L’indiscipline sur les routes béninoises a atteint un seuil critique. Malgré les multiples campagnes de sensibilisation, la Police Républicaine a dressé un bilan pour les mois de septembre et octobre 2025 qui met en lumière la gravité des comportements à risque des conducteurs.
Avec plus de 5 700 infractions graves relevées en seulement deux mois, les chiffres communiqués ce vendredi 31 octobre sonnent comme un véritable signal d’alarme pour la sécurité routière nationale. Les données fournies, en effet, par le porte-parole de la Police Républicaine, le commissaire major Éric Orou Yerima, mettent en évidence une crise profonde du civisme routier. La violation des règles de vitesse est particulièrement flagrante en agglomération : au total, 3 713 cas d’excès de vitesse ont été enregistrés chez les véhicules légers, auxquels s’ajoutent 88 cas impliquant des poids lourds. Ce total de 3 801 excès de vitesse en soixante jours est une preuve que la vitesse excessive, facteur numéro un des accidents graves, est un risque banalisé sur les routes béninoises.
L’atteinte à l’autorité des forces de l’ordre est également un sujet de grande préoccupation. La Police a, en effet, recensé 1 133 refus d’obtempérer à ses injonctions. Un tel chiffre témoigne non seulement d’une violation grave du Code de la route, mais aussi d’un manque de respect de l’autorité qui complique le travail de sécurisation. Les statistiques soulignent un autre comportement à haut risque : le non-respect des règles de priorité. Le nombre d’infractions pour non-respect des feux tricolores s’élève à 779 cas. Cette faute simple est pourtant l’une des principales causes d’accidents aux carrefours. L’inattention, souvent provoquée par les nouvelles technologies, contribue également à l’insécurité. 201 cas d’usage du téléphone au volant ou au guidon ont été verbalisés, confirmant l’impact des distractions sur la conduite.
Enfin, une négligence persistante en matière de documents et d’état des véhicules est à déplorer : 235 défauts de visite technique ont été constatés, augmentant le risque de défaillance mécanique. 97 défauts d’assurance ont été relevés, laissant les victimes d’accidents potentielles sans garantie d’indemnisation.
Un constat d’échec
Pour le commissaire major Éric Orou Yerima, il n’y a pas de doute : ces chiffres, qui totalisent plus de 5 700 infractions majeures, mettent en évidence la « persistance de comportements à risque » malgré les investissements dans la prévention. Ce bilan est un constat d’échec pour la seule stratégie de sensibilisation. Il appelle à une intensification de la répression ciblée sur les infractions les plus dangereuses et, surtout, à un changement profond dans les mentalités. La sécurité routière au Bénin ne s’améliorera que lorsque chaque conducteur fera preuve d’une responsabilité individuelle et d’un civisme accru face à la fatalité de la vitesse et de l’indiscipline.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE
