La récente décision du gouvernement béninois de sévir contre les vitres de voiture teintées relance le débat sur la sécurité routière. Si ces dispositifs compliquent les contrôles et réduisent parfois la visibilité, qu’en est-il alors des casques de moto à visière teintée qui posent les mêmes problèmes ? Ne faut-il pas envisager une interdiction généralisée pour protéger l’intérêt collectif ?
La nouvelle est tombée, claire et sans équivoque : à partir du 1er octobre, la répression contre les véhicules aux vitres teintées sera effective sur tout le territoire béninois. Cette récente décision du gouvernement béninois de sévir les propriétaires desdites voitures relance le débat sur la sécurité routière. Si ces dispositifs compliquent les contrôles et réduisent parfois la visibilité, qu’en est-il alors des casques de moto ? En effet, cette réflexion pourrait s’élargir aux casques de moto avec visière teintée. Comme pour les vitres, l’argument du confort face à l’éblouissement solaire est avancé. Mais la visière teintée peut s’avérer dangereuse en conduite nocturne ou par faible luminosité, en réduisant le champ de vision du motocycliste. De plus, sur le plan sécuritaire, un casque à visière opaque rend l’identification du conducteur difficile, un problème similaire à celui rencontré avec les vitres teintées des voitures.
La logique voudrait donc que les casques à visière teintée soient également encadrés, voire interdits, pour les mêmes raisons : sécurité routière et nécessité d’identification rapide en cas d’accident ou d’infraction. Si les vitres teintées sont jugées dangereuses pour la sécurité publique, pourquoi ne pas appliquer le même raisonnement aux casques teintés qui posent, eux aussi, un double problème de visibilité et de transparence. L’initiative récente du gouvernement sur les vitres teintées ouvre une piste plus large : celle d’une sécurité routière sans opacité. Vitres ou casques, la question reste la même : jusqu’où doit-on tolérer le confort individuel lorsqu’il menace la sécurité collective ?
Au Bénin, la moto est reine. Elle est le principal moyen de locomotion, et des milliers de Béninois circulent quotidiennement avec des casques, dont bon nombre sont équipés de visières foncées, voire complètement opaques. Ces visières, tout comme les vitres de voitures, masquent le visage du conducteur. Elles rendent l’identification de l’individu quasiment impossible en cas d’accident ou d’infraction. C’est dire que la logique qui a conduit à l’interdiction des vitres teintées pour les voitures devrait s’appliquer avec la même rigueur aux casques. La sécurité n’a pas de demi-mesure. Si l’opacité d’une vitre de voiture représente un risque, celle d’une visière de casque en représente un tout aussi grand, sinon plus.
Imaginez une scène de délit de fuite après un accident. Le conducteur de la moto s’éloigne à vive allure, son visage caché derrière une visière noire. Comment la police pourrait-elle l’identifier ? Les caméras de surveillance, si elles existent, ne seraient d’aucune utilité. Les témoins oculaires ne pourraient décrire qu’une silhouette. Le même argument de prévention contre la criminalité s’applique donc ici. Un visage masqué est une aubaine pour les voleurs à l’arraché et autres agresseurs, qui peuvent opérer en toute impunité, certains de ne pas être reconnus.
Il est impératif que les autorités se penchent sur cette question. La sécurité routière et publique ne peut pas être une politique à la carte. Si la répression des vitres teintées est une étape nécessaire, elle doit s’accompagner d’une réflexion globale sur l’ensemble des éléments qui réduisent la visibilité et l’identification des usagers de la route..En somme, il est temps de poser la question : la visière teintée du casque n’est-elle pas une entorse à la sécurité, exactement comme les vitres teintées des voitures ? Pour une application juste et cohérente de la loi, il est essentiel d’inclure les casques à visières opaques dans le champ d’action des nouvelles mesures de répression. La sécurité est l’affaire de tous, et elle ne doit pas faire de distinction entre les différents types de véhicules.
Pour rappel…
Au Bénin, le débat sur les vitres teintées des véhicules a ressurgi récemment avec une décision ferme du gouvernement. En effet, le ministère de l’Intérieur a rappelé, le 5 septembre 2025, que les vitres fortement teintées ou opaques sont interdites, sauf dérogation spéciale. Cette mesure découle du décret N°2017-546 du 22 novembre 2017, qui encadre déjà la mise en circulation des véhicules équipés de vitres teintées.
Un ultimatum a été donné aux propriétaires de véhicules : se mettre en conformité avant le 1er octobre 2025, sous peine de voir leurs voitures immobilisées ou retirées de la circulation. L’Agence nationale des transports terrestres (Anatt) a précisé que seules les vitres teintées d’origine peuvent faire l’objet d’une autorisation officielle. Les films ajoutés en ville, souvent trop opaques, sont formellement interdits.
Au-delà de l’esthétique ou de la protection contre le soleil, ces vitres posent un réel défi sécuritaire. Elles compliquent les contrôles policiers, rendent difficile l’identification des occupants d’un véhicule et réduisent parfois la visibilité, surtout la nuit. C’est dans ce sens que le gouvernement a décidé de durcir l’application de la loi.
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE