Le 7 novembre 2005, à la salle VIP du Ministère de la Culture alors dirigé par Antoine Dayori, un événement littéraire marquait l’histoire : le lancement de » Symboles et cymbales « , un poème-ruban.
Vingt ans plus tard, cette œuvre singulière continue de résonner comme un jalon dans la mémoire culturelle. L’ouvrage, signé du Dr Louis-Mesmin Glèlè Kakaï, fut dévoilé à l’occasion de la Journée de l’écrivain africain, célébrée chaque 7 novembre. Ce choix de date n’était pas anodin : il inscrivait le poème dans une dynamique continentale de reconnaissance des voix littéraires africaines. L’État béninois, conscient de la portée symbolique de l’œuvre, en assura l’édition officielle. Mieux encore, » Symboles et cymbales » fut couronné prix unique du FESNAC (Festival national des arts et de la culture), consacrant son statut d’œuvre pionnière.
Mais qu’est-ce qu’un poème-ruban ?
Il s’agit d’une forme poétique continue, sans strophes ni ponctuation conventionnelle, qui déroule sa pensée comme un ruban de soie, fluide et ininterrompu. Ce style, à la fois exigeant et libérateur, permet une immersion totale dans le rythme et les images du texte. Dans » Symboles et cymbales « , LMG déploie une langue dense, musicale, traversée de symboles culturels et de résonances spirituelles. Le titre lui-même évoque une tension féconde : les symboles, porteurs de sens et d’identité, dialoguent avec les cymbales, instruments de bruit et de célébration. Ce contraste suggère une poésie à la fois introspective et festive, enracinée dans les réalités béninoises tout en s’ouvrant à l’universel.
Dr Louis-Mesmin Glèlè, universitaire et homme de lettres, n’en était pas à son premier coup d’éclat. Mais avec ce poème-ruban, il inaugurait une esthétique nouvelle, une manière de dire le monde autrement. Son œuvre a depuis inspiré une génération de poètes et d’artistes en quête de formes libres et de paroles enracinées.
Vingt ans après, » Symboles et cymbales » reste une référence. Il témoigne de la capacité du Bénin à innover dans le champ littéraire, à créer des formes propres, à célébrer ses créateurs. Son anniversaire est l’occasion de relire, de transmettre, et surtout de continuer à écrire — en ruban ou autrement — pour que la parole béninoise ne cesse de vibrer.
Yves-Patrick LOKO






