Le contraste est frappant entre la rapidité et la rigueur avec lesquelles certaines lois sont mises en œuvre, et l’inertie observée dans le domaine du logement. La persistance de cette arnaque des « Trois prépayés » met en évidence une réalité amère : l’application des lois semble souvent dépendre de leur nature et de l’intérêt politique immédiat qu’elles représentent.
En réalité, ce contournement généralisé de la Loi n° 2022-30 fixant le régime juridique du bail à usage d’habitation en République du Bénin est plus qu’une simple infraction. Il est le symptôme d’un « deux poids deux mesures » dans l’application des textes législatifs au Bénin.
Les lois touchant aux enjeux politiques, aux réformes institutionnelles ou à la sécurité nationale bénéficient généralement d’une mise en œuvre rapide et ferme, car l’appareil d’État mobilise immédiatement ses moyens de contrôle et de coercition. En revanche, la loi sur le loyer, bien qu’ayant un impact direct sur le quotidien de milliers de citoyens, est reléguée au second plan. Ceci crée l’impression que la protection du citoyen dans sa vie quotidienne n’est pas une priorité exécutoire, permettant à la loi du marché et à la spéculation de dominer le cadre légal.
Mettre fin à l’arnaque des « trois prépayés » ne relève plus du seul domaine du droit, mais de la crédibilité de l’engagement social du gouvernement. Faire respecter la loi sur le loyer, c’est donner un sens concret et palpable au « hautement social » du gouvernement. C’est démontrer que l’État protège les plus vulnérables contre l’abus économique et que la justice sociale ne se limite pas à des déclarations d’intention.
Tant que les lois sociales seront moins prioritaires dans leur application que les lois politiques ou fiscales, l’inégalité et l’abus persisteront. L’heure est venue de prouver, par l’action, que la protection du citoyen est bien au cœur de l’agenda national.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE