Au Bénin, une crise silencieuse se joue chaque jour. Des milliers de personnes vivent avec des maladies non transmissibles (MNT) telles que l’hypertension, le diabète ou l’insuffisance rénale, ainsi que des troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété. Ces pathologies, souvent invisibles dans les médias et absentes des débats publics, n’en sont pas moins dévastatrices. Elles désorganisent les familles, affaiblissent les communautés et compromettent l’avenir de notre nation.

Le paysage sanitaire béninois est marqué par une montée préoccupante des MNT et des troubles mentaux. Hypertension, diabète, insuffisance rénale, dépression, anxiété… ces pathologies affectent des milliers de personnes chaque jour, souvent dans l’indifférence, mais avec des conséquences profondes. Elles ne bénéficient ni de la visibilité médiatique ni de l’attention politique qu’elles méritent, malgré leur impact croissant sur les familles, les communautés et l’économie nationale.
Ces maladies creusent les inégalités sociales, fragilisent les systèmes de soins et freinent le développement humain. Leur prise en charge reste limitée, coûteuse et inégalement répartie sur le territoire. Le manque de financement dédié, l’insuffisance de personnel qualifié, l’absence de politiques intégrées et le faible accès aux soins spécialisés aggravent la situation.
À l’heure où les dirigeants mondiaux se réunissent pour la 80ᵉ Assemblée générale des Nations Unies et la 4ᵉ Réunion de haut niveau sur les MNT et la santé mentale, nous, citoyens béninois, devons aussi faire entendre notre voix. Car l’urgence est ici, chez nous.

Une crise silencieuse, un défi national

Selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne de moins de 70 ans meurt d’une MNT toutes les deux secondes dans le monde. Au Bénin, les chiffres sont tout aussi alarmants, bien que souvent absents des statistiques officielles et des priorités politiques.
L’accès aux soins reste limité, en particulier pour les populations rurales et précaires. Les médicaments essentiels sont hors de portée pour une grande partie de la population, faute de subventions ou de mécanismes de protection sociale. Les infrastructures de santé mentale, quant à elles, sont quasi inexistantes, laissant les patients sans accompagnement, sans diagnostic, et souvent dans la détresse.
Parmi les cas les plus critiques, les patients souffrant d’insuffisance rénale vivent un véritable calvaire. Les coûts de la dialyse sont exorbitants, les centres spécialisés sont rares, et le personnel qualifié fait cruellement défaut. Beaucoup abandonnent leur traitement, non pas par choix, mais par manque de moyens. Chaque abandon est une vie en sursis, une tragédie évitable.
Et pourtant, ces vies pourraient être sauvées. Des solutions existent. Elles nécessitent une volonté politique forte, un engagement financier soutenu et une mobilisation collective. Il est temps de reconnaître cette crise pour ce qu’elle est : une urgence nationale, sociale et humaine.

Des solutions existent, portées par la société civile

Depuis plusieurs mois, des professionnels de santé, des associations et des citoyens engagés plaident pour un changement radical. Leur vision repose sur des principes simples mais puissants :
•Renforcer les soins de santé primaires, accessibles et adaptés aux réalités locales
•Mettre en place un financement pérenne et solidaire
•Déployer des interventions communautaires fondées sur la proximité et la participation
•Instaurer des mesures sociales comme la gratuité des soins et l’assurance maladie universelle

Des recommandations concrètes pour transformer le système

Il est urgent d’adopter une approche systémique, inclusive et durable. Notre système de santé, bien qu’en constante évolution, reste confronté à des défis majeurs en matière d’accessibilité, de financement et de qualité des soins. Pour y répondre efficacement, des mesures idoines doivent être prises :
•Intégrer les MNT et la santé mentale dans les politiques d’éducation, d’emploi et de protection sociale, afin de favoriser une approche intersectorielle
•Former et déployer des agents de santé communautaires spécialisés et équipés, capables d’intervenir efficacement dans les zones rurales et urbaines
•Renforcer les capacités des centres de santé en équipements, en ressources humaines et en médicaments essentiels
•Créer un fonds national dédié aux MNT et à la santé mentale, incluant la subvention des séances de dialyse pour les patients précaires
•Mettre en place un système national de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact des politiques et ajuster les interventions en intégrant les outils digitaux comme le community health toolkit (CHT).
Une responsabilité collective
Cette tribune est bien plus qu’un constat : c’est un cri du cœur, un appel à l’action. Elle interpelle les décideurs politiques, les bailleurs de fonds, les professionnels de santé, les médias, mais aussi chaque citoyen. Car la santé ne peut plus rester en marge des priorités nationales. Elle ne peut plus être un luxe réservé à quelques-uns.
Il est temps de sortir ces enjeux de l’ombre. Il est temps de briser le silence autour des MNT et de la santé mentale. Il est temps de reconnaître que chaque vie compte, que chaque citoyen mérite des soins dignes, accessibles et humains.
Faire de la santé un bien commun, c’est refuser l’indifférence. C’est investir dans l’avenir, dans la dignité, dans la justice sociale. C’est faire de chaque citoyen une priorité, sans condition, sans exception.

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