir-Alafia organisent un atelier de formation inédit, prévu pour le 15 novembre 2025.

Dans cet entretien, Dr. Kassim Tchan Issifou, président de l’ONG Avenir-Alafia et enseignant-chercheur à l’Université Agricole K-D.K, explique les enjeux de cette rencontre et l’urgence d’intégrer la vie souterraine dans les politiques nationales de reboisement et de conservation.

Matin Libre : L’Université Agricole K-D.K de Parakou et l’ONG Avenir-Alafia organisent un atelier sur la biodiversité souterraine. Pouvez-vous nous en dire un mot ? De quoi s’agit-il concrètement ?

Dr. Kassim TCHAN ISSIFOU : Merci pour l’invitation. Cet atelier est une initiative conjointe de l’Université Agricole K-D.K de Parakou et de l’ONG Avenir-Alafia. Il vise à sensibiliser et former le grand public, les chercheurs et les acteurs de terrain sur l’importance de la biodiversité souterraine c’est-à-dire toute la vie invisible du sol : champignons, bactéries, nematodes, collemboles et autres — qui joue un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes forestiers. En somme, il s’agit de mettre en lumière cette dimension souvent oubliée, mais pourtant déterminante pour la durabilité de nos écosystèmes.

Pourquoi avoir choisi de parler de biodiversité souterraine ? En quoi ce thème est-il important aujourd’hui pour nos programmes de reboisement et de conservation ?

Nous avons choisi ce thème parce qu’il aborde une dimension fondamentale mais méconnue de la nature, du grand public et surtout des décideurs politiques. Pourtant, la biodiversité souterraine joue un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes, la régénération naturelle, la fertilité des sols et la réussite des programmes de reboisement. L’absence de cette dimension dans les politiques et stratégies de gestion environnementale limite considérablement l’efficacité des actions de restauration et de conservation actuellement mises en œuvre. A titre d’exemple beaucoup de programmes de reboisement échouent parce qu’ils ne tiennent pas compte de ces animaux du sol. Or, sans une vie souterraine active les arbres ne peuvent ni bien pousser, ni résister aux stress climatiques. Intégrer la biodiversité souterraine dans les politiques de reboisement et de conservation, c’est donc garantir des actions de restauration plus durables et plus efficaces.

Quels sont les principaux objectifs de cet atelier et quels résultats attendez-vous à l’issue de la rencontre?

L’atelier poursuit trois grands objectifs :

  • D’abord, éveiller la conscience du grand public sur le rôle central de la biodiversité du sol dans le maintien des écosystèmes ;
  • Promouvoir l’intégration des composantes souterraines dans les stratégies nationales de reboisement et de conservation.
  • Favoriser le dialogue entre chercheurs, décideurs, gestionnaires forestiers et communautés locales pour une meilleure prise en compte de la biodiversité souterraine.
  • Identifier les menaces majeures et proposer des orientations pour la gestion durable de la biodiversité du sol.

À l’issue de la rencontre, nous espérons une meilleure compréhension du sujet, la création d’un réseau national d’acteurs engagés et des pistes concrètes pour orienter les politiques publiques.

Cet atelier résulte d’un partenariat entre l’Université Agricole K-D.K et l’Ong Avenir-Alafia. Qui sont les participants attendus et quelles catégories d’acteurs sont concernées ?

Oui, cet atelier illustre parfaitement la complémentarité entre le monde universitaire et la société civile. L’Université Agricole K-D.K apporte son expertise scientifique, tandis que l’ONG Avenir-Alafia met à profit son expérience en sensibilisation et en gestion durable des ressources naturelles. Nous attendons la participation d’enseignants-chercheurs, d’étudiants, doctorants, les élus locaux, les institutions de recherches, les partenaires techniques et financiers, les communautés locales, les ONG environnementales, les représentants des ATDA et les agents de l’administration forestière.

Quand et où se déroulera l’atelier, et comment peut-on y participer ?

L’atelier se tiendra le Samédi 15 Novembre 2025 à Parakou, dans les locaux de l’Université Agricole K-D.K  (Rue supermarché Franchise, non loin du Marché Dépôt Parakou). Il s’agit d’une rencontre ouverte à toutes les personnes intéressées par la conservation de la biodiversité et la restauration écologique.

Un dernier mot pour inviter les chercheurs, étudiants et acteurs de l’environnement à ce rendez-vous scientifique?

Je voudrais inviter tous les passionnés de la nature, les chercheurs, les étudiants, les institutions de recherche, les partenaires techniques et financiers ainsi que les décideurs à se joindre à nous pour ce moment d’échange et d’apprentissage. La biodiversité souterraine est le moteur invisible de la vie sur Terre. La comprendre, c’est mieux protéger nos forêts et assurer l’avenir de notre planète. Ensemble, faisons de cet atelier un pas concret vers une gestion plus durable et plus éclairée de nos écosystèmes.

Propos recueillis par Romuald

Affédjou (Coll.)

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