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Rentrée scolaire et fièvre des études à domicile et TD: Des apprenants pris dans l’engrenage du stress et de l’excellence (Un marché structuré et indispensable à l’équilibre financier du répétiteur)

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La rentrée scolaire a à peine commencé que le rythme des classes impose déjà une cadence effrénée, bien au-delà des horaires officiels. Au Bénin, les mercredis (après-midi) et samedis traditionnellement dédiés au repos, sont désormais réquisitionnés par la frénésie des « études de maison » et des Travaux dirigés (TD). Ce phénomène, ancré dans une quête de performance académique, a donné naissance à une véritable économie parallèle du soutien scolaire.

Sous la pression de la réussite, élèves et enseignants sacrifient leur repos. Pour de nombreux élèves, en particulier ceux qui peinent à suivre, cette intensification du travail à domicile est, en effet, une source de stress palpable. Ces journées de repos sacrifiées visent à combler des lacunes ou à préparer l’excellence, mais elles laissent peu de place à l’épanouissement ou aux loisirs. « Ce sont les moins intelligents et les capricieux qui le vivent le plus mal », confie un parent d’élève, reconnaissant l’impact psychologique de cette pression constante. Cependant, face à la faiblesse perçue du niveau dans certains établissements ou simplement par ambition, les parents n’hésitent plus à solliciter des professionnels. Mirabelle Houefa, instructrice, est de ceux qui répondent à cet appel. Chaque samedi, elle prend la route pour se rendre chez son apprenante, illustrant l’engagement personnel que requiert cette activité.

Un marché aux tarifs clairs et en constante augmentation

Si la qualité du soutien scolaire est recherchée, son coût constitue un investissement majeur pour les ménages. Le maître Pencrass, sollicité, confirme la variabilité des tarifs selon le niveau scolaire de l’enfant. Il est formel : le prix le plus bas pour un apprenant est de 10 000 FCFA par mois. Ce montant, qui s’ajoute aux frais de scolarité et autres dépenses annexes, pèse parfois sur le budget familial. L’offre, malgré la demande croissante, est en tension. Le maître Pencrass lui-même, très pris, explique qu’il ne peut prendre d’autres engagements cette année scolaire, ayant déjà un carnet d’adresses rempli d’élèves à qui dispenser des études de maison.

La structuration d’un réseau de répétiteurs professionnels

Cette forte demande a engendré une professionnalisation et une organisation inattendues du secteur. Des enseignants réputés sont particulièrement recherchés. Sylvestre A., connu pour ses compétences en physique et mathématiques, est un exemple de cette forte sollicitation. Il affirme être si débordé qu’il en vient à proposer des collègues à ses clients. Plus notable encore est l’émergence de véritables réseaux de répétiteurs. Des maîtres, professeurs et instituteurs s’y regroupent sous la houlette d’un responsable. Le rôle de ce dernier est de capter les offres de cours et de les redistribuer aux membres, en prélevant un pourcentage sur la rémunération que gagnera le répétiteur. Cette organisation est doublement bénéfique. Pour le client, elle garantit souvent de trouver un professionnel, même face à la pénurie. Pour l’enseignant, elle assure un flux de revenus constant.

Le soutien scolaire : un complément salarial vital

Au-delà de l’aide pédagogique, le soutien scolaire est devenu un pilier économique pour de nombreux professionnels de l’éducation. Les sommes perçues grâce à ces cours de maison et TD sont essentielles. Elles représentent un complément de revenu significatif qui leur permet de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles en dehors du salaire de base. Pour ces enseignants, qu’ils soient instituteurs ou professeurs, ces revenus additionnels sont une bouffée d’oxygène. En définitive, le phénomène des études de maison au Bénin est le miroir d’un système éducatif sous pression. Il révèle la détermination des parents à assurer la réussite de leurs enfants, le sacrifice du temps de repos des élèves, mais aussi la capacité d’initiative et d’organisation des enseignants qui ont transformé une nécessité en un marché structuré et indispensable à leur propre équilibre financier. Le soutien scolaire à domicile, bien qu’éprouvant pour les élèves et coûteux pour les parents, est ainsi devenu une composante essentielle de l’éducation béninoise.

Fifonsi Cyrience KOUGNANDE

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