La récente rencontre entre l’ancien président Boni Yayi et le chef de l’État Patrice Talon au Palais de la Marina continue de nourrir toutes les conversations politiques. Dans un contexte marqué par la crispation du climat politique et la désillusion d’une partie de la classe d’opposition, le silence de Boni Yayi après cette entrevue intrigue autant qu’il interroge.
Le risque d’exclusion du principal parti de l’opposition “Les Démocrates” à l’élection présidentielle de 2026 plane toujours et la récente rencontre Boni Yayi-Patrice Talon suscite moult interrogations. Alors que la Cour Constitutionnelle venait de briser les derniers espoirs du parti quant à leur participation au scrutin présidentiel, le Président Boni Yayi, par le truchement d’un communiqué, annonce une rencontre au Palais de la Marina avec le Chef de l’Etat, Patrice Talon. S’il était évident que l’actualité politique devrait meubler les échanges, beaucoup s’interrogeait sur l’opportunité d’une telle entrevue. Pourquoi une telle rencontre maintenant ? Que veut-on proposer à Yayi alors qu’une convocation de la police judiciaire venait de lui être adressée? Autant de questions qui taraudent les esprits des béninois notamment les militants et sympathisants du parti Les Démocrates. Mais depuis le tête-à-tête, les deux hommes semblent avoir opter pour le silence. Une option qui suscite indignation.
Pour nombre de militants et de sympathisants des Démocrates (LD), cette rencontre ne saurait rester sans explication. Depuis plusieurs années, ils se tiennent aux côtés du parti, dans un combat qu’ils jugent légitime pour la restauration du pluralisme et de la démocratie. Aujourd’hui, ils estiment avoir droit à la vérité : pourquoi cette rencontre ? Quels en ont été les enjeux ? Et surtout, que faut-il en attendre ? Mais Yayi, fidèle à sa réputation d’homme prudent, garde le silence. Aucune déclaration officielle, aucun communiqué ne vient éclairer l’opinion. Ce mutisme ouvre la voie à toutes sortes de supputations.
La thèse d’un compromis suscite polémique…
Dans les rangs de l’opposition comme du pouvoir, les rumeurs vont bon train. Certains croient à un compromis politique entre les deux anciens alliés devenus rivaux. Un scénario qui, s’il se confirmait, ne manquerait pas de provoquer une vive polémique. Car Patrice Talon, rappelons-le, s’est toujours montré inflexible face à l’idée d’un quelconque arrangement politique avec ses adversaires.
De leur côté, Yayi et les siens après la dernière décision de la Cour constitutionnelle s’interrogent. Dès lors, une question se pose : sur quelle base juridique les Démocrates peuvent-ils encore espérer revenir dans le jeu politique ? Face à cette impasse, certains évoquent une possible alliance tactique avec les FCBE, autre formation issue de la mouvance yayiiste. Une hypothèse jugée insensée par plusieurs observateurs, au regard des tensions et divergences profondes qui opposent désormais les deux camps.
Ainsi, le mystère reste entier. Boni Yayi, figure emblématique de l’opposition béninoise, se trouve à la croisée des chemins. L’heure de vérité a peut-être sonné : entre le devoir de transparence envers sa base et la nécessité de préserver certaines marges de manœuvre politiques, l’ancien président devra tôt ou tard briser le silence.
En attendant, les Béninois observent, s’interrogent et attendent — non sans inquiétude — les suites de cette rencontre au sommet.
M.M.
