Le principal parti politique de l’opposition “Les Démocrates“ participera-t-il à l’élection présidentielle de 2026 ? Bien malin qui pourra répondre alors que le délai du dépôt des dossiers de candidatures est échu et la Commission électorale nationale autonome (Cena) pourrait rendre publique, la liste définitive des duos de candidats à ce rendez-vous électoral. De l’invalidation de la fiche de parrainage du député Michel Sodjinou à la saisine de la Cour Constitutionnelle, retour sur le début des suspicions d’exclusion…

Au petit matin du samedi, 02 mars 2024, les 28 députés de l’opposition ainsi que 07 députés de la mouvance faisaient échec à un nouveau projet de révision constitutionnelle. La proposition de loi émanant du député de la majorité présidentielle, Assan Seibou, a été rejetée par un vote de 71 voix pour, 35 contre et 02 abstentions. Le seuil des 82 voix requis soit les ¾ des 109 élus n’étant pas atteint, la loi fondamentale ne sera donc pas retouchée. Si les députés du parti Les Démocrates s’en réjouissaient, ils n’ont visiblement pas vu venir ce qu’ils qualifieraient plus tard de piège ou encore de manœuvres d’exclusion.

En effet, deux ou trois jours seulement après l’échec du projet de révision de la Constitution, les députés ont été conviés aux travaux de relecture du Code électoral dans la nuit du 04 au 05 mars 2024. Ceci, conformément à la décision de la Cour constitutionnelle appelant à mettre en conformité certaines dispositions du Code électoral avec la Constitution. Malgré leurs cris stridents mais à peine audibles car ne disposant pas de la majorité de blocage, les députés de l’opposition assisteront impuissants à l’adoption de la loi 2024-13 portant modification et complément de la loi 2019-43 du Code électoral. Elle fut adoptée par 79 voix pour, 28 contre et 01 abstention. Neuf changements majeurs sont introduits dans la loi électorale en vue des élections générales de 2026 et les conditions de parrainage de candidat à la présidentielle ont été durcies. Désormais, il faudra un quota minimum de 15% de parrainage requis pour se porter candidat à la présidentielle au lieu de 10%, prévu par le Code de 2019.

Dès lors, l’opposition se retrouve dans une situation d’une extrême fragilité, le seuil des 15% correspond à 28 parrains. La moindre défection suffit pour compromettre la participation du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle. Le parti ayant boycotté les communales de 2020, ne dispose d’aucun maire et ne peut compter que sur ses 28 députés soit le maximum de parrainages mobilisables par le parti. « La Plateforme électorale  des Osc craint que la loi électorale qui sera issue du processus actuellement en cours au Parlement, au lieu de régler les problèmes existants, n’envenime la situation et créé davantage de conflits parmi les acteurs politiques et des dégâts pour l’ensemble de la nation » avait alerté Fatoumata Batoko Zossou. Même son de cloche du côté de l’Eglise catholique et d’autres voix qui sont montées au créneau. Mais rien n’y fit.

Yayi : vaine quête de sérénité et de garantie…

Sentant le danger plus proche que jamais, le parti Les Démocrates pensait avoir pris les dispositions nécessaires pour sécuriser ses 28 parrainages. Un bus sera mis à disposition des 28 députés pour les conduire à la Cena dans l’optique de retirer leurs formulaires de parrainage et de les rendre collectivement au Président du parti, Boni Yayi. Ce qui fut fait même si dans la foulée, le député Basile Ahossi a été annoncé démissionnaire sur les réseaux sociaux après que celui-ci ait déclaré publiquement que le candidat de la mouvance était son candidat. Mais très vite, le député donnera l’assurance qu’il restait avec Les démocrates. Mais Boni Yayi était loin de se garantir cette sérénité qui était bien chancelante.

«…Je voudrais partager avec vous, ce risque qui pèse encore sur nos députés… Je vous demande de continuer de prier pour eux pour qu’ils tiennent bon jusqu’au bout c’est-à-dire jusqu’au 14 octobre 2025…L’environnement n’est pas si stable, n’est pas si sécurisé, n’est pas si rassurant » avait lancé Boni Yayi, visiblement convaincu du fait que le coup fatal pouvait être toujours asséné au parti. Et c’est là où les militants s’y attendaient le moins que surgit le plus “démocrate“ des Démocrates : Michel Sodjinou. Alors qu’il avait rassuré que les députés de l’opposition ne sont « marchandables  » et qu’il ne fera jamais obstacle à la participation du parti à la présidentielle de 2026, il finira par réclamer au Président Boni Yayi, par exploit d’huissier, de lui restituer son parrainage avant de la faire invalider par la Cena et de disparaitre. Inédit ! Et depuis, le parti Les Démocrates multiplient les démarches pour valider sa participation à ce grand rendez-vous électoral et à l’heure actuelle, la Cour constitutionnelle semble rester le seul espoir de l’opposition. Rendez-vous ce jeudi, 23 octobre 2025 pour une décision qui fera tache d’huile dans l’histoire politique du Bénin.

A.B

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